Maroc

Après le déconfinement, la révision du système médical s’impose !

C’est sûr, le secteur de la santé sera érigé en tête des priorités après la crise déclenchée par le Covid-19. Le pari de mettre fin aux dysfonctionnements qui émaillent le secteur est, certes, difficile car les insuffisances sont énormes, comme le relèvent encore une fois les députés. Mais l’heure est à la mobilisation pour mettre fin aux tergiversations en matière de réforme du secteur. Il s’agit en premier lieu de la faiblesse des ressources financières qui freinent les ambitions, bien que le budget du secteur ait été augmenté au cours des dernières années.

Le Maroc, rappelons-le, est encore loin des standards internationaux. Le budget du département de la Santé ne dépasse pas 6% du Budget général de l’État alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande un pourcentage de 12% pour améliorer le secteur et atteindre les objectifs escomptés. Les députés, eux, appellent le gouvernement à consacrer désormais un pourcentage de 10% au secteur. Cette demande, qui ne date pas d’hier, va-t-elle trouver écho auprès du gouvernement ? Tout porte à croire qu’il ne s’agit pas d’un choix, mais d’une nécessité après l’épreuve du nouveau coronavirus.

À cet égard, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, qui a été interpellé lundi dernier par les députés en séance plénière, rappelle que le gouvernement se penchait, avant la crise, sur la refonte du système médical. Il estime que le changement du système de la santé s’impose à travers non seulement l’augmentation du budget du secteur, mais aussi la révision du statut de la fonction publique sanitaire et l’amélioration de la gouvernance du secteur en mettant fin aux cloisons qui séparent le secteur public du secteur privé. Le responsable gouvernemental souligne qu’il faut encourager le partenariat public-privé afin de booster d’autres domaines, dont la recherche scientifique, laquelle accuse un retard abyssal dans notre pays. Le Maroc est en effet à la traîne et occupe les derniers rangs dans les classements internationaux en matière de recherche scientifique car le secteur n’est pas érigé en priorité et est doté de peu de moyens financiers (0,8% du PIB). Tout comme les parlementaires, Khalid Ait Taleb pointe du doigt la faiblesse du budget consacré à la recherche et le modèle adopté en la matière, outre la méthodologie mise en place qui doit être revue: «Il faut rationaliser la recherche scientifique pour pouvoir répondre aux besoins du pays».

Valoriser le capital humain
Par ailleurs, aucune réforme ne pourra se faire sans des ressources humaines qualifiées et motivées. À ce titre, les députés plaident pour l’amélioration de la situation sociale du personnel de la santé et des conditions de travail au sein des centres de santé publics. Il faut aussi mettre fin au manque criant en ressources humaines qui existe depuis de longues années. Le Maroc est classé parmi les États qui connaissent un grand manque en ressources humaines dans le secteur de la santé. Malgré la sonnette d’alarme, rien n’est fait pour combler les insuffisances en médecins et infirmiers.

En 2020, rappelons-le, quelque 4.000 postes budgétaires sont consacrés à la santé par la loi de Finances. Soulignons que la santé occupe cette année le troisième rang en termes de création de postes budgétaires derrière le ministère de l’Intérieur (9.104 postes) et l’Administration de la défense nationale (5.000 postes).

Pour remédier au manque en ressources humaines qui altère la qualité des soins dans le secteur public, les députés proposent de recourir à l’emploi régional à l’instar de ce qui a été fait dans le secteur de l’enseignement. Mais cette proposition, si elle venait à être mise en œuvre, risque d’exacerber les tensions sociales, à l’instar de ce qui s’est passé avec les enseignants cadres des académies. À cela s’ajoute une donnée importante: le nombre limité de médecins formés dans les facultés marocaines. Le gouvernement est appelé à améliorer la formation médicale tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Les parlementaires plaident aussi pour le retour au Maroc des compétences marocaines qui ont émigré et qui ont brillé sous d’autres cieux. Une nouvelle vision s’avère nécessaire pour booster le secteur de la santé. La réforme devra, selon certains députés, se traduire par une loi-cadre à l’instar du secteur de l’enseignement. Il s’agit de tirer des enseignements de l’expérience actuelle pour agir rapidement en vue de combler toutes les insuffisances qui minent le secteur.


Déconfinement progressif

Le gouvernement est en train de réfléchir à une stratégie de déconfinement qui «est plus difficile que le confinement», comme a tenu à souligner le ministre de la Santé aux députés. Le déconfinement se fera de manière progressive à l’échelle nationale. En effet, bien que la situation épidémiologique demeure stable et maîtrisable, elle diffère d’une région à l’autre. Les régions Casablanca-Settat et Marrakech-Safi arrivent en tête des régions les plus affectées par le Covid-19, suivies de Tanger- Tétouan-Al Hoceima.


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