Officialisation de l’amazigh : les députés esquissent les modalités de déploiement
Les parlementaires veulent s’impliquer de manière plus poussée dans la mise en œuvre de la loi organique sur l’officialisation de la langue amazighe ainsi que dans la généralisation de son usage au sein des départements ministériels et des organismes publics.
Les députés reviennent à la charge pour placer le sujet de l’officialisation de la langue Amazighe en tête de liste de l’agenda législatif. C’est dans ce cadre qu’une journée d’étude, prévue aujourd’hui sous le thème «l’amazighité, entre référence constitutionnelle et enjeu de l’officialisation» devrait donner plus de détails sur la feuille de route parlementaire en matière de suivi de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. Cette journée devrait aussi permettre aux groupes parlementaires de livrer leurs recommandations pour accélérer le processus de mise en œuvre de la loi organique, qui forme le cadre poussant actuellement vers une nouvelle étape du renforcement de cette langue nationale au sein du secteur public. Les députés ont déjà multiplié les interpellations sur l’état d’avancement du plan de déploiement de la loi organique, de même que l’assise parlementaire de la majorité devra accompagner le dispositif prévu par le programme gouvernemental. Il faut dire que les attributions de la commission permanente qui a été instaurée, avec pour mission le suivi des étapes d’officialisation de la langue amazighe, focalisent l’attention, avec l’achèvement du volet institutionnel destiné à activer les programmes de son intégration dans le processus d’apprentissage, ainsi que dans les modes de communication des organismes et instances publiques.
Durant cette étape, tous les plans d’action sectoriels devront être soumis à l’appréciation de la commission permanente présidée par le Chef du gouvernement. De même, la nouvelle structure devra élaborer un rapport annuel détaillant le niveau d’avancement des projets lancés. Il est prévu que la commission se réunisse deux fois par an, dans l’optique de fédérer l’ensemble des intervenants dans le processus d’officialisation. Il s’agit, essentiellement, de recueillir l’avis de l’IRCAM et du Conseil supérieur de l’éducation durant toutes les sessions de la commission.
Dans le même registre institutionnel, relatif au pilotage de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, une place centrale sera accordée au Conseil national des langues. La démarche préconisée par les députés consiste à mettre en place des modalités de promotion de la langue amazighe, mais aussi des mesures destinées à assurer la protection des langues arabe, amazighe et hassania et surtout la facilitation de la maîtrise des langues vivantes.
Pour rappel, la composition mixte du conseil national devrait lui permettre d’être au centre des instances qui auront à collaborer avec la commission permanente, dont le règlement intérieur devra préciser davantage la nature des domaines à traiter conjointement avec le Conseil national des langues. Quant à l’agenda de mise en œuvre, il prévoit l’entrée en vigueur du schéma de déploiement dans un délai compris entre 5 et 15 ans et la mise en place par les ministères, les collectivités territoriales et les institutions constitutionnelles de plans d’introduction progressive de la langue amazighe dans la vie publique. En ligne de mire à court terme, l’amélioration de la généralisation de l’apprentissage de l’amazighe dans l’enseignement ainsi que dans l’audiovisuel. Toutes les institutions sont ainsi appelées à se conformer aux dispositions constitutionnelles concernant la mise en œuvre du statut officiel de l’amazighe de manière progressive. À noter, par ailleurs, que les services administratifs et judiciaires sont les premiers concernés par le plan de déploiement.
Le bilinguisme officiel, traduit dans les plans d’action des ministères
Selon les mesures réglementaires adoptées jusqu’à présent, «les plans sectoriels ont un rôle stratégique dans la mise en œuvre saine et exemplaire des dispositions de la loi organique 26-16, qui devront respecter les délais prévus par les articles 31 et 32 de la loi organique». Il s’agit, durant cette étape, de pénétrer les domaines jusqu’à présent négligés, essentiellement les services publics, en matière d’orientation, et de campagnes de sensibilisation destinées au grand public. La langue amazighe devra aussi être utilisée à l’intérieur des locaux des services administratifs et des établissements publics, ainsi que des conseils élus et des instances constitutionnelles. En plus de son intégration dans les lieux publics, les ministères ainsi que les collectivités territoriales auront la mission de requalifier leurs ressources humaines pour que les fonctionnaires puissent communiquer avec les usagers en langue amazighe. Les plans d’action projetés devront aussi prendre en compte l’usage de cette langue dans leurs sites institutionnels et d’information. À rappeler que les exigences imposées par la loi organique 26-16 prévoient l’usage de la langue amazighe dans les documents administratifs, notamment la carte d’identité nationale, le passeport, ainsi que les cartes de résidences destinées aux étrangers vivant au Maroc.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO