Budget de l’éducation : Amzazi défend les priorités de la réforme
L’État doit résoudre des équations complexes afin de ne pas perturber le déroulement de l’année scolaire et universitaire en cours.
Face aux membres de la Commission de l’enseignement au sein de la Chambre des représentants, le ministre de l’Éducation nationale s’est voulu rassurant concernant la poursuite de la mise en œuvre de la loi-cadre sur l’enseignement selon le calendrier préétabli. Le débat autour du budget de l’éducation nationale a en effet permis au ministre de lister les priorités du secteur durant cette année scolaire et universitaire. Le succès de la rentrée a été souligné par Saaid Amzazi dans sa réponse aux remarques des membres de la commission.
«Le vrai décollage de l’école publique est une responsabilité solidaire et reste une grande priorité. Nous ne faisons pas de raccourci, nous souhaitons une réforme en profondeur du système éducatif», a-t-il noté durant son intervention. Le ministre a aussi admis que plusieurs contraintes subsistaient, entravant la pleine mise en œuvre de la loi-cadre, essentiellement la contrainte du financement, «bien que le budget de l’éducation nationale absorbe 28% du Budget général», a précisé le ministre.
Le problème de l’encombrement des classes primaires persiste, en cette période de crise sanitaire, les moyens d’ouvrir des classes primaires manquant. La discrimination positive en faveur du monde rural demeure aussi limitée, malgré la hausse du budget alloué à chaque élève. L’État a aussi pris la décision d’épargner les bourses des étudiants et des élèves de la formation professionnelle : «Nous cherchons actuellement des sources de financement pour augmenter le taux de couverture des bourses qui avoisine les 75%. Les postes budgétaires au sein du département de l’Éducation nationale n’ont pas été impactés par la baisse des dépenses, avec le recrutement depuis 2016 de plus de 85.000 enseignants. Le nombre d’enseignants devrait atteindre les 102.000 lors de la rentrée 2021-2022.
L’impact sur le contenu de la formation
L’encadrement familial des élèves devra pallier les insuffisances inhérentes à la crise sanitaire. Le ministre de l’Éducation nationale a insisté sur le soutien individualisé des élèves «qui devra durer deux ans, avec l’importance qui sera accordée à la continuité pédagogique», a indiqué Amzazi. Et d’ajouter que «la pandémie a été un catalyseur de la réforme». Les contenus numériques élaborés ainsi que les mesures régulièrement prises pour améliorer le déroulement des cours à distance restent parmi les modalités qui seront mises au service de la continuité pédagogique, tout en tenant compte des besoins des élèves, selon les engagements pris par le gouvernement devant l’instance législative. Les interventions des membres de la Commission de l’enseignement, au sein de la première Chambre, ont principalement concerné la qualification du personnel éducatif, avec une masse salariale qui absorbe plus de 82% du budget du ministère. Les élus ont insisté sur «la conclusion de partenariats avec les unités industrielles en vue d’assurer l’intégration des lauréats», ainsi que la prise en compte «de la réticence des élèves à s’inscrire dans les filières professionnelles du baccalauréat». Quatre études sectorielles couvrant les domaines de la chimie, du textile-habillement, de l’agriculture ainsi que de l’assurance et du système financier devraient être réalisées courant 2020. Lors de cette étape de préparation de la stratégie de la formation professionnelle, le gouvernement compte procéder à la mise à jour de guides des métiers les plus prisés par les lauréats. Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, les députés insistent aussi sur la nécessité, pour les établissements de l’enseignement supérieur, de mettre en place des observatoires qui «analyseront les bassins de recrutement potentiels et mesureront le degré de compatibilité des formations avec l’environnement socioprofessionnel». Concernant le suivi de l’employabilité des lauréats, les établissements doivent impérativement disposer de « cellules chargées d’assister les lauréats durant leur intégration professionnelle et de conclure des conventions pour l’accueil des stagiaires».
Saaïd Amzazi
Ministre de l’Éducation nationale
N’oublions pas qu’un million d’élèves sont toujours inscrits dans les écoles privées, et que près de 140.000 autres ont basculé dans le public. Les 68 écoles privées qui ont déclaré faillite sont à déplorer. Nous devons offrir un cadre à ces écoles partenaires ayant une mission de service public. La mise à jour des décrets régissant les rapports entre les parents d’élèves et les écoles privées a, pour sa part, été opérée. La réussite de la rentrée scolaire était importante pour les Marocains, avec un protocole sanitaire rigoureux qui a été appliqué, permettant jusqu’à présent de limiter le nombre d’élèves touchés par la pandémie à 4.000 sur les 8 millions inscrits dans les divers cycles d’enseignement.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco