Afrique : l’investissement dans les renouvelables à un niveau “alarmant”
Seulement 2,6 milliards de dollars de capitaux ont été déployés pour l’éolien, le solaire, la géothermie et d’autres projets d’énergie renouvelable en 2021. L’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya et le Maroc ont, depuis 2010, représenté près des trois-quarts du total des investissements.
En dépit de l’énorme potentiel du continent, les investissements dans les renouvelables en Afrique se trouvent à un niveau «alarmant». En effet, souligne un rapport de BloombergNEF (BNEF) publié mercredi pendant la conférence de l’ONU sur le climat à Charm el-Cheikh, ces investissements se situent en 2021 à leur niveau le plus bas en 11 ans. «Seulement 2,6 milliards de dollars de capitaux ont été déployés pour l’éolien, le solaire, la géothermie et d’autres projets d’énergie renouvelable en 2021, au plus bas en 11 ans», indique le rapport.
Les investissements pour les renouvelables dans le monde ont grimpé de 9% sur un an pour atteindre leur plus haut niveau historique l’an dernier. Pendant ce temps, ils ont chuté de 35% en Afrique, qui ne représente que 0,6% des 434 milliards de dollars investis dans les renouvelables à travers la planète. Ce décrochage du continent, dont la production d’électricité repose encore largement sur les énergies fossiles polluantes et coûteuses, a lieu «en dépit des ressources naturelles exceptionnelles de l’Afrique, de la demande en croissance rapide en électricité et de l’amélioration du cadre politique», note le cabinet d’expertise BNEF.
L’Afrique dispose notamment d’un potentiel évident dans le solaire mais n’abrite que 1,3% des capacités mondiales de cette énergie. Le rapport souligne également la forte concentration des investissements dans quelques pays: Afrique du Sud, Egypte, Kenya et Maroc, qui ont depuis 2010 représenté près des trois-quarts du total. «L’investissement dans les énergies propres en Afrique est à un niveau bas et alarmant», a déploré Michael Bloomberg, émissaire spécial des Nations unies pour l’action climatique.
«Changer cela nécessite des nouveaux niveaux de collaboration pour identifier des projets d’énergie propre viables et leur apporter plus de financements privés et soutiens publics – afin de transformer le potentiel de l’Afrique en tant que leader mondial de l’énergie propre en réalité», a ajouté l’ancien maire de New York. Les auteurs ont identifié des «barrières» qui limitent le déploiement de ces énergies en Afrique, comme l’absence de connaissance des opportunités dans le secteur de la part des investisseurs nationaux ou encore une planification défaillante pour favoriser l’expansion des réseaux électriques.
Le rapport suggère de s’inspirer de pays qui ont réussi à lever ces obstacles avec succès, soulignant par exemple la réussite des appels d’offres au Brésil ou la mobilisation de la Banque nationale de développement du Mexique.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO