Audiovisuel : la HACA renforce son contrôle via les plaintes
80% des décisions qui ont été prises par la HACA, en 2019, découlent de plaintes émises par les citoyens et les ONG. Le gendarme du secteur a, par ailleurs, œuvré pour un renforcement territorial de l’offre des opérateurs.
Le rapport d’évaluation des missions de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) pour le compte de l’année 2019 confirme la pleine activation de la loi 11-15 qui a conféré de nouvelles prérogatives à cette instance. C’est ce qui ressort des indicateurs phares du rapport d’activité de l’année 2019, lesquels traduisent une véritable rupture en matière de traitement des plaintes émanant des citoyens. En effet, plus de 80 % des décisions qui ont été prises se sont basées sur les plaintes adressées par les citoyens et les représentants de la société civile, ainsi que par des membres affiliés soit aux partis politiques, soit aux syndicats. Dans le même registre, le rapport annuel indique que le nombre de plaintes reçues à titre individuel a connu une hausse importante en passant de 27 requêtes en 2017 à 700, en 2019. «L’interaction citoyenne avec le régulateur des médias a beaucoup progressé depuis l’adoption de la loi portant réorganisation de la HACA et qui a consacré le droit des particuliers à déposer des plaintes auprès du régulateur», indique l’évaluation réalisée par le gendarme du secteur de l’audiovisuel. Parmi les constants importants émis, on relève l’élargissement de l’offre télévisuelle et radiophonique. Il ressort également que la régulation des contenus audiovisuels a dominé les principales actions entreprises. Au total, le bilan recense deux licences pour l’établissement et l’exploitation de deux services radiophoniques, une licence d’exploitation de services télévisuels par satellite et trois autorisations pour la distribution de services de vidéos à la demande et, enfin, le renouvellement de l’autorisation de commercialisation d’un bouquet à accès conditionnel sur ADSL.
Une forte mobilisation pour le contenu des programmes
Le rapport annuel laisse dégager une attention particulière accordée par l’autorité pour le monitoring des programmes audiovisuels. La HACA « a veillé à ce que tous les opérateurs publics et privés honorent leurs obligations en matière de respect des droits humains et des valeurs démocratiques dans les contenus diffusés», précise le rapport. 66 décisions, portant sur des sujets variés, ont été émises par le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, ayant notamment trait à l’équilibre et l’intégrité de l’information, la protection de la femme contre les stéréotypes, ainsi que la protection du jeune public. La HACA a également dû intervenir en vue d’ajuster certains programmes qui portent sur la santé publique ou encore la communication publicitaire. L’instance assure que l’ensemble des décisions ont été prises «sans aucun préjudice pour la liberté d’expression et dans le strict respect de la liberté éditoriale des opérateurs». Il faut dire aussi que plusieurs départements ministériels et organismes publics ont demandé des avis à la HACA en «matière de mise en œuvre des politiques nationales qui couvrent des plans d’actions dans le domaine des droits fondamentaux et de diversité linguistique», est-il
indiqué.
La HACA trace la ligne de conduite durant la pandémie
Plusieurs recommandations insistantes ont été formulées par le dernier avis émanant de la HACA pour un meilleur traitement médiatique de la question de la pandémie de la Covid-19. Les principales conclusions soulignent que dans leur quasi-totalité, «les services de radio et de télévision marocaines ont adapté leur programmation et leurs contenus aux impératifs de l’état d’urgence sanitaire. Outre ces modifications importantes, des contenus de sensibilisation et d’éducation de différents formats ont fait l’objet d’une programmation intensive, contribuant ainsi à instaurer un climat de vigilance continue», précise la HACA. Les pistes d’améliorations évoquées prévoient essentiellement d’éviter tout traitement pouvant lier des villes et des quartiers spécifiques à l’augmentation du nombre de personnes infectées par le nouveau coronavirus pour prévenir tout risque de stigmatisation de leurs habitants. Pour les personnes invitées par les opérateurs, l’autorité impose de s’abstenir de diagnostiquer des maladies et de prescrire des traitements sur les ondes et les plateaux de télévision. Pour renforcer le traitement médiatique réservé à l’état d’urgence sanitaire, le rapport liste également la nécessité d’aborder d’autres dimensions économiques et sociales, «car cela est de nature à contribuer à atténuer le sentiment d’anxiété au sein de la société et à consolider la confiance des citoyens dans l’action publique dédiée à la gestion de cette situation d’urgence».
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco