Culture

Yousra Mansour : son album « Nayda » fait un carton

Yousra Mansour. Auteure, compositrice et interprète

Yousra Mansour donne un nouveau souffle à la musique marocaine avec son acolyte Brice Bottin. Ensemble, ils créent Bab L’ Bluz, un hommage à la musique ancestrale marocaine qu’ils fusionnent avec le jazz, le funk ou encore la soul. Rencontre avec une hippie des temps modernes.

Comment est né Bab L’Bluz ?
Bab L’Bluz est né suite à notre rencontre, Brice Bottin et moi, qui avons été contactés pour faire partie d’un projet musical mêlant jazz et musique gnawa, en tant que guitariste et chanteuse. Après avoir baigné un moment dans cette ambiance musicale, nous avons tous deux décidé de commencer l’apprentissage du guembri et du awicha (le petit guembri au son aigu) en 2017. Les compositions ont été faites pendant l’apprentissage de l’instrument. Le fait que Brice soit un bon beatmaker, et que j’ai pu rapidement ajouter aux compositions des textes dans ma langue maternelle, la darija, ou en arabe classique, a créé une complémentarité qui nous a permis de donner naissance à des démos très révélatrices.

Pourquoi mixer les musiques traditionnelles marocaines au jazz ou au funk et incorporer des instruments de musique ancestraux ?
Nous faisons partie de cette génération qui a connu, très jeune, le tout début de la globalisation grâce à l’apparition d’Internet, ce qui nous a permis de nous ouvrir, au fil des ans, à différents styles de musique qui ont constitué, en plus de la musique traditionnelle et populaire qui régnait dans nos environnements enfantins, une identité musicale très variée, nous poussant à ne pas nous contenter de copier la manière de jouer les différents styles musicaux, mais de créer quelque chose de nouveau qui représente nos propres identités.

Comment naît un morceau en général ?
Un morceau naît grâce à l’inspiration qui donne naissance à plusieurs autres idées qui se concrétisent lors de l’enregistrement de la maquette. Une fois le son prêt, l’inspiration revient pour donner naissance à une mélodie de chant, un sujet puis des paroles.

D’où vous vient l’inspiration ?
L’inspiration est partout et nulle part. Je pense qu’elle est bien ancrée au fond de nos âmes, et qu’elle vibre sensiblement avec l’extérieur.

Comment vous viennent les textes et les sujets à aborder ?
Les sujets abordés s’imposent tous seuls. Parfois, le seul fait d’avoir un mot qui rime bien avec une certaine mélodie peut ouvrir la porte au reste du texte. Cela peut aussi se faire dans l’autre sens, c’est-à-dire choisir le sujet, faire ses propres recherches dans des livres ou Internet, puis choisir et combiner les mots et les phrases qui riment avec la mélodie.

Comment s’est imposé à vous «Ila Mata» ?
En phase d’apprentissage du guembri, la base d’Ila Mata est apparue «accidentellement»: la boucle du awicha a débouché sur une idée de morceau. La maquette a été enregistrée par Brice grâce sa maîtrise de l’enregistrement sur son studio portable, la mélodie du chant a été directement inspirée par un texte en arabe classique. J’étais, à l’époque, très touchée par le poète tunisien Anis Shoshan, chose qui a très certainement transparu dans le texte d’Ila Mata.

Comment est née votre passion pour la musique ?
Ma passion pour la musique m’accompagne depuis le plus jeune âge. Je me perdais toujours et ma famille me retrouvait en train de danser devant les vendeurs de cassettes, à l’époque. Cela s’est cependant accentué après le décès de mon père. Je sentais que la musique était une manière de me connecter avec son esprit.

Comment avez-vous vécu le confinement en tant que musiciens ?
C’est une période très difficile pour la majorité des musiciens. Nous avons passé la majeure partie du confinement à travailler sur le visuel du groupe, sur de nouvelles chansons, à répondre aux mails, à lire ou faire du sport.

Quelles sont les alternatives qui se présentent aujourd’hui aux artistes, étant donné que les salles de spectacles sont fermées et les festivals annulés ?
Il n’y a pas d’alternative. Aujourd’hui, la situation des artistes de par le monde est très critique, surtout celles et ceux qui vivent de l’argent que génèrent leurs concerts. Plusieurs pays ont débloqué des fonds pour sauver les artistes et le secteur du spectacle, mais à l’échelle globale, une majorité d’artistes ne bénéficient d’aucune aide financière. Nous profitons de cette période pour nous reposer du stress de la vie quotidienne, de la route et des concerts, nous travaillons également sur d’autres créations!

Quelles leçons tirer de cette crise ?
La leçon que nous tirons de cette crise est que nous avons suffisamment abîmé la terre -et pas du tout entendu ses cris de détresse- pour qu’elle prenne sa revanche et qu’elle nous force à avoir un comportement responsable vis-à-vis de notre environnement en tant que consommateurs surtout. Cela nous a aussi appris que l’être humain, qui peut être très dévastateur et violent, est finalement si fragile et vulnérable face à une toute petite chose. 

Jihane Bougrine
Les Inspirations Eco



Gouvernance des EEP : une réforme en profondeur se prépare


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page