Pétrole et Gaz : l’Europe accélère sa sortie de la dépendance énergétique russe
Alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pousse les pays producteurs d’énergie comme le Qatar à augmenter leur production de gaz et de pétrole, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, s’est entretenu dernièrement avec ses homologues saoudien et émirati sur une diversification des approvisionnements des Européens en énergie dans le but de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie. Le Drian se rendra aussi cette semaine au Qatar, qui compte parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de gaz naturel liquéfié (GNL).
Les Européens demandent notamment aux pays du Golfe d’accroître leur production pétrolière non seulement pour freiner l’envolée des prix du brut provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine mais aussi pour réduire la part du pétrole russe sur le marché mondial.
L’Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, et les Émirats, également parmi les plus grands exportateurs de brut au monde, ont jusqu’ici évité de prendre position contre la Russie.
Achats groupés en Europe
Par ailleurs, vendredi, les États de l’Union européenne ont décidé de donner mandat à la Commission européenne pour effectuer des achats de gaz groupés, sur le modèle des commandes de vaccins anti-Covid, alors que la guerre en Ukraine fait flamber les prix de l’énergie.
Les Vingt-sept et la Commission «vont, de façon urgente, travailler ensemble à des achats volontaires de gaz, de gaz naturel liquéfié (GNL) et d’hydrogène», en tirant profit du poids économique de l’UE pour bénéficier de prix avantageux, selon les conclusions du sommet de Bruxelles. «L’achat groupé, la capacité à définir ensemble des contrats longs, est le meilleur instrument pour faire baisser les prix. La Commission peut agréger jusqu’à 75% des achats de gaz, soit en renégociant les contrats existants ou en en concluant de nouveaux», a fait valoir le président français Emmanuel Macron.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a souligné que la participation au mécanisme sera volontaire, contrairement au dispositif d’achats en commun de vaccins, qui excluaient les commandes en dehors de la Commission. Soucieux d’isoler Moscou et de priver la Russie de sources de revenus après son invasion de l’Ukraine, Bruxelles veut réduire de deux-tiers, dès cette année, les achats européens de gaz russe.
En regroupant les demandes, Bruxelles entend aussi faciliter les contacts avec les fournisseurs internationaux afin de diversifier les sources d’approvisionnement. La plateforme d’achats en commun de l’UE «sera ouverte aux pays des Balkans occidentaux» ainsi qu’aux trois États liés à l’UE par des accords d’association (Moldavie, Ukraine et Géorgie), précisent les conclusions.
Accord d’approvisionnement en GNL avec Washington
La Commission négocie déjà avec les principaux pays producteurs (Norvège, Qatar et Algérie) et a annoncé, vendredi, un accord avec les États-Unis pour que ceux-ci augmentent leurs livraisons de gaz naturel liquéfié. Après avoir doublé leurs livraisons ces derniers mois, les États-Unis «s’efforceront» avec «des partenaires internationaux» de fournir à l’Europe 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de GNL en 2022.
Les États-Unis sont déjà le premier fournisseur de GNL de l’UE (22 milliards de m3 l’an dernier), même s’ils ne représentent qu’environ 6,3% de ses importations totales de gaz. Une plateforme centralisera les demandes des Vingt-sept. Le gaz ne sera pas nécessairement américain, les États-Unis pouvant aussi, comme cet hiver, rediriger vers l’Europe des acheminements venant d’Asie, selon un responsable américain, ce qui nécessitera «un gros travail diplomatique».
Avec Agence / Les Inspirations ÉCO