Maroc

Challenge des régions : Souss-Massa prépare sa riposte (VIDEOS)

Au moment où la pandémie a touché de plein fouet plusieurs secteurs névralgiques au niveau territorial, la région prépare sa riposte pour affronter cette conjoncture. Elle s’apprête aussi à cueillir les premiers fruits de la déclinaison régionale du PAI et du PDU d’Agadir pour mieux répondre aux enjeux du NMD à travers une première réponse : capitaliser sur la capital «synergie» des acteurs régionaux.  

Replacé dans le cadre d’une nouvelle centralité géographique conformément au discours royal prononcé à l’occasion du 44e anniversaire de la Marche Verte, la région Souss-Massa et son chef-lieu Agadir ont amorcé la première étape de la série des tables rondes sur les challenges des régions, initiée par le Groupe Horizon Press au sujet de l’implémentation du Nouveau Modèle de Développement (NDM) à l’échelle territoriale.

Ce n’est donc pas par hasard que cette région a accueilli la première escale de cette caravane sous forme de tables rondes régionales. Placée sous le thème, «la Région Souss-Massa : quelle déclinaison du NMD ?», la table ronde régionale du Souss-Massa a été rythmée en trois principaux temps (prérequis, priorités et perspectives) alors qu’elle a été marquée par la présence d’intervenants de renom, lesquels sont des acteurs parmi d’autres qui seront amenés à implémenter cette déclinaison du NDM en tenant compte de la spécificité et des potentialités de chaque région. Il s’agit de Karim Achengli, Président du Conseil régional de Souss-Massa, Marouane Abdelati, Directeur général du CRI Souss-Massa, Said Dor, Président de la CCIS de Souss-Massa et Mustapha Bouderka, Premier Vice-Président du conseil communal d’Agadir. D’entrée de jeu, malgré le contexte pandémique, la région Souss-Massa a développé ses prérequis pour réussir l’implémentation du NMD au niveau territorial. Un constat largement partagé par les intervenants puisqu’elle sera gagnante avec l’amorçage de la déclinaison régionale du Plan d’accélération industrielle (PAI) pour la période 2014-2021 et le lancement du Programme de Développement Urbain (PDU) en plus de la mise en œuvre de plusieurs autres projets structurants relevant à la fois du public et du privé.

Malgré la pandémie, la région regagne la course
Il va sans dire qu’au moment où la pandémie a touché de plein fouet plusieurs secteurs névralgiques au niveau régional, la région prépare sa riposte pour affronter cette conjoncture, mais elle se prépare à cueillir, durant ce post-Covid, les retombées de la déclinaison régionale du PAI et du PDU d’Agadir dotés, respectivement, de 9,9 MMDH et de 6,2 MMDH tout en gardant en perspectives les enjeux du NMD. «La région Souss-Massa été chanceuse car elle a tout d’abord bénéficié de la première déclinaison du PAI au niveau régional avec la conception d’une vocation régionale avec des écosystèmes industriels par secteur dédié aux PME. L’objectif est de faire des entreprises des appareils qui créent de la valeur ajoutée, mais aussi de l’emploi en intégrant le contexte industriel afin de développer notre part en termes de PIB », explique Karim Achengli, Président du Conseil régional de Souss-Massa.

Pour lui, «il est très important de garder en tête la centralité géographique de la région qui relie le nord au sud. C’est pourquoi le Souss-Massa devra relever le défi et être en même temps à la hauteur des aspirations d’aujourd’hui surtout avec le lancement de la déclinaison du PAI et du PDU, mais aussi de demain, notamment du NMD». Toujours selon le Président de la région, «il faut prêter attention à cette chronologie de documents qui est très importante pour réussir l’ensemble des défis, à commencer par l’articulation opérée entre le SRAT et le NMD qui se décline à travers la concrétisation du PDR. Le SRAT a été fait en concertation avec l’ensemble des parties avec plus de 1000 réunions», ajoute Achengli. C’est dire l’importance de cette synergie qui a été faite dans le cadre de ce premier exercice qui constitue une première réponse aux exigences du NMD. En effet, le SRAT a inclus, selon le Conseil Régional, toutes les composantes autour de la même table. Ensuite, il y a le Plan de développement régional (PDR) qui s’inspire de ce SRAT et qui va prendre en considération l’équité territoriale en termes de part de développement.

La région apporte des réponses à ses nœuds
Pour Marouane Abdelati, Directeur général du CRI Souss-Massa, «le NMD dans sa phase liée à l’état des lieux a déjà mis le cap sur les nœuds systémiques qu’il faut résoudre afin d’affronter les enjeux de demain», explique-t-il.  Il s’agit bien évidement de l’incohérence des politiques publiques surtout au niveau horizontal avec peu de canaux transversaux pour une meilleure synergie. «Au niveau régional, le préalable qui existe dans cette région est que le collectif régional est très soudé. Il a même réduit ses nœuds systémiques afin de donner un élan de développement. Dans sens, la CRUI, instituée par la loi n°47-18, est un exemple parmi d’autres qui cristallise cette synergie avec tout le travail fait en back-office par l’ensemble des acteurs», a affirmé Marouane Abdelati. Entre-temps, ce collectif doit être renforcé afin d’accompagner les enjeux du NDM dans les années à venir. Parmi les autres insuffisances citées par le DG du CRI et qui sont citées dans le rapport de la commission du NMD figure le manque de confiance dans les institutions publiques. Là aussi, la loi n°47-18 a apporté une réponse aux dossiers d’investissement en donnant plus de garantie à l’acte d’investir à travers la fixation du délai à moins de 30 jours. «Dans la région, on est dans des délais moindres avec une très grande célérité et transparence, ce qui donne de la confiance à l’investisseur et instaure un bon au climat des affaires. Nous sommes actuellement sur un certain nombre d’écosystèmes qui sont fondamentaux et qui peuvent encore donner de la valeur ajoutée», explique d’emblée Marouane Abdelati.

Le futur d’Agadir dans sa région
Pour sa part, Mustapha Bouderka, Premier Vice-Président du conseil communal d’Agadir, a mis l’accent sur le fait que «le citoyen doit être au cœur de toutes les politiques, à commencer par le NMD, mais aussi du PDU d’Agadir, qui traduit cette nécessité sur le terrain en plus de la déclinaison régionale du PAI et les autres stratégies qui sont en cours de préparation tels que le PDR et les PAC». Selon Mustapha Bouderka, «quand on analyse le PDU, on se rend compte qu’il apporte des réponses à toutes ces questions de développement, à travers ses différents volets, notamment la qualité de vie, la durabilité et le financement avec des coûts et des ratios très efficients par rapport aux autres villes. Pour rappel, le PDU a été signé plus de trois semaines avant le déclenchement de la pandémie, ce qui a permis au chef-lieu de la région de s’outiller durant ce contexte de crise d’un programme qui a apporté une réponse à cette conjoncture. «Contrairement aux autres communes qui ont contribué à hauteur de 17% dans le cadre des programmes de développement urbain, la commune d’Agadir a assuré presque le double en supportant 30 % des financements engagés dans le cadre du PDU, soit 2,3 MMDH par la Ville à côté d’autres partenaires. A cela s’ajoute le fait de faire appel à l’emprunt obligataire qui est une première au niveau national. J’espère qu’on aura un nouveau programme de développement, pas seulement pour Agadir, mais pour les autres villes avoisinantes à vocation régionale», ambitionne Mustapha Bouderka, Premier Vice-Président du conseil communal d’Agadir.

Le travail collectif, un capital de la région pour répondre aux  enjeux du NMD
Indépendamment des difficultés inhérentes à tout développement, au niveau de la région Souss-Massa, le travail collectif est un capital qui a été développé, selon Said Dor, Président de la CCIS de Souss-Massa, par l’ensemble des parties prenantes. Cette donne constitue un avantage pour l’implémentation des différentes politiques de développement, notamment la préservation des ressources hydriques, à travers la conclusion du contrat de nappe, qui a été anticipé, il y a plusieurs années. «Aujourd’hui, on dispose d’une configuration qui a permis aux pourvoirs centraux de se libérer de certaines prérogatives et de les déléguer aux régions, ce qui est très bien pour la consolidation de la régionalisation avancée. Toutefois, cette configuration n’est pas suffisante si on veut répondre aux enjeux du NDM, y compris les attributions des chambres professionnelles qui sont limitées. Certes, elles vont évoluer, avec la réforme des chambres, mais si on prend l’exemple de la région, elle ne s’est pas limitée au cadre  actuel. Au contraire, elle l’a transcendé en dépassant les  lacunes liées aux prérogatives», explique Said Dor, Président de la CCIS de Souss-Massa.

Karim Achengli
Président du Conseil régional de Souss-Massa

« Afin de tirer profit pleinement de notre capital humain, l’intérêt est de préparer notre jeunesse aux nouveaux métiers mondiaux qui nous attendent afin de créer de l’emploi productif et à forte valeur ajoutée. Il est question aussi de procéder à plus d’inclusion de l’ensemble des parties prenantes dans le cadre d’un NMD qui est fait par les Marocains, pour les Marocains et avec les Marocains, mais qui prend aussi en considération ce Maroc des régions avec des territoires intelligents et durables. A mon avis, le processus le plus difficile à mettre en œuvre dans le cadre du NMD est l’inclusion de toutes les parties prenantes dans le cadre de cette vision commune ».

Mustapha Bouderka
Premier Vice-Président du Conseil communal d’Agadir

La commune a innové sur le plan national en termes de financement en faisant appel à l’emprunt obligataire afin d’assurer le financement prioritaire du PDU pour éviter tout retard. Pour la question de la synergie qui est un préalable pour la réussite de toute stratégie, la nouvelle équipe l’a créée avec les différents acteurs, y compris la région, mais aussi avec la primature. L’exercice qu’on fait pour mobiliser l’emprunt obligataire reflète l’importance de cette synergie qui a permis de concrétiser la démarche dans un délai record surtout sur le plan légal. Sur ce dernier point, la notion du temps doit être revue pour pallier le retard en termes de délais impartis et qualité des prestations fournies aux citoyens. Dans le cadre du partage d’expérience, il faut se challenger au niveau des  délais pour gagner en temps. Il est nécessaire aussi de développer les recettes fiscales et financières, en plus de la sauvegarde de la pérennité des équipements, leur gestion et surtout leur future fonctionnalité.

Marouane Abdelati
Directeur général du CRI Souss-Massa

Nous travaillons avec le collectif régional pour ouvrir de nouvelles brèches. Au-delà du renforcement des capacités, nous travaillons pour le développement du «Made in Souss-Massa» avec un meilleur accès au réseau de la Grande Distribution (GD) puisque la région est pionnière dans plusieurs secteurs phares, notamment l’économie solaire en général et le modèle coopératif en particulier. L’idée est de mettre en réseau l’ensemble des tissus avec les acheteurs internationaux pour arriver à plus de captation de valeur ajoutée dans le cadre de cette cohésion entre les acteurs déjà installée dans la région. Aussi, la déclinaison du PAI donnera aussi un coup de pouce à cette captation de valeur pour augmenter les scores en termes de PIB. Le socle de réussite est de continuer à renforcer le capital humain pour qu’il accompagne les investisseurs pour créer plus de valeur ajoutée tout en continuant à œuvrer dans le domaine de la digitalisation et la simplification des procédures, en plus de l’appui à l’innovation pour donner naissance à des mini séries industrielles et booster les grandes entreprises qui sont des locomotives. A cela s’ajoute le ciblage de notre diaspora pour une meilleure intégration dans cette dynamique de développement.

Said Dor
président de la CCIS de la région Souss-Massa

Nous ne pouvons pas aujourd’hui avancer sans une administration qui soit revue de fond en comble pour accompagner les orientations du NMD. Dans ce sens, la loi n°47-18 portant réforme des centres régionaux d’investissement (CRI) est un cas concret qu’on peut relever.
L’équité spatiale exige aussi une administration qui mobilise à part égale les mêmes compétences au niveau régional et local dans le cadre de la déconcentration administrative. Il s’agit aussi d’accompagner les besoins de la région en termes de formation. Le privé aussi doit également jouer le jeu et contribuer à la réussite de ce NMD, surtout dans les territoires qui exige un travail collectif. Il faut procéder à une équité intra régionale en offrant aux investisseurs l’occasion d’investir dans les autres territoires constituant la région. Dans ce contexte pandémique, la transformation de crise en opportunité nécessite la prise en compte de la TPME tout en facilitant l’acte d’investir à travers plus d’engagements de la part de l’Administration. Dans ce sens, plusieurs entités publiques ont pris de l’avance par rapport aux autres sur ce chantier.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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