Arrêt des vols du Maroc avec l’Espagne et la France: quel impact sur le tourisme?
La France et l’Espagne, deux partenaires économiques majeurs du Maroc, ont officiellement rejoint la liste des pays avec lesquels le royaume a suspendu ses liaisons aériennes pour se protéger contre la propagation du virus de la Covid-19 et surtout de ses inquiétants nouveaux variants.
Se barricader pour sécuriser ! Depuis hier mardi 30 mars à 0 h 00, les vols en provenance et en partance vers l’Espagne et la France sont officiellement suspendus. La raison, connue, est que le royaume, qui a bien engagé sa campagne de vaccination contre la Covid-19, ne veut pas être touché par les nouveaux variants du virus qui risquent de tout compromettre. Aussi, selon une source proche du dossier au niveau de l’Office national des aéroports (ONDA), Royal Air Maroc (RAM) a assuré plusieurs liaisons aériennes, hier, en provenance et à destination de ces deux pays, notamment pour permettre aux voyageurs de rentrer chez eux. En effet, au grand dam du secteur touristique, nul ne sait exactement quand les liaisons aériennes de transport de passagers reprendront. Les rumeurs sur un éventuel «reconfinement» se font même de plus en plus fréquentes, notamment pour éviter les regroupements habituels qui ont cours durant le mois de ramadan. Même le Chef de gouvernement, Saad Dine El Otmani, ne saurait pas encore à quoi s’en tenir, puisque jusqu’à présent, il n’a fait aucune déclaration à ce propos, ce qui entretient le flou.
Seuls les vols spéciaux autorisés
Ceci étant, selon la Direction générale de l’aviation civile, relevant du ministère du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, seuls «les vols spéciaux de passagers en provenance de ces deux destinations qui seront soumis à des contrôles renforcés, conformément au protocole sanitaire défini par les autorités marocaines compétentes», sont actuellement autorisés. Et donc, en attendant cette reprise que tout le monde attend avec impatience, il faut noter que ces deux pays européens, qui sont stratégiques pour le Maroc, rejoignent une liste de 37 pays avec lesquels le royaume a récemment suspendu ses liaisons aériennes. Il s’agit du Mali, du Ghana, de la République démocratique du Congo, de la Guinée-Conakry, de la Libye, de l’Argentine, de la Bosnie-Herzégovine, du Botswana, du Cameroun, de la Croatie, du Mozambique, de la Pologne, de la Norvège, de la Finlande, de la Grèce, du Liban, du Koweït, de l’Algérie, de l’Égypte, de l’Italie, de la Belgique, de la Turquie, de la Suisse, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Autriche, du Portugal, de la Suède, de l’Ukraine, de la République tchèque, de l’Australie, de l’Irlande, du Brésil, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni, de l’Afrique du Sud et du Danemark.
Un coup de massue pour le tourisme
Avec la France et l’Espagne, ces suspensions de liaisons aériennes entraîneront certainement d’importants manques à gagner pour l’économie marocaine en général et pour le tourisme en particulier. Dans le cas de la France, par exemple, il faut savoir qu’en temps normal, c’est une dizaine de compagnies aériennes qui relient directement au quotidien l’Hexagone au royaume, avec plusieurs rotations par jour pour la plupart d’entre elles. Parmi ces transporteurs aériens, on peut notamment citer Air France KLM, Tuifly, easyJet, Ryanair, Transavia France, ASL Airlines France, Germania, mais également la RAM et Air Arabia. En 2019, ces compagnies ont transporté 6.899.109 passagers de la France à destination du Maroc, ce qui a représenté plus de 53% du nombre d’arrivées de touristes non-résidents dans le royaume.
En effet, le nombre d’arrivées de touristes non-résidents aux postes frontières a atteint 12,9 millions de touristes en 2019, en progression de 5% par rapport à 2018. Le nombre de nuitées enregistrées dans les établissements d’hébergement touristique classés s’est établi à 25,2 millions en 2019, enregistrant une hausse de 5% par rapport à l’année précédente (+3,2% pour le tourisme récepteur et +9,4% pour le tourisme interne). Les recettes générées par les non-résidents ayant séjourné au Maroc se sont situées en 2019 (hors transport international) à près de 78,6 milliards de dirhams. Ces recettes en devises ont représenté près de 19% des exportations des biens et services en 2019 et près de 7% du PIB.
Aziz Diouf / Les Inspirations Éco