Les Cahiers des ÉCO

Attaques de Ouagadougou : Coup dur pour l’économie burkinabè

L’attentat terroriste qui a frappé, le 2 mars, la capitale burkinabè est un nouveau coup dur pour l’économie du pays. Le contexte sécuritaire amplifie les risques sur ses perspectives économiques et au-delà de la sous-région.

Pour le Burkina, c’est presque le scénario catastrophe! L’attentat du vendredi 2 mars est, en effet, venu rappeler que les menaces sécuritaires se sont amplifiées et continuent de planer au regard des lieux stratégiques -et tout aussi symboliques- visés par les assaillants. C’est l’État-major de l’armée et l’ambassade de France, en plein zone sécurisée de la capitale, qui ont été ciblés par l’attaque qui a fait 7 morts dans les rangs des soldats burkinabè, 8 assaillants neutralisés et plus de 80 blessés selon les sources officielles. Au-delà de la psychose et de l’émotion suscitée dans le pays et au-delà, l’attentat terroriste est de mauvais augure pour le gouvernement. Le pays se relevait à peine de deux attentats (en janvier 2016 et en août 2017), qui ont endeuillé la capitale burkinabè avec au total une cinquantaine de morts. À l’époque déjà, le pays avait payé le prix fort avec un ralentissement de l’activité économique, particulièrement dans le secteur du tourisme, ce qui a eu des répercussions sur la croissance économique du pays.

Facteurs de risques
Le Burkina est-il en train de devenir le maillon faible de la zone sahélienne, après la situation critique que connaît son voisin malien sur le plan sécuritaire? C’est la grande question de l’heure au regard de la multiplication des attaques qui secouent le pays. Car en plus de ces attentats répétés dans la capitale qui sont les plus médiatisés, d’autres régions frontalières du Mali et du Niger connaissent régulièrement des attaques des différents groupes terroristes qui pullulent dans la bande sahélo-saharienne. Dans l’édition 2018 de ses Perspectives économiques africaines (PEA), la Banque africaine de développement (BAD) avait déjà alerté sur les prévisions de croissance du pays, celles-ci dépendant «de plusieurs facteurs de risques, notamment les attaques terroristes». «La menace sécuritaire reste toutefois le plus important risque», a estimé la BAD qui rappelle en effet que le Burkina Faso a subi, depuis 2015, une série d’attaques terroristes qui ont coûté la vie à plus de 70 personnes et ralenti la reprise économique.

Défis sécuritaires
L’année 2018 démarre donc sous de mauvais auspices pour le Burkina. Alors qu’en 2016 et 2017, les attaques sont survenues en pleine conjoncture économique difficile, l’année s’annonçait meilleure avec des prévisions de croissance de 6,6%. Le gouvernement tablait sur les bonnes perspectives qui se profilaient pour accélérer la mise en œuvre du programme de mandat du président Roch Marc Christian Kaboré. La dynamique est notamment portée par une bonne orientation de l’activité minière, une intensification des investissements dans la construction, le dynamisme du secteur marchand et les développements enregistrés dans l’agriculture. C’est surtout le programme d’investissements publics du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016–2020, couvrant l’énergie, les aménagements hydro-agricoles, et les infrastructures routières et de télécommunication, qui devrait permettre de consolider la dynamique. Cependant, l’accroissement des investissements prévu dans le PNDES et le maintien des dépenses courantes destinées aux demandes sociales et sécuritaires devraient creuser le déficit budgétaire, estimé à 5,5% du PIB en 2017 contre 3,8% en 2016 selon la BAD.  «Combinés à la montée des revendications sociales à l’approche des élections présidentielles de 2020, le rythme des investissements et les problèmes de sécurité dans la région du Sahel feront gonfler la dépense publique en 2018–2019», a estimé la même source, qui s’attend toutefois à ce que, grâce notamment à une croissance soutenue de l’économie, le déficit budgétaire redescende à 4,8% du PIB en 2018 et à 2,9 % en 2019.


Solidarité régionale

L’attaque du 2 mars dernier a provoqué une onde de choc au-delà du pays. Dès les premiers instants, les messages de compassion ont fusé de partout, particulièrement des chefs d’État de la région. Les menaces sécuritaires se sont en effet amplifiées dans toute la sous-région ces dernières années, et plus aucune capitale n’est à l’abri, comme en témoignent les attentats de Grand-Bassam ou de Bamako en 2016 et 2017. Le Burkina fat partie du G5 Sahel avec le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad et, d’ici quelques semaines, la force conjointe militaire mise en place pour contenir les menaces devraient être pleinement opérationnelle. Le G5 Sahel était d’ailleurs, il y a quelques jours, à Bruxelles où il a plaidé sa cause devant la communauté internationale, engrangeant au passage des promesses de dons de près de 500 millions de dollars pour la force conjointe mais aussi des projets de développement dans la zone sahélienne. Ce lundi 5 mars d’ailleurs, le président du Togo, Faure Gnassingbé, et son homologue du Niger, Mahamadou Issoufou, étaient en visite à Ouagadougou en leur qualité, respectivement, de président en exercice de la CEDEAO et du G5 Sahel. La visite vise à témoigner de la solidarité des pays voisins à l’égard du Burkina.


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