Club Med : le village d’Agadir s’empêtre dans un conflit social
La grogne sociale s’installe et gagne du terrain avec l’organisation, mercredi, du premier sit-in des employés du Club Med Agadir devant le village-hôtel après sa fermeture définitive.
Le Groupe Club Med ayant anticipé la fermeture de son resort d’Agadir, initialement prévue pour le 1er trimestre 2022 (cf : www.leseco.ma, article intitulé Agadir : après 56 ans, le Club Med s’en va !), l’établissement touristique situé en front de mer s’empêtre dans un conflit social et collectif. La grogne sociale s’installe et gagne du terrain à travers l’organisation, mercredi, du premier sit-in des employés du club devant ce village-hôtel mis en service en 1965. La Direction des ressources humaines du Club Med Maroc a déjà informé les employés du dépôt ce lundi, auprès de la Délégation de l’emploi d’Agadir, de l’ensemble des pièces administratives et légales afin de lui permettre d’instruire ce dossier. En même temps, elle a informé par courrier la direction de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de sa décision de fermer l’établissement, doté d’une capacité de 374 chambres (soit 782 lits). Toutefois, la commission préfectorale d’enquête et de conciliation d’Agadir-Ida Outanane, instituée par l’article 557 du Code de travail, n’a pas encore procédé à l’encadrement des négociations avec les parties prenantes afin de parvenir à un accord dans le cadre des séances de conciliation, notamment les représentants syndicaux du personnel, le Club Med et l’inspection du travail, qui assure le secrétariat de la commission.
Aucun accord interne n’a été trouvé
Selon Hicham El Mounir, secrétaire général du Syndicat de personnel de l’hôtel Club Med, relevant de l’Union marocaine de travail, «les employés et leurs délégués ont été notifiés, le 25 mars 2021, de la fermeture de l’établissement touristique par l’administration», indique-t-il. Ladite notification a été effectuée par courrier par la direction des ressources humaines relevant de Club Med Maroc. Plusieurs réunions de travail ont été tenues pour trouver un accord sur les points qui demeurent en suspens, mais aucun accord interne n’a été trouvé jusqu’à présent par les parties prenantes, sachant que la DRH a ouvert, dans son courrier aux employés, la voie aux salariés souhaitant être indemnisés individuellement sans passer par la procédure administrative, celle-ci pouvant durer jusqu’à six mois selon elle. En l’absence de consensus, l’ardoise «sociale» sera salée pour ce village-hôtel. Sur plus de 10.695 postes d’emploi générés par l’hôtellerie classée à Agadir, près de 336 salariés devraient être licenciés selon la représentation syndicale avant la prochaine période estivale, dont 182 employés permanents, 84 saisonniers sous contrat d’extra et 70 cadres, responsables et animateurs. À ces emplois, il faut ajouter, selon les représentants syndicaux, les postes générés par l’activité golfique entre autres.
Pertes d’emploi : l’hémorragie continue
Cette hémorragie de perte d’emplois s’ajoute aux autres conflits sociaux déjà enclenchés dans la destination Agadir, avant même l’arrivée de la pandémie. Il s’agit en l’occurrence de près de 200 salariés récemment licenciés suite à la fermeture du Sofitel Agadir Royal Bay Resort, d’environ 81 employés fixes et intérimaires à l’hôtel Tivoli, où un conflit social et collectif a également éclaté, et d’autres de l’hôtel Marhaba (voir leseco.ma). Au total, il s’agit de plus de 600 emplois perdus dans la destination, sans compter la réduction des effectifs du fait de la Covid-19 et la fermeture des hôtels pour des raisons administratives liées au contexte de pandémie. Selon la marque au trident, «ce sont principalement les évènements liés à la Covid-19 et les décisions administratives inhérentes, notamment les fermetures des frontières des pays européens, principaux marchés émetteurs, qui ont forcé le groupe à anticiper cette fermeture initialement prévue au 1er trimestre 2022. Cette date coïncidait avec la fin du contrat de bail». Une décision prise, selon le groupe, en accord avec les propriétaires marocains. Il s’agit de Madaëf, branche tourisme de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), également propriétaire des deux autres resorts du Club Med au Maroc, à savoir Marrakech La Palmeraie et Yasmina Cabo Negro à Martil. Toujours selon cette source, «depuis quelques années déjà, le Produit Club Med Agadir ne correspondait plus aux attentes des clients qui le font savoir à travers l’outil «Gentil Membre Feedback» (GM) de Club Med. C’est pourquoi le Club Med ajoute que les standards de confort d’hôtellerie attendue ne sont plus en ligne avec la stratégie de montée en gamme et le positionnement premium du Club Med».
Yassine Saber / Les Inspirations Éco