COVAD : comment le Maroc peut devenir un leader mondial du recyclage
L’objectif est de faire du Maroc un leader industriel mondial du recyclage et de la valorisation des déchets. Cet engagement se veut un effort national devenu essentiel dans ce contexte de relance post-Covid-19.
La Coalition pour la valorisation des déchets (COVAD) a adressé une contribution à Chakib Benmoussa, président de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD).
Cette contribution, fruit de l’engagement et de l’expertise des membres de la COVAD, des présidents de comités ainsi que des experts scientifiques et partenaires de la coalition, arrête 14 mesures prioritaires pour faire du Maroc un leader industriel mondial du recyclage et de la valorisation des déchets. À travers cette contribution, la COVAD s’est fixé trois objectifs majeurs, le premier étant de faire de l’économie circulaire un projet citoyen, durable et inclusif, créateur de valeur sociétale et environnementale, d’attractivité économique au niveau territorial, national et international. Le deuxième objectif est de créer un écosystème intégré des déchets massif, compétitif et performant à travers la consolidation des filières de gestion et de valorisation des déchets et l’intégration de filières internationales à fort potentiel. Enfin, il s’agit d’arrimer le Maroc au Green Deal européen et de répondre aux nouveaux standards environnementaux internationaux à travers une décarbonation de l’économie marocaine. Cette étude, nous confie la COVAD, a nécessité 4 mois de travail, 19 réunions, ainsi que l’implication de 30 intervenants et experts scientifiques, économiques et sociaux. Par ailleurs, parmi les 14 mesures prioritaires citées dans le Policy Paper adressé au CSMD, la COVAD mentionne la loi 28-00 comme point de départ pour parachever le programme de gestion des déchets, la nécessité de positionner les collectivités territoriales comme fer de lance de l’économie circulaire, de mandater une suprastructure de concertation, de créer ou mandater une structure en charge de la mise en œuvre du programme national des déchets ménagers et de définir les prérogatives et les responsabilités de l’agence dédiée à l’économie verte. La coalition a également évoqué la mise en place d’une bourse de déchets qui permettrait d’organiser l’échange des coproduits, à travers une mise en relation entre les industriels et ceux qui recherchent une matière première secondaire pour leurs procédés ainsi que le renforcement et la consolidation du statut de Responsabilité élargie du producteur (REP).
Encourager la recherche
Toujours dans les mesures prioritaires, la COVAD préconise la création d’une éco-socio-taxe en accord avec la vision sociale et environnementale du Maroc, la création d’un organisme en charge d’accompagner l’écosystème de recherche et d’innovation en matière de recyclage et de valorisation des déchets, la réduction du nombre d’intermédiaires qui causent une déperdition importante de la valeur ajoutée et entraîne une augmentation des coûts d’achat de la matière première, entre autres. «Nous portons à cœur de réunir l’ensemble des critères de succès permettant à un écosystème vert de voir le jour et de créer autant de valeur économique que d’emplois verts et durables tout en garantissant la protection de l’environnement et la réduction des gaz à effet de serre», a déclaré Mohamed Chaibi, président de la COVAD. Et d’ ajouter : «Notre rapport aux déchets est en pleine transformation avec une prise de conscience réelle que cette matière, longtemps considérée comme un rebut, est désormais assimilée à un coproduit à forte valeur ajoutée.» Pour le président de la COVAD, le Maroc doit s’adapter aux exigences et aux tendances socioéconomiques face à une Europe engagée dans une transformation verte, notamment à travers le Green Deal. «Élever l’économie circulaire verte et inclusive au rang des priorités nationales est à la fois un vœu sincère, une utopie mobilisatrice mais surtout une nécessité pragmatique», affirme Mohamed Chaibi. La coalition contribue depuis quatre ans à l’émergence des filières de recyclage et de valorisation des déchets au Maroc. Et selon la COVAD, cet engagement se veut un effort national devenu essentiel dans ce contexte de relance post-Covid-19. À ce propos, la COVAD a organisé en septembre dernier un webinaire portant sur la valorisation des déchets. Une rencontre placée sous le label de la CSMD, dont le principal objectif était de soumettre l’ensemble des propositions à la connaissance des citoyens afin de recueillir les observations pouvant contribuer à enrichir le Policy Paper en question. La coalition nous a également fait savoir que, depuis sa création, un certain nombre d’objectifs stratégiques ont été atteints, à savoir établir un état des lieux du cadre régissant les filières, analyser la complétude du cadre réglementaire et dresser un état des lieux de l’avancement du processus de formalisation des filières. Aujourd’hui, la coalition indique qu’elle travaille en partenariat avec le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique sur une étude visant à la mise en place d’un écosystème vert.
Quant à l’impact de la crise sur ses activités, la COVAD nous a confié que « la Covid-19 a impacté plusieurs industries de recyclage, notamment les métiers de collecte. Cependant, en ce qui nous concerne, en tant que coalition, cette pandémie a été un catalyseur de plus venu renforcer la nécessité et l’importance de contribuer à l’émergence des filières de valorisation». Cette crise a révélé qu’aujourd’hui, plus que jamais, que la priorité revient aux secteurs de l’économie de la vie (santé, éducation, alimentation, environnement, climat et développement durable de manière générale) qui doivent être privilégiés.
Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco