L’effet de l’envolée du dollar ressenti à travers le monde
Galvanisé par son statut de monnaie refuge, le dollar est plus fort qu’il ne l’a été depuis des décennies mais les effets de cette envolée se répercutent sur le monde entier, écrit le Wall Street Journal.
« Les investisseurs prennent leurs distances des marchés émergents et les gouvernements qui émettent des titres de créance en devises étrangères font face à des risques plus importants », souligne le grand tirage spécialisé dans une analyse publiée vendredi.
L’indice dollar du Wall Street Journal, qui mesure son évolution face à un panier de 16 devises de référence, a augmenté de 8,7 % jusqu’en juin pour atteindre son meilleur premier semestre depuis 2010. Il a encore augmenté de 1,4 % en juillet jusqu’à jeudi. « Alors que les devises des marchés émergents subissent généralement une pression lorsque les investisseurs affluent vers un dollar fort, celles des pays développés ont également chuté », relève la même source.
L’euro a glissé sous la parité avec le billet vert la semaine dernière, atteignant son niveau le plus faible depuis 2002. La monnaie européenne a été lestée par les perspectives moroses de l’économie européenne et la possibilité d’un arrêt des approvisionnements de gaz russe.
La hausse du dollar a été largement favorisée par le relèvement des taux d’intérêt aux États-Unis. La Réserve fédérale (Fed) a opéré une hausse de 0,75 point de pourcentage en juin, la plus importante depuis 1994.
Les autorités monétaires laissent prévoir une autre augmentation probablement du même niveau à la fin du mois courant.
« Les investisseurs sont également attirés par les États-Unis en tant que source de stabilité relative dans un contexte d’incertitude quant aux conditions économiques à l’étranger », selon le Wall Street Journal. Les investissements étrangers qui investissent dans des actions et des obligations américaines utilisent généralement le dollar, ce qui stimule davantage la devise américaine.
Les marchés émergents ont enregistré de sorties nettes de 4 milliards de dollars en juin, selon les estimations de l’Institute of International Finance, une organisation basée à Washington représentant l’industrie financière mondiale.
Selon l’économiste en chef de l’IIF, Robin Brooks, les sorties de capitaux hors Chine ont été comparables aux chocs macroéconomiques précédents, y compris la crise en 2013 lorsque la Fed a indiqué qu’elle mettrait fin à un programme d’achat d’obligations. Ces sorties restent néanmoins inférieures à celles observées au début de la pandémie de Covid-19, selon le média américain.