Conflit au Moyen-Orient : les marchés mondiaux gardent leur calme

Les marchés mondiaux restent prudents lundi, ne réagissant que très modérément aux développements au Moyen-Orient après les frappes américaines contre des installations nucléaires iraniennes qui font craindre un embrasement.
«L’ambiance est tendue sur les marchés financiers alors que les investisseurs évaluent les potentielles répercussions de l’attaque américaine contre l’Iran», commente Susannah Streeter, de Hargreaves Lansdown.
L’Iran a menacé lundi les États-Unis de «lourdes conséquences» après les frappes américaines contre des sites nucléaires iraniens: un site souterrain d’enrichissement de l’uranium à Fordo, ainsi que des installations à Ispahan et Natanz. Israël a de son côté annoncé des frappes d’une force «sans précédent» contre la capitale iranienne Téhéran.
Le monde retient son souffle
Les prix du brut ont bondi de près de 6% à l’ouverture du marché en Asie: le Brent de la mer du Nord a dépassé les 80 dollars le baril, jusqu’à un plus haut depuis janvier, et son équivalent américain, le WTI, a lui aussi atteint un sommet depuis cinq mois. Le sursaut a été de courte durée, le pétrole tempérant largement ses gains. Vers 11H30 GMT, le prix du baril de Brent gagnait 1,37% à 78,07 dollars et son équivalent américain, le WTI prenait 1,43% à 74,90 dollars.
«Le monde retient maintenant son souffle pour voir comment l’Iran va réagir», explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.
Téhéran a menacé lundi de s’en prendre militairement aux Etats-Unis et de leur infliger de «lourdes conséquences» après leur attaque inédite.
«Tout dépend désormais de la réaction de l’Iran, notamment s’il choisit d’armer le pétrole (NDLR : s’en servir comme une arme) en tentant de fermer le détroit d’Ormuz, par où transite plus de 20% du pétrole mondial chaque jour», explique Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.
«Si le détroit venait à être fermé, un choc pétrolier et une nouvelle flambée de l’inflation sont à craindre», estime Susannah Streeter, rappelant que «le souvenir de la flambée des prix après l’attaque de la Russie contre l’Ukraine reste vif». «Beaucoup d’investisseurs restent optimistes quant au fait que l’Iran évitera une riposte totale et un chaos régional, afin de ne pas voir ses propres infrastructures pétrolières devenir des cibles, et d’éviter une escalade qui nuirait à la Chine – son principal client pétrolier», selon Ipek Ozkardeskaya.
Les marchés financiers stables
Pour Andreas Lipkow, analyste indépendant, «les marchés financiers restent calmes et ne cèdent pas à la panique». Côté marchés d’actions, ils affichent «une légère aversion au risque», précise Neil Wilson, de Saxo Markets, «mais pas de forte réaction de panique comme on aurait pu le craindre». Vers 11H30 GMT, la Bourse de Paris perdait 0,71%, Francfort 0,61%, Londres 0,17% et Milan 0,96%.
À Wall Street, les contrats à terme des principaux indices laissaient présager d’une ouverture en légère baisse. Sur le marché des changes, le dollar profite de son statut de valeur refuge. Le billet vert prenait à 0,49% face à l’euro à 1,1467 dollar pour un euro vers 11H30 GMT.
«Les compagnies aériennes (…) subissent des perturbations importantes et des re-routages» en raison du conflit au Moyen-Orient, «tout en étant confrontées à la hausse des coûts de l’énergie», note Patrick Munnelly, analyste du groupe Tickmill. La desserte par Air France (-2,25% à Paris) de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis est suspendue au moins jusqu’à ce lundi inclus en raison du conflit au Moyen-Orient, a-t-on appris auprès de la compagnie aérienne.
À Londres, le groupe IAG, maison mère de British Airways et Iberia, perdait 0,86%, EasyJet cédait 2,50% et Wizz Air 1,03% vers 11H30 GMT. A Francfort, Lufthansa cédait 0,82%. L’action Amrize, que le cimentier suisse Holcim place en Bourse pour s’en séparer, fait des débuts décevants lundi à la Bourse suisse avant son autre cotation prévue dans la journée à la Bourse de New York. Vers 11H30 GMT, l’action Amrize dévissait de 10,37% à 41,30 francs suisses, dans un marché en légère baisse, la Bourse suisse cédant 0,17%. La mise en Bourse prévoit une double-cotation en Suisse et à New York.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO