Maroc

Agadir/Agriculture : le 1er consortium en R&D prend forme

Le consortium pour la recherche, le développement et l’innovation (RDI) dans le domaine agricole de la Région Souss-Massa a été activé. Faisant partie de la vision stratégique 2023-2033 du complexe horticole d’Agadir (CHA) qui relève de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV), ce groupement, constitué des secteurs public et privé, vient de tenir la première réunion de son comité de pilotage.

Après plusieurs années de travail, le complexe horticole d’Agadir (CHA), relevant de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV), a levé le voile, mardi dernier, sur son projet très attendu d’un consortium pour la recherche, le développement et l’innovation (RDI) dans le domaine agricole, au sein de la Région Souss-Massa.

Rassemblant les producteurs, les entreprises d’agro-technologie et les instituts de recherche des Pays-Bas, de France, d’Israël, de Chine et du Maroc, ce consortium fait partie de la vision stratégique 2023-2033 du CHA. Celle-ci englobe quatre autres structures d’appui déjà réalisées comme le centre d’excellence horticole et l’incubateur dédié aux projets d’agri-business ainsi que la station expérimentale sous forme de ferme expérimentale sur 25 ha dont la fin de la restructuration est prévue pour septembre prochain. Elle permettra une transformation du modèle actuel de production en matière de rendement, d’économie d’eau et d’intrants agricoles.

Dans la foulée de cette annonce, le consortium a tenu la 1re réunion de son comité de pilotage scientifique, hier mercredi, après la présentation de sa vision et de son modèle de gouvernance devant les acteurs régionaux, professeurs-chercheurs universitaires, interprofessions agricoles et associations professionnelles, membres de ce consortium, en l’occurrence Maroc Citrus, la FIFEL et l’APEFEL. Selon Farid Lekjâa, directeur du CHA, «les financements de ce projet sont déjà ficelés. Ils s’élèveront à 400 MDH pour la restructuration de la ferme expérimentale, avec un accord de financement de la part de la Banque mondiale qui a accepté de l’inscrire dans son programme puisqu’il répond aux cinq Objectifs de développement durable (ODD)».

Eau, rendement et qualité : les ambitions chiffrées du consortium
La finalité de ce consortium, constitué de plusieurs acteurs relevant aussi bien du secteur public que privé, est de renforcer les capacités du secteur horticole à travers une approche collaborative en matière de RDI, en fonction des besoins et attentes exprimés par les agriculteurs. «Notre ambition est d’atteindre 80 kg/m2 au lieu d’une moyenne de 14 kg/m2 pour la culture de la tomate qui est la plus dominante dans la région. En volumes, il s’agit de passer de 140 à 800 t/ha.

En matière de qualité, le but est de passer de 50% des écarts de triage à 0,5% et de réaliser 80% d’économie d’eau, en passant de 50 à 5 l/kg. Ceci permettra de réduire les besoins en eau et d’améliorer les rendements et les capacités d’exportation et d’approvisionnement ainsi que la qualité des produits, avec un gain de compétitivité». Outre les performances ciblées, l’objectif est d’atteindre l’équivalent de 50 à 60 PHD d’ici 2028 avec le lancement du recrutement dès cette année à travers le ciblage des problématiques prioritaires et urgentes du domaine agricole en général, et horticole en particulier.

Le budget dédié à ce programme de doctorants s’élève, selon le directeur du CHA, à 1 MDH. D’autres fonds nécessaires à ce projet, dans sa vision globale, seront drainés sachant qu’il a été appuyé jusqu’à présent par la Région Souss-Massa, le ministère de l’Agriculture, le CHA et des acteurs privés. «La porte est ouverte à tous les opérateurs pour participer à ce consortium qui englobe déjà des groupes privés de production et d’exportation de fruits et légumes», souligne Farid Lekjâa.

Les membres du consortium en appui
Partenaire essentiel de ce projet, le Conseil régional Souss-Massa, à travers son président Karim Achengli, confirme que la région «est consciente du rôle crucial de la recherche scientifique, notamment en ce qui concerne l’agriculture. Un secteur qui occupe une place très importante dans le futur PDR afin de consolider la position de la région en tant que premier pôle agricole au niveau national». Et d’ajouter «une autoroute de l’eau reliera la station mutualisée de dessalement de l’eau de mer de Chtouka au périmètre agricole d’Oulad Teima-Guerdane pour répondre aux besoins en eau d’irrigation de cette zone».

De son côté, Youssef Jebha, président de la Chambre régionale d’agriculture, a expliqué que, dans le cadre de l’économie d’eau destinée à l’irrigation, «la recherche et le développement à travers une coopération tripartie a permis la conduite de l’irrigation localisée. L’objectif est d’économiser 80 millions de m3 d’eau par an grâce à l’installation de stations météo dans la plaine du Souss-Massa». Pour sa part, Moulay M’hamed Loultiti, président de Maroc Citrus, a insisté sur la recherche de solutions innovantes pour pallier cette problématique qui menace la vocation agricole de la région.

«Cette dernière est la première zone de production maraichère au Maroc grâce à son climat et son agriculture de contre-saison. Elle approvisionne le marché national durant huit mois sur 12 et constitue – avec la région d’Almeria en Espagne -, les deux périmètres qui produisent en contre-saison». Quant à Houcine Aderdour, président de la FIFEL, il a mis l’accent sur l’interprofession et son besoin de la RDI pour relever les défis posés, notamment la question des semences et graines en relation avec la souveraineté alimentaire. «C’est la raison pour laquelle la recherche scientifique doit s’atteler à cette question afin que le Maroc parvienne à produire des variétés «maroco-marocaines» et spécifiques à la région pour maîtriser la chaîne de valeur et les structures de production».

Pour Khalid Saidi, président de l’Apefel, «le système actuel de production, marqué par la prédominance des abris serres canariens, est révolu en tant qu’outil de production et d’intensification. En raison des changements climatiques, les saisons sont chamboulées et nous subissons le climat. C’est pourquoi l’offre agricole fait défaut et dépend des changements climatiques, en se référant à ces deux années difficiles vécues par le secteur». Et de conclure que «les serres actuelles conventionnelles sont des abris qui subissent les aléas climatiques, notamment la hausse et la chute des températures, d’où la réadaptation de l’existant ou la mise en place de systèmes de serres performants Med Tech grâce à la ferme expérimentale installée au CHA d’Agadir».

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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