Politique

Formation du gouvernement : top départ des négociations

Le premier round des négociations pour la formation du gouvernement sera  entamé dès le début de cette semaine par le nouveau Chef de gouvernement.  Aziz Akhannouch tâtera le pouls des différents partis avant de passer à l’étape décisive de constitution de la coalition gouvernementale.

Semaine décisive pour la formation de la prochaine coalition gouvernementale. Nommé par le souverain Chef de gouvernement, vendredi dernier, Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants (RNI) est chargé de former le nouveau gouvernement. Le top départ des consultations sera donné dès le début de cette semaine, comme l’a indiqué Rachid Talbi Alami, membre du bureau politique du RNI. Le premier round des négociations consistera à tâter le pouls des différentes formations politiques pour déterminer celles qui aspirent à faire partie de la majorité gouvernementale.

Après ce premier filtre, le Chef de gouvernement désigné passera ensuite à l’étape stratégique de formation du gouvernement sur la base des programmes électoraux des alliés potentiels en vue de former «une majorité cohérente, homogène et porteuse de programmes convergents», pour reprendre les propos de Aziz Akhannouch. Le Chef de file des Indépendants devra former une coalition gouvernementale de 198 députés au moins pour avoir la majorité absolue. Pour atteindre ce chiffre, il lui faudra 92 sièges supplémentaires. Qui sera avec le RNI dans la gestion gouvernementale ? Le suspense est maintenu jusqu’au bout. Le deuxième et le second partis sur le podium lui ont déjà envoyé des signaux positifs. Le communiqué du Parti Authenticité et Modernité (PAM) est en effet on ne peut plus clair. Le parti du tracteur précise qu’il «n’a aucune ligne rouge et que le plus important pour lui est le respect de son programme électoral, de ses grandes orientations et de ses principes démocratiques modernistes».

Pour sa part, le Parti de l’Istiqlal  (PI) souligne que la prochaine étape passe par la constitution «d’un gouvernement fort, solidaire et harmonieux capable de mettre en œuvre le Nouveau modèle de développement, avec une grande efficacité, en rupture avec la crise économique et sociale…». Les héritiers de Allal El Fassi aspirent à faire partie de la nouvelle coalition gouvernementale pour pouvoir réaliser une partie de leurs engagements à l’égard des électeurs. Maintenant, il reste à savoir pour quelles formations le Chef de gouvernement désigné optera-t-il. À l’exception du Parti de la Justice et Développement (PJD) qui a subi de plein fouet les foudres des urnes, les autres partis politiques veulent visiblement faire partie de la nouvelle majorité gouvernementale. Si le gouvernement est constitué des trois premières formations politiques, la coalition gouvernementale sera en harmonie avec les majorités qui seront constituées au niveau des conseils régionaux et des mairies des grandes villes.

Les trois partis seront en mesure de peser de tout leur poids à l’occasion de la constitution des nouvelles majorités au niveau local. Forts de leur nouvelle force électorale, le RNI, le PAM et l’Istiqlal prendront les commandes d’une grande partie d’institutions élues. En raison de la spécificité des élections du 8 septembre et du verdict des urnes, la logique veut que les alliances locales soient, cette fois-ci, en phase avec la nature de la nouvelle coalition gouvernementale en vue de créer une homogénéité entre l’action gouvernementale et les efforts déployés au niveau communal et régional. C’est visiblement ce que compte faire le RNI qui a appelé tous ses coordonnateurs régionaux et provinciaux à ne pas se prononcer sur la formation des alliances au niveau des conseils territoriaux jusqu’à ce qu’elles soient approuvées par le comité national des candidatures.

D’après une source partisane, les premiers partis ont déjà tranché la répartition des présidences des conseils régionaux sur la base des résultats obtenus. Une importance particulière est accordée à la présidence des régions dont les compétences devront se renforcer au cours de ce deuxième mandat dans le cadre de la régionalisation avancée. Le futur gouvernement est appelé en effet à lâcher du lest sur certaines prérogatives propres aux régions, mais qui sont toujours détenues par les départements ministériels.

