Culture

Tournages de clips au Maroc : la Covid-19 complique la donne

En temps normal, le tournage est toute une aventure, mais en temps de pandémie, l’aventure s’avère douloureuse pour les artistes. Quelles contraintes ont eu à gérer les équipes de tournage pendant cette période de crise sanitaire? Témoignages. 

«Pendant la préparation du tournage du clip, Narrimane et moi gardions en tête que ça pouvait ne pas se faire, mais avons agi comme si tout ‘’allait bien’’ d’une certaine manière, en nous disant que nous allions affronter les embûches qui se présenteraient à nous.» C’est dans cet état d’esprit que l’artiste Amina Bensouda, auteure compositrice et interprète, a entamé le tournage du clip de sa chanson Je te quitte, qui vient de sortir. C’est aujourd’hui un fait connu de tous : la crise épidémiologique a eu raison de bon nombre d’activités économiques, culturelles… Entres inquiétudes, mesures restrictives et conditions financières difficiles, plusieurs artistes marocains ont géré tant bien que mal ces contraintes depuis la survenue de la pandémie en mars dernier. Pour autant, dans la sphère musicale en particulier, ils sont nombreux à avoir tenu bon en produisant leurs clips durant cette période délicate, avec en toile de fond les sacro-saintes mesures sanitaires et de distanciation physique. «Nous avons déployé toute notre énergie pour que ce projet, sur lequel nous travaillions depuis plusieurs mois, voie le jour. Nous avons eu beaucoup de chance pendant le tournage qui s’est étalé sur trois jours, car nous avons échappé de justesse au couvre-feu qui concernait pratiquement toute la France, sauf la région de Bordeaux où nous tournions. D’ailleurs, peu de jours après la fin du tournage, le gouvernement annonçait la reprise du confinement», raconte Amina Bensouda. L’artiste confie que même si le tournage s’est fait dans la douleur, elle a choisi de rester optimiste. Pour Zakaria, musicien, l’amertume est plus perceptible. «Je n’ai pas fait le clip que je voulais», nous avouera-t-il, puisqu’il a dû reporter plusieurs fois le tournage censé être réalisé dans le désert. «Il y a des demandes d’autorisations, trop de restrictions et surtout trop de prises de risques. Pour tourner le clip dans le Sud, il m’aurait fallu un temps fou pour obtenir les autorisations de déplacement pour toute l’équipe. C’est impossible», confie le musicien qui était tenu par une date précise de livraison pour assurer la promotion. Il a finalement dû se contenter d’un clip à la maison, réalisé avec son portable.

S’adapter ou mourir
Le fait est qu’en pareille circonstance, il faut s’adapter ou périr. «Il n’y a plus de scène, nous ne pouvons plus jouer. Il faut trouver une alternative pour survivre. C’est pourquoi, nous avons continué à créer et avons décidé de tourner un clip avec les moyens du bord», explique Zakaria. Quant à Mehdi Ayouch, qui sort tout juste d’un tournage, il estime que beaucoup de rigueur est de mise. «Il nous arrive de nous rapprocher des équipes, parce que nous sommes concentrés. Nous en arrivons à oublier les restrictions», confie le réalisateur qui rappelle que le Centre cinématographique marocain impose une équipe réduite, avec la mise à disposition de masques et de gel hydro-alcoolique pour tous. «Il faut compter trois bavettes par personne pendant une journée de tournage», détaille Ayouch. L’acteur et musicien Fehd Benchemsi a, de son côté, opté pour la réalisation d’un clip à distance, de Los Angeles à Casablanca, en passant par Paris, Cologne, Taroudant… jusqu’au village reculé de Bir Ennasr, dans les collines du sud de Benslimane. Les musiciens ont répondu présent et le projet musical, réalisé par Abderrazak Zitouni, s’intitule Khali Mbara. «Pour éviter les problèmes sanitaires et administratifs, nous avons opté pour un tournage dans la montagne de Beni Znassen dans la région de l’Oriental, un lieu quelque peu isolé», explique Taoufik Fakher, leader et vocaliste du groupe 3riband. «Nous avons aussi choisi des horaires compatibles avec la réglementation en vigueur (de 6 h du matin à 19 h) pour éviter tout problème», poursuit le musicien qui reconnaît que tout s’est passé dans de bonnes conditions. Les tournages se suivent et ne se ressemblent pas. L’expérience n’est pas vécue de la même façon par tous les artistes, mais ils s’accordent à dire qu’ils ne sont pas en mesure de supporter longtemps cette situation. 

Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco



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