Les Cahiers des ÉCO

Maroc-Afrique du Sud : Normalisation à plusieurs inconnues

Retrait de la reconnaissance de la pseudo RASD ou simple normalisation des relations avec le Maroc ? L’Afrique du Sud, dont le président a rencontré le roi Mohammed VI à Abidjan, va bientôt trancher. Mais à Pretoria, l’équation n’est pas des plus simples.

Se dirige-t-on vers une nouvelle ère dans les relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud ? Treize ans après la rupture créée par la reconnaissance de la pseudo RASD par la Nation de l’arc-en-ciel, Rabat et Pretoria se dirigent vers une normalisation de leurs relations politiques. Les deux pays vont à nouveau désigner un ambassadeur à la tête de leur représentation diplomatique et promettent de tourner la page des désaccords et des malentendus depuis 2004. Ce sont là les premiers fruits de la rencontre «surprise» entre le roi Mohammed VI et le président sud-africain Jacob Zuma à Abidjan, mercredi 29 novembre à Abidjan, en marge du 5e Sommet euro-africain. Pour de nombreux observateurs, la poignée de main entre les deux chefs d’État est synonyme d’un retour à la normale. Dès son retour au bercail, Jacob Zuma a indiqué que sa rencontre avec le souverain marocain lui a permis de mieux comprendre la position de Rabat sur le dossier du Sahara. Il ne dit pas, pour l’instant, s’il va retirer ou non la reconnaissance de l’Afrique du Sud à la pseudo RASD. Mais du côté du pays de Nelson Mandela, les analystes s’y attendent déjà. C’est le cas de François Conradie, qui pronostique que «Pretoria pourrait retirer sa reconnaissance à la RASD».

Zuma «marocophile»
Toutefois, Jacob Zuma, qui quitte la tête du Congrès national africain (ANC), dans quelques jours, doit également achever son second mandat de président d’Afrique du Sud dès mai 2019. Lui qui se montre subitement si marocophile, après avoir émis de sérieuses réserves sur l’adhésion du royaume à l’Union africaine, aura-t-il le temps de retirer la reconnaissance à la RASD avant la fin de sa magistrature ? Rien n’est moins sûr. Ou peut-être optera-t-il pour une normalisation des relations avec le Maroc, sans pour autant lâcher le Polisario, comme c’est actuellement le cas de plusieurs pays d’Afrique anglophone, à l’instar du Rwanda, de la Tanzanie, ou encore de l’Éthiopie ? En tout cas, à Pretoria, le sourire affiché par Zuma envers le Maroc agace l’aile dure de l’ANC. Le parti au pouvoir s’est, en effet, empressé de diffuser un communiqué pour critiquer cette manœuvre, tout en rappelant son attachement au Polisario. Certaines voix y accusent même Jacob Zuma, fragilisé sur le plan interne, de préparer sa retraite en cherchant à se rapprocher du Maroc (sic). Cependant, en Afrique du Sud, les élites politiques et économiques n’ignorent plus l’acteur majeur qu’est devenu le Maroc sur le continent.   


Jacob Zuma
Président de l’Afrique du Sud

Le Maroc est une nation africaine. Il est normal d’avoir des relations diplomatiques avec ce pays. Nous n’avons jamais eu des problèmes avec lui. Sur le Sahara, nous respectons leurs opinions, ils connaissent mieux leurs histoires. Mais nous avons également nos opinions sur les droits de l’Homme et généralement les droits de toutes les nations».

Nasser Bourita
Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Déclaration faite à EFE

Actuellement, la tendance ne pointe pas vers une reconnaissance (de la RASD, ndlr). Vous souvenez-vous d’un seul pays qui l’a reconnue dernièrement ? Je peux vous dire par contre que certains la retirent, comme le Malawi. À partir de demain, il y en aura d’autres (pays d’Afrique, ndlr) et cela continuera ainsi».


Afrique australe : Vents favorables pour le Maroc

En Afrique australe, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et l’Angola sont les principaux pays «adversaires» du Maroc sur la scène continentale. Lors des différentes rencontres entre officiels africains, ces pays ne se gênent pratiquement jamais à exprimer leur opposition par rapport à la position marocaine, notamment sur la question du Sahara. Mais à Abidjan, le roi Mohammed VI ne s’est pas seulement contenté de recevoir en audience Jacob Zuma d’Afrique du Sud, le souverain s’est aussi entretenu avec le tout nouveau président angolais, Joao Lourenço. Ce dernier qui vient de succéder à Jose Eduardo Dos Santos peut être tenté de tourner la page de la méfiance entre Rabat et Luanda. Idem du côté de Harare, où le successeur de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa est source d’espoirs quant à un revirement sur la question du Sahara.


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