Culture

Musique. Étienne de Crécy : “L’électro est une mauvaise herbe résistante”

Le 6 juillet, la place des Nations Unies de la capitale économique a vibré au son de l’électro. Organisée par l’Institut français de Casablanca avec Casablanca Events & Animation et en partenariat avec La Fondation Hiba et 4S Fest, la 8e édition de La Nuit électro s’est tenue, gratuitement, en plein centre-ville, devant un public enthousiaste.

De 18 heures au mitan de la nuit, le public casaoui, d’abord le familial puis la jeunesse noctambule du quartier, a pu apprécier et danser sur des beats toujours choisis avec soin. Les images de fond de scène étaient une création originale de Jad Mouride, du studio eYz, composée de savantes superpositions graphiques végétales, sous-marines, du film «Metropolis», d’images satellites, urbanistiques (de Casablanca), architecturales et chorégraphiques… Les premiers sets étaient ceux de Miles, DJ et producteur basé à Marrakech, qui explore l’électro, l’acid house et la techno, puis de Codex, un artiste techno qui marie des sonorités puissantes inspirées du cinéma et des jeux vidéo. Chacun restituait un travail préparé dans le cadre du programme Tekwin / 4S Fest.

Cette initiative veut aider à professionnaliser les artistes de musique électronique à travers la formation, la collaboration et la recherche. Le résultat était là. Ont suivi sur la scène, d’abord Saraait, DJ marocaine dont la techno, fortement teintée de house-funk, est portée par un groove imparable, puis Vost, jeune Marrakchi de Marseille, qui revient aux bases d’une rave techno épurée, plus industrielle, mais au groove non moins irrésistible