Nouveau week-end de l’orchestre philharmonique du Maroc : Dina Bensaïd nous en parle
Dina Bensaïd
Pianiste-concertiste
Mon père garde précieusement son 45 tours des Beatles et ma mère celui de Nina Simone. Quant à moi, quelques années plus tard, j’écoute encore en boucle du Michael Jackson. Vous l’aurez compris, la musique, c’est la nourriture de l’âme, le remède miracle contre le spleen. Seulement, ces dernièraes années, elle a été mise en sourdine… plus de concert, plus de manifestations culturelles. Ce n’est un secret pour personne, pandémie oblige, la culture a été mise à mal durant cette période de pandémie. Contre l’esprit rigoriste qui plombe notre époque, l’orchestre philharmonique du Maroc (OPM) propose, du 28 au 30 janvier, pour son 3e rendez-vous de musique de chambre de la saison, de découvrir «deux trios avec pianos». Dina Bensaïd, la grande pianiste-concertiste, dresse le bilan de cette année où «l’on est passé pas très loin de la catastrophe», pour ce qui est du bilan de la scène marocaine classique de ces derniers temps.
Covid-19 oblige, dans quel état se trouve la scène classique au Maroc ?
Pas très loin de la catastrophe. La culture est clairement l’un des domaines les plus touchés, et ce d’une façon tellement injuste. Elle est plus que jamais nécessaire et vitale ! Toutes les précautions ont été prises pour que les concerts puissent se dérouler dans les conditions les plus sécurisées possibles… Et pourtant, nous sommes les premiers à trinquer des restrictions. Nous avons besoin de jouer, et le public a besoin de venir.
Nouvelle année, nouveaux challenges… quels sont les rendez-vous à ne pas manquer cette année, concernant l’OPM ?
Malheureusement, pour l’instant, les manifestations culturelles sont interdites… donc notre saison est en suspens, en attente d’une permission d’exister de la part des autorités. Nous avons tout plein de projets, les musiciens ont travaillé, les programmes sont prêts, on est dans les starting-blocks.
Justement, vous jouez ce weekend à Rabat, Casablanca mais aussi Marrakech. Est-ce que vous pouvez nous parler de ces nouveaux concerts de l’OPM ?
Ce sont des concerts de musique de chambre. Il n’y a que trois musiciens sur scène, ce qui permet de découvrir les personnalités de l’orchestre différemment. On ne peut pas parler de grand retour. Ça sera le cas quand on pourra réunir 80 musiciens sur scène dans un concert symphonique.
Vous œuvrez pour rendre la musique classique accessible à tous. Comment vous y prenez-vous en temps de crise ?
La musique classique EST accessible à tous, oui, il faut simplement le dire et le répéter, et, autant que possible, faciliter son accès. La crise est indépendante de cette problématique, dans un certain sens. Le côté positif, c’est que le public s’est rendu compte de son grand attachement à l’OPM, et que les musiciens ont vraiment hâte de retrouver le public et la scène. On espère que les retrouvailles seront pour bientôt.
L’heure est a la digitalisation, est-ce que l’OPM compte aussi passer ce cap ?
Nous nous sommes beaucoup digitalisés, sur plusieurs aspects, mais rien ne remplacera jamais le concert live. C’est là que tout se joue et c’est là tout le sens de notre métier. Et heureusement ! Tout ne peut pas devenir immatériel. Il y a des moments et des occasions qui sont irremplaçables et les concerts en font partie, fort heureusement !
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Pouvoir nous exprimer sur scène, tout simplement.
Eliane Lafarge / Les Inspirations ÉCO