Les Cahiers des ÉCO

Le Maroc, tremplin américain vers l’Afrique ?

La quatrième édition de ce forum a montré les limites d’un modèle qui gagnerait à être revisité. L’objectif étant de promouvoir l’offre marocaine auprès des Américains. Une offre à même de servir de tremplin vers l’Afrique. Or, les trois quarts des participants étaient Marocains. Heureusement que la qualité des panels a sauvé les meubles.

L’emblématique chambre de commerce américaine a abrité la quatrième édition du Forum de commerce marocco-américain. Organisé le 19 avril par l’ambassade du Maroc à Washington et la chambre de commerce américaine et placé sous le thème «construisons des liens, renforçons le commerce», l’événement a drainé une assistance d’à peu près 150 personnes dont les trois quarts sont Marocains. Hormis quelques Marocains des États-Unis, la délégation se composait de deux membres du gouvernement, Lahcen Daoudi et Othman Firdaous, du chargé de mission auprès du cabinet royal, Youssef Amrani et de plusieurs cadres de différents départements ministériels.

Charge historique
Lalla Joumala, ambassadrice du Maroc à Washington, a ouvert le bal par un discours de relations générales et d’ancrage historique, avec un focus sur les accords économiques. Ce qu’a confirmé Wilbur Ross, secrétaire d’État au Commerce et proche collaborateur de Donald Trump et principal conseiller du président en business. Ce dernier a rappelé les sources des relations en appelant à les renforcer économiquement dans la transparence la plus totale et dans l’intérêt des deux parties. En effet, il a été question du déséquilibre dans les échanges commerciaux entre les deux pays et notamment le peu de bénéfice de la partie marocaine des accords de libre échange. D’ailleurs, c’était le moment de vérité le plus marquant de ce forum. Autrement, on a eu droit à un discours de courtoisie sans recommandations précises, ni feuille de route pour l’avenir.

Le pont vers l’Afrique
L’Afrique s’est invitée à cette troisième édition puisque le premier panel traitait du rôle que le Maroc pourrait jouer en tant que tremplin pour les compagnies américaines vers l’Afrique. Autant dire que cela collait parfaitement avec la nouvelle stratégie économique du royaume qui se veut un hub vers l’Afrique.  Qu’offrir donc de palpable aux Américains à ce sujet ? Les panélistes marocains, tour à tour, ont rappelé la puissance et l’expérience des compagnies marocaines en Afrique dans les domaines des banques, des finances, des assurances, des télécommunications, de l’industrie, de l’immobilier etc… C’était l’occasion aussi d’exposer l’expertise africaine du Maroc en matières de sécurité, d’immigration et de lutte  contre le terrorisme.

Peu de concret
Hormis les discours de circonstance et plusieurs exposés sur le développement de l’économie marocaine, avec surtout des témoignages de firmes internationales telles que Boeing et IBM, il y a avait des déclarations d’intention de certains Américains, mais peu de concrétisation. Aussi la signature de trois mémorandums d’entente a-t-elle sauvé les meubles et cela peut être considéré  comme une réalisation intéressante, notamment  la signature par Small Entreprise Assistance Funds (SEAF), la caisse centrale de garantie (CCG), l’American Wise Capital, et le groupe BMCE Bank, pour la relation d’un fonds d’investissement dans les sociétés innovantes basées au Maroc et à fort potentiel de croissance. Le second accord a été signé par l’agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE) et l’institut pour la gouvernance et le développement durable (IGDD) pour renforcer les liens de coopération en matière de recherche pour le développement des systèmes de climatisation utilisant des réfrigérants à PRG réduits. Enfin, la CGEM et la chambre américaine de commerce ont signé une convention pour le renforcement des relations commerciales bilatérales.


Dans les  coulisses…

♦ Deux absences de taille du côté marocain ont perturbé le déroulement de l’événement ; à savoir celles de Mohamed Boussaïd, ministre de l’Économie et des Finances, et Meriem Bensalah, patronne de la CGEM.
♦ Le puissant secrétaire d’État au Commerce, Wilbur Ross, n’a pratiquement pas assisté au forum. Sitôt son allocution terminée, il a quitté la salle, visiblement contrarié par l’absence de Boussaïd.
♦ Le jeune secrétaire d’État Othman Firdaous a brillé par son allocution, dans un anglais impeccable, où il a tracé la place du Maroc dans la carte du commerce mondial, en mettant le doigt sur le potentiel du Maroc ; notamment dans les métiers mondiaux et les différents éco-systèmes mis en place.
♦ Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales, est resté dans son fauteuil pendant trois heures sans aucune participation. Visiblement ennuyé, il était déconcentré et la plupart de temps «scotché» à son smartphone !
♦ La séance de networking, à l’issue des travaux, s’est transformée en une séance de retrouvailles entre Marocains de différents bords, autour de briouates et cornes de gazelle, les quelques Américains présents ayant choisi de partir un peu plus tôt.


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