Tout porte à croire qu’il sera, cette fois-ci, plus facile pour le gouvernement de céder des attributions aux conseils régionaux qui sont dirigés par des présidents issus des partis constituant la coalition gouvernementale. Tout dépendra de la nature de la majorité qui sera choisie par le RNI, dont le président a laissé la porte ouverte aux alliances, laissant ainsi libre court à toutes les supputations quant à la nature de la nouvelle coalition gouvernementale ainsi que sur le format de la nouvelle équipe. Le Chef de gouvernement désigné optera-t-il pour un gouvernement ramassé ? Il est encore tôt pour se prononcer sur cette question, selon les dirigeants du parti de la colombe dont certains estiment qu’«idéalement», la participation d’un minimum de partis serait souhaitable pour générer une majorité homogène.

L’expérience montre que tout reste possible durant les tractations pour pouvoir satisfaire l’appétit des alliés et éviter de former une coalition fragile. Le nombre des portefeuilles ministériels est un élément-clé dans les négociations. Fort de 102 parlementaires à la Chambre des représentants, le RNI sera en mesure de négocier confortablement la répartition des portefeuilles ministériels ainsi que la nouvelle architecture gouvernementale qui devra lui permettre de mettre en œuvre son programme électoral, jugé très ambitieux par les autres partis politiques. On s’attend à ce que le parti de la colombe cède la présidence des deux Chambres du parlement à ses principaux alliés en vue de consolider la nouvelle coalition gouvernementale. Mais, rien n’est moins sûr, selon une source partisane. Le principal enjeu, selon les observateurs, est d’éviter les erreurs du passé et de bien répartir les rôles et les responsabilités sur la base d’un programme gouvernemental très clair. Le leadership du nouveau Chef de gouvernement est aussi déterminant pour éviter les blocages et les lenteurs au sein de la majorité gouvernementale.

Quid de l’opposition ?
Par ailleurs, le Maroc a besoin, non seulement d’un gouvernement fort, mais aussi d’une opposition dynamique capable d’assumer pleinement ses missions. Dans la conjoncture actuelle, une coalition gouvernementale élargie n’est pas souhaitable, d’après nombre de politologues qui estiment qu’il faut une forte opposition au sein de la chambre basse. À ce titre, il n’existe pas beaucoup de scénarios. Le Mouvement populaire (MP) et l’Union constitutionnelle (UC) sont des alliés traditionnels du RNI. Ces deux partis, même en dehors du gouvernement, ne seraient pas en mesure d’exercer une forte opposition. Quant au parti de la rose (USFP) , il a de fortes chances d’intégrer le gouvernement.

Pour sa part, le PJD, à cause de son nouveau poids électoral, n’aura pas de marge de manœuvre suffisante pour exercer une opposition solide au sein de l’institution législative. Le temps de parole des députés du parti de la lampe sera, en effet, limité durant les séances plénières. Il sera aussi difficile pour ce parti, qui ne pourra former qu’un groupement parlementaire, de présider l’une des commissions parlementaires permanentes. Il n’est donc pas exclu que l’un des grands partis renforce les rangs de l’opposition.

Allusion faite au PAM qui n’a pas été tendre avec le RNI lors de la campagne électorale et qui s’était plutôt rapproché du PJD, à l’approche des élections. Le parti du tracteur sera-t-il acculé, une énième fois, à se ranger du côté de l’opposition, malgré ses résultats positifs? En tout cas, ce scénario n’est pas dans son intérêt, dans la mesure où il a occupé la deuxième place des élections législatives et communales et la troisième des élections régionales. Ce qui est certain, c’est qu’après des années d’attente, plusieurs membres du parti se tiennent prêts à participer à la gestion gouvernementale. Mais le scénario de l’opposition n’est pas exclu non plus par le PAM qui se dit être prêt à servir l’intérêt général quelle que soit sa position.

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO



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