Le Kremlin confirme la rencontre Trump/Poutine autour de l’Ukraine
La rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en marge du sommet du G20 et sur fond d’escalade en Ukraine, a été confirmée jeudi par le Kremlin, malgré les menaces du président américain de bouder son homologue russe.
«Washington a confirmé la rencontre», a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, précisant qu’elle aurait lieu samedi «autour de midi» heure argentine et «pourrait durer près d’une heure».De quoi lever le doute que laissait planer l’impulsif président américain: il avait indiqué que «peut-être» il sècherait cette réunion bilatérale, temps fort annoncé du sommet, en raison de l’incident armé entre l’Ukraine et la Russie en mer Noire.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des vingt premières puissances mondiales se réunissent vendredi et samedi dans une capitale argentine sous haute surveillance, sur fond de crise économique majeure dans le pays, et d’appels à manifester.
La rencontre, dixième du genre depuis le premier sommet du G20 à Washington à l’automne 2018, sera rythmée par une ribambelle d’entretiens bilatéraux prévus par Donald Trump, attendu jeudi en soirée à Buenos Aires.
Le président américain, plus à son aise en tête-à-tête que dans les grandes discussions multilatérales, doit en particulier rencontrer son homologue chinois Xi Jinping.
Objectif: tenter d’enrayer l’escalade de représailles douanières entre les deux pays, qui menace la croissance mondiale.
«Nous espérons que les Etats-Unis et la Chine pourront faire un pas l’un vers l’autre et travailler dur pour obtenir des résultats lors de cette rencontre des chefs d’Etat», a dit jeudi un porte-parole du ministère chinois du commerce.
Reste à voir comment les autres protagonistes du G20, groupe qui cumule 85% du PIB mondial, trouveront leurs marques autour des titans chinois et américain. «Le risque est celui d’un tête-à-tête entre la Chine et les Etats-Unis et d’une guerre commerciale destructrice pour tous», avertit le président français Emmanuel Macron dans une interview jeudi au quotidien argentin La Nacion.
En plus des leaders russe et chinois, Donald Trump pourrait avoir une «interaction» avec Mohammed ben Salmane, selon la formulation formulation pudique adoptée par la Maison Blanche.
Le président américain est l’un des plus solides appuis du prince héritier saoudien qui, selon lui, rend bien des services à l’économie américaine en laissant fléchir le cours de l’or noir. Mais ce soutien ne fait pas l’unanimité aux Etats-Unis depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi et alors que la guerre fait toujours rage au Yémen.
Face à l’activisme de Donald Trump, les Européens, bien qu’ébranlés par le Brexit et la montée du populisme, tâcheront de défendre le credo du multilatéralisme, un principe à l’origine même de la première rencontre des leaders du G20 en 2008, en pleine tempête financière. «La France, l’Union européenne considèrent que la façon de répondre à ces situations (de désaccords commerciaux) est à la fois une discussion multilatérale et, deuxièmement, une modification des règles de l’Organisation mondiale du commerce et (non) pas une approche bilatérale faite de pressions sur les différents acteurs», fait-on par exemple savoir au ministère français des Finances.
Ce alors que Donald Trump menace ouvertement ses partenaires commerciaux, dont l’Union européenne, de taxes sur l’industrie automobile, maillon crucial du commerce international.
Dans une note publiée en amont du sommet du G20, le FMI estime qu’à court terme, le PIB mondial pourrait être réduit de 0,75% en raison de l’accroissement des tensions commerciales. Pour les plus optimistes, la signature officielle vendredi d’un nouvel accord commercial entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique montre que l’administration américaine peut renoncer à sa rhétorique martiale.
Reste à savoir si les mêmes Américains sont prêts à signer un autre document à Buenos Aires: le fameux « communiqué final » qui conclut traditionnellement les grandes rencontres internationales.
Selon des négociateurs, la rédaction d’un passage consacré à la lutte contre le réchauffement climatique, très épineuse depuis le retrait américain de l’Accord de Paris, est particulièrement ardue.
Le Brésil, membre du G20, vient tout juste d’illustrer ces tensions. Le pays, qui sera dirigé à partir de janvier par Jair Bolsonaro, président élu d’extrême-droite et climato-sceptique déclaré, a renoncé mercredi à organiser le sommet sur le climat COP25 en 2019.