Abderrazzak Mennioui : “Somacan veut changer l’image du cannabis”
Abderrazzak Mennioui
Directeur général de Somacan
La région de Fès-Meknès est en passe de devenir un acteur majeur de la production de cannabis à usage cosmétique et alimentaire au Maroc. L’entreprise Somacan, qui détient déjà près de 60% de la production nationale, mise sur le potentiel du CBD pour créer des produits «bien-être» 100% marocains.
Quelle est l’ambition de Somacan concernant le cannabis ?
Le cannabis est vraiment une plante exceptionnelle qui renferme de multiples molécules aux propriétés étonnantes. Bien sûr, on connaît surtout le THC, la molécule psychoactive qui a rendu cette plante célèbre. Mais il existe en fait 239 autres molécules dans le cannabis que nous pourrions exploiter pour leurs bienfaits en termes de santé, de beauté et de bien-être en général.
Les études ont montré que le CBD est probablement la molécule la plus prometteuse, connue dans le monde entier pour ses innombrables vertus bénéfiques sur presque tous les aspects. Notre ambition est donc de valoriser cette plante unique afin de produire un produit 100% marocain de très haute qualité. Nous avons cette chance d’avoir été parmi les premiers à cultiver le cannabis ici au Maroc, où cette plante est particulièrement répandue. Nous disposons donc d’une expertise ancestrale considérable dans ce domaine.
Comment votre entreprise s’adapte-t-elle aux réglementations pour l’exploitation du cannabis ?
À Somacan, nous avons pris des mesures spécifiques pour nous conformer strictement à la réglementation. Tout d’abord, nous avons importé une variété de graines spéciale, riche en CBD mais avec une très faible teneur en THC, contrairement à la variété de cannabis traditionnellement cultivée au Maroc qui contient beaucoup de cette molécule responsable des effets psychoactifs.
L’autorisation que nous avons obtenue des autorités compétentes nous permet spécifiquement de cultiver une variété de cannabis dont le taux de THC reste inférieur à 1%. C’est cette variété que nous avons cultivée l’année dernière, en obtenant d’ailleurs une production très importante. À partir de cette récolte, nous avons pu fabriquer des compléments alimentaires et des produits cosmétiques, en restant dans le strict cadre réglementaire des utilisations autorisées du cannabis à faible teneur en THC.
Selon vous, quelles sont les opportunités de marché pour les produits à base de cannabis, au Maroc et à l’international ?
Le marché du cannabis, en particulier pour les produits riches en CBD, est vraiment énorme que ce soit au Maroc ou à l’étranger. À l’international, les gens connaissent très bien cette molécule et ses supposés effets bénéfiques sur la santé. Il y a donc déjà une forte demande sur ces marchés étrangers.
Au Maroc, c’est une toute première puisque nous avons obtenu l’autorisation de commercialiser ces produits à base de cannabis lors de la dernière édition du SIAM en 2024. Le potentiel de marché est donc vraiment énorme au Maroc. Et nous avons d’ailleurs été agréablement surpris de constater que les Marocains ont déjà une certaine connaissance de ces molécules comme le CBD. Il y a donc déjà une base de consommateurs potentiels avertis.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO
