Nostalgia Lovers : quand les tubes d’hier rallument les feux d’aujourd’hui

Au Vélodrome de Casablanca, le Nostalgia Lovers Festival a transformé le bitume en piste de danse intergénérationnelle. Du 3 au 6 juillet, les icônes des années 80, 90 et 2000 ont enflammé les cœurs et les corps dans une ambiance électrique.
Il a suffi de quelques accords, d’un beat reconnaissable entre mille, et Casablanca s’est mise à chanter comme un seul chœur. Au Vélodrome, les corps ont retrouvé les automatismes oubliés des années lycée, les refrains ont jailli comme des bulles de soda qu’on aurait trop secoué.
Pas d’écrans interposés, pas de filtres, juste des milliers de visages tournés vers la scène, le regard brillant et les épaules déjà en train de chalouper. Le Nostalgia Lovers Festival venait à peine de commencer que la ville semblait déjà flotter dans un mashup de souvenirs heureux. Jeudi, la première soirée rassemble un plateau XXL.
Thomas Anders, voix légendaire de Modern Talking, embarque la foule dans une vague de hits planétaires. “You’re My Heart, You’re My Soul”, “Cheri, Cheri Lady”, “Brother Louie”… Des refrains qui n’ont pas pris une ride. Boney M Xperience prolonge cette montée en puissance avec “Daddy Cool”, “Ma Baker” et “Rasputin”, dans une ambiance disco-funk survoltée. Londonbeat, de son côté, ravive les souvenirs pop avec “I’ve Been Thinking About You”, porté par des harmonies toujours aussi efficaces.
Des générations sur le même tempo
Les prévisions misaient sur des trentenaires émus et des quadragénaires surexcités. Mais la vraie surprise est venue d’une autre tranche d’âge. «Je suis venue avec ma mère, et je connais presque tout par cœur !», sourit Aya, 22 ans.
À ses côtés, sa mère danse sur «Everybody Dance Now» comme si 1990 n’avait jamais quitté le présent. Sur scène, les artistes rivalisent de générosité et n’hésitent pas à sortir de leur registre habituel. Certains revisitent leurs propres titres dans des versions plus électro ou acoustiques.
D’autres, à la surprise générale, s’aventurent sur des reprises d’autres époques ou d’autres styles, créant des moments suspendus. Ces clins d’œil musicaux, jamais annoncés à l’avance, provoquent à chaque fois des ovations spontanées, comme autant de passerelles entre les décennies.
Whigfield réveille la mémoire collective avec sa chorégraphie culte sur «Saturday Night», pendant que Billy Crawford injecte un groove survolté à ses tubes R&B. Jenny (Ace of Base) et Tania Evans (Culture Beat) font redécouvrir leurs voix puissantes, portées par une énergie de feu. Quant à DJ Joudar, véritable chef d’orchestre des nuits nostalgiques, il enchaîne les sets avec une science du rythme qui transcende les générations.
La fièvre du dancefloor au plus haut
Vendredi, le Vélodrome est devenu un dancefloor géant. Lou Bega, habité par son “Mambo No. 5”, déchaîne les corps en quelques secondes. Las Ketchup, reines du “Aserejé”, déclenchent une danse collective. Double You, Maxx ou Layzee (Mr. President) imposent leur tempo eurodance avec une fougue intacte.
La surprise vient aussi de l’enthousiasme palpable des artistes, certains allant jusqu’à improviser, enchaîner des extraits inattendus, rendre hommage à d’autres figures mythiques de la pop, ou tout simplement s’amuser avec leur public. Une liberté scénique qui donne au festival cette touche unique, entre show millimétré et fête spontanée. Le samedi soir marque un tournant émotionnel. Montell Jordan fait entonner “This Is How We Do It” à une foule compacte et survoltée.
Les Gibson Brothers dégainent leurs classiques “Cuba” et “Que Sera Mi Vida”, entre samba disco et nostalgie pure. ATC, stars du début des années 2000, clôturent la soirée avec “Around the World (La La La La La)”, transformant le Vélodrome en karaoké géant.
Un rendez-vous désormais incontournable
Pas de fausse note pour cette deuxième édition. Le Nostalgia Lovers Festival a tenu toutes ses promesses, entre énergie scénique, surprises musicales et communion générationnelle. Loin d’un simple effet de mode, cet événement s’impose désormais comme un rendez-vous solide, inscrit dans les agendas des amoureux de musique, toutes époques confondues. La nostalgie, bien loin de s’essouffler, vient tout juste de changer de tempo.
Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO