Tickets-restaurant : les restaurateurs français dénoncent un “titre-caddie”
La prolongation jusqu’en 2026 de l’utilisation des titres-restaurant en France pour les achats alimentaires en supermarché, validée par le Parlement, soulève une vive opposition parmi les restaurateurs. Pour l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), cette mesure marque un détournement manifeste de la vocation première de ce dispositif.
«Le Sénat vient de valider le détournement du titre-restaurant en titre-caddie», a dénoncé l’organisation sur ses réseaux sociaux. Franck Chaumès, président national de l’UMIH branche restauration, ne mâche pas ses mots : «Un manque de courage politique flagrant, guidé par des intérêts personnels, au détriment d’une profession déjà en grande détresse.»
Des pertes estimées à 1 milliard d’euros
Le Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR) abonde dans le même sens. Sa présidente, Catherine Quérard, estime que cette dérogation représente un véritable coup dur pour le secteur : «Cette mesure va entraîner, sur deux ans, une perte de plus de 1 milliard d’euros de recettes en titres-restaurant au profit de la grande distribution.»
Pour les professionnels, le maintien de cette dérogation met en péril l’équilibre économique de la restauration.
«Nous comprenons les difficultés des consommateurs, mais il est urgent de réinventer ce dispositif pour qu’il bénéficie à tous», conclut l’Umih.
Un dispositif en quête de modernisation
Au-delà des critiques, les organisations appellent à une réforme structurelle des titres-restaurant. L’UMIH plaide pour une digitalisation totale et propose la création d’un titre alimentaire distinct, adapté aux nouvelles réalités économiques et sociales.
Dans un contexte de tensions économiques, cette décision, bien qu’adoptée à une large majorité au Parlement, pourrait raviver le débat sur la place des titres-restaurant et leur utilisation. Les restaurateurs, quant à eux, attendent des mesures concrètes pour protéger leur secteur, déjà fragilisé par les crises successives.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO