Culture

Soutien à la presse. Le prochain Conseil de gouvernement décisif !

Le prochain Conseil du gouvernement est très attendu par les éditeurs de presse. Il sera procédé à l’adoption du décret relatif au soutien de la presse, a annoncé la tutelle mais l’attente des professionnels porte plutôt sur la mise en place d’un contrat-programme qui devra permettre d’encadrer cette subvention.

Si on se fit à l’analyse de la Cour des comptes, les traditionnels marchés, lecteurs et publicitaires, ne suffisent plus pour nourrir le secteur de la presse (papier). La féroce concurrence par la transformation digitale, caractérisée par le glissement du lectorat vers les médias électroniques bénéficiant ainsi du développement des nouvelles technologies de l’information et la migration de la publicité vers l’étranger pour alimenter les géants comme Facebook et Google ne font qu’aggraver l’anémie financière dont souffrent les journaux marocains, qui faute d’un modèle économique alternatif, restent encore dépendants des aides publiques directes et indirectes. En plus de cela, il faut ajouter que le secteur fait face à une baisse de sa part de marché en termes de recettes publicitaires au profit d’autres médias tels que la radio et l’affichage. Dès lors, l’annonce faite par le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laaraj, sur l’adoption du décret relatif au soutien du secteur de la presse, de l’édition et de l’impression lors du prochain Conseil de gouvernement, ne peut être accueillie qu’avec une immense joie ; d’autant plus que le gouvernement est conscient du rôle de la presse dans l’ancrage de la démocratie et de l’encadrement de l’opinion publique tout en sauvegardant les fondamentaux de la liberté d’expression, dira-t-on mais à condition que les critères d’octroi de cette subvention soient allégées pour que toutes les entreprises de presse soient positivement impactées par l’intervention de l’État. D’où la pertinence, semble-t-il, de la proposition de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) qui, soucieuse de mettre en place un cadre réglementaire adéquat au programme d’aide publique à la presse écrite, propose la mise en place d’un contrat-programme dans le cadre de la distribution du soutien au secteur.

 

Selon la présidente de l’association professionnelle la plus représentative du secteur de la presse, Bahia Amrani, qui salue cette annonce, laquelle «intervient dans un contexte très difficile pour la presse», il faut que certains critères soient discutés d’un commun accord entre la tutelle et la FMEJ dans l’objectif de démocratiser l’aide publique à la presse dans le respect d’un certain nombre de normes et règles bien précises. «Un décret reste un décret, donc généraliste», a-t-elle souligné à ce propos. Si la FMEJ n’a pas souhaité détailler sur lesdits critères, pour le moment, de peur d’aller plus vite que la musique de la tutelle et de «braquer tout le monde», pour l’association, l’espoir d’une négociation fructueuse et de la signature d’accords avec Mohamed Laaraj est bien permis. «Nous avons en face de nous un interlocuteur disponible», au vu de nombreux acquis dans le cadre de ce décret qui a subi de nombreuses corrections. «Le ministère nous a d’ailleurs soumis ce décret et toutes nos remarques ont été prises en compte», notamment en ce qui concerne le maintient à six du nombre des représentants de la fédération marocaine au sein de la Commission paritaire de la presse écrite (CPPE), chargée d’étudier les dossiers des entreprises de presse écrite, se félicite la patronne des éditeurs marocains.

Rappelons que la commission est également chargée de délivrer un numéro propre à chaque entreprise de presse écrite qui lui permet de profiter de l’aide publique accordée par les autorités gouvernementales. Parallèlement, elle se réserve le droit de retirer le numéro de CPPE, en cas de non respect de l’une des conditions requises et de le restituer si les conditions sont à nouveau réunies. Enfin bref, les pouvoirs attribués à cette institution sont importants. Seulement voilà, il existe une faible articulation entre les objectifs visés dans les contrats-programmes et les actions financées par l’aide, regrette la Cour des comptes. «Les aides octroyées financent une partie des charges de production, comme prévu par le contrat-programme. Elles sont à hauteur de 40% pour les entreprises de presse nationales et englobent le coût d’impression, du papier presse, de la masse salariale et des charges de téléphones, faxe et internet. Quant à la presse régionale et électronique, ces aides peuvent atteindre 60%», détaille la juridiction financière dans un rapport publié en 2017. Jusqu’ici et depuis 2015, deux contrats-programmes ont été mis en place par le ministère chargé de la Communication avec l’association professionnelle sans parvenir à une mise à niveau du secteur. Et d’ailleurs, il existe encore un flou total sur la «taille» de la subvention pour l’année 2019. Une enveloppe de 80 MDH a été avancée pour toute la presse mais les professionnels sont aujourd’hui dans l’expectative et disent ignorer si celle-ci sera «revue à la hausse, à la baisse ou maintenue» au lendemain de l’adoption du décret. 


Bahia Amrani
présidente de la FMEJ 
Nous avons en face de nous un interlocuteur disponible (…) Le ministère nous a d’ailleurs soumis ce décret et toutes nos remarques ont été prises en compte.


Vers une banque dédiée à la presse ?

L’heure est peut-être arrivée de réfléchir à autre chose, à savoir la mise en place d’une banque dédiée avec des taux préférentiels au profit des éditeurs de presse, en lieu et place d’une subvention quand on sait que la survie de la presse ne réside pas dans les aides publiques directes ou indirectes aux titres. L’idée de la mise en place d’une institution bancaire n’est pas de la FMEJ mais les professionnels n’excluent pas de mettre cette proposition sur la table de la tutelle. «Toutes les idées sont les bienvenues. On y réfléchira et on prendra ensemble avec la tutelle les bonnes décisions», a souligné la présidente de la FMEJ. Rappelons que le nombre de titres bénéficiaires est passé de 41 en 2005 à 95 titres en 2015, dont deux appartenant à la presse électronique, et à 87 titres en 2016 dont 7 appartenant à la presse électronique.


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