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Agriculture : quelles solutions pour baisser les prix des engrais en Afrique ?

Depuis deux ans et demi que le monde est plongé dans une crise sanitaire exacerbée par le conflit russo-ukrainien, les prix des engrais connaissent une flambée sans précédent. Cette année, ils ont été multipliés par trois, voire quatre par rapport à l’année dernière. Face à cette situation, il est urgent de trouver des solutions. C’est l’objet du 3e Forum africain sur le financement des engrais, qui se poursuit encore aujourd’hui à Casablanca.  

Que faut-il faire pour baisser les prix des engrais en Afrique ? Cette question est au centre du 3e Forum africain sur le financement des engrais, ouvert hier à Casablanca, et qui se poursuit encore aujourd’hui, en présence de représentants de plusieurs gouvernements et acteurs du secteur agricole africain venus des quatre coins du continent et du monde.

Coorganisé par le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), OCP Africa et le Mécanisme africain de financement du développement des engrais de l’Union africaine (Voir encadré) sur le thème «catalyser le financement des engrais pour une croissance durable», ce 3e forum se déroule dans un contexte particulièrement tendu pour l’agriculture africaine où la question de la sécurité alimentaire du continent est sérieusement posée.

En effet, depuis deux ans et demi que le monde est plongé dans une crise sanitaire exacerbée par le conflit russo-ukrainien, l’Afrique a autant de mal à se soigner qu’à se nourrir.

Des prix en forte hausse
À l’instar de la plupart des matières premières, les prix des engrais connaissent une flambée sans précédent. Cette année, ils ont été multipliés par trois, voire quatre par rapport à l’année dernière. Les gouvernements et les agriculteurs ne savent plus à quel saint se vouer. Face à la rupture des chaînes d’approvisionnement en produits agricoles, notamment en provenance de Russie et d’Ukraine, deux pays en guerre, pratiquement tous les gouvernements africains utilisent désormais le levier des subventions pour continuer à produire les denrées agricoles dont ils ont besoin, ce qui revient bien entendu plus cher.

Les gestes d’OCP particulièrement appréciés
Conscient du fait qu’il a un rôle de solidarité à jouer, le Groupe OCP a déjà livré gracieusement 550.000 tonnes d’engrais à 20 pays africains qui pourront ainsi aider à nourrir quatre millions de personnes. Ce n’est pas tout, puisque l’année prochaine, OCP a également pris l’engagement de faire don de quatre millions de tonnes d’engrais supplémentaires à 35 pays africains qui profiteront à 40 millions de personnes (Voir page suivante).

L’objectif étant de renforcer la sécurité alimentaire du continent africain. Ceci étant, ces gestes ne peuvent pas indéfiniment se répéter. D’où la nécessité de réfléchir à des solutions d’acquisition d’engrais à des prix abordables pour les pays concernés.

La sécurité alimentaire un challenge mondial
En attendant les recommandations du Forum, dont les travaux seront clos aujourd’hui, la BAD annonce qu’un Forum pour bâtir un plan pour l’autosuffisance alimentaire du continent africain sera organisé l’année prochaine à Dakar. Le but étant d’assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique. Un objectif, semble-t-il, encore inatteignable à court terme puisque, selon le dernier rapport publié annuellement et conjointement par la FAO, le FIDA, l’OMS, le PAM et l’UNICEF, le monde perd du terrain dans sa lutte pour mettre un terme à la faim, à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition sous toutes ses formes.

Huit ans seulement nous séparent de l’horizon 2030. Or, la distance qui reste à parcourir pour atteindre les cibles associées au deuxième Objectif de développement durable (ODD 2) se creuse d’année en année. Il y a certes des efforts de faits dans ce sens, mais ils sont manifestement insuffisants compte tenu du contexte plus difficile et incertain. L’intensification des principaux facteurs à l’œuvre derrière les tendances récentes en matière d’insécurité alimentaire et de malnutrition (conflits, extrêmes climatiques et chocs économiques), associée au coût élevé des aliments nutritifs et aux inégalités croissantes, va continuer à mettre la sécurité alimentaire et la nutrition à rude épreuve.

Cet état de fait durera aussi longtemps que les systèmes agroalimentaires n’auront pas été transformés, qu’ils ne seront pas devenus plus résilients et qu’ils ne fourniront pas des aliments nutritifs à moindre coût et une alimentation saine abordable, et ce de façon durable et inclusive.

Qu’est-ce que le Mécanisme africain de financement du développement des engrais ?

Le Mécanisme africain de financement du développement des engrais a été créé par la Déclaration d’Abuja de 2006. Par cette déclaration, les États membres de l’Union africaine se sont engagés à améliorer la productivité agricole en fournissant un financement pour porter l’utilisation d’engrais en Afrique à 50 kilogrammes de nutriments par ha.

La BAD gère ce dispositif pour accélérer le développement de l’agriculture dans le cadre de sa stratégie «Nourrir l’Afrique», des Objectifs de développement durable des Nations unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO



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