Yasmine Chami : “Les jeunes écrivains auront pour tâche de réinventer le monde”
Yasmine Chami
Romancière
Présente au festival Littératures itinérantes, la romancière a bien voulu répondre aux questions des Inspirations ÉCO.
Le thème de cette année est littérature et mémoire, quel point de départ vos réflexions pourraient-elles prendre ?
Je pense que je travaillerai volontiers sur la question des mémoires au pluriel. La littérature explore cette complexité des récits qu’une société ou un groupe d’individus tisse autour d’un même événement. C’est un de ses enjeux.
Comment ce festival tente-t-il de tisser des liens entre les auteurs et leurs lecteurs ?
Je pense que l’enjeu de ce festival est profondément la désacralisation de la littérature et des écrivains. Le public de ce festival est multiple : jeunes, vieux, étudiants, lecteurs de tous horizons sociaux… viennent rencontrer librement des écrivains qui les attendent toute une journée. Ce qui renverse le rapport du savant et du populaire, si j’ose dire. C’est un défi essentiel.
Les jeunes écrivains (aur) ont-ils la capacité de «sauver le monde», comme le leur demande l’essayiste américain Ta-Nehisi Coates ?
Sauver le monde je ne sais pas. Je ne sais pas si notre monde tel qu’il est construit sera sauvé ou est même possible à sauver, tant la prédation et l’injustice y règnent, sans compter l’urgence climatique que les guerres ignorent et relèguent au second plan. Mais les jeunes écrivains auront pour tâche, c’est certain, de réinventer le monde, de produire des récits qui nous aident à sortir de l’impasse que nous vivons aujourd’hui.
Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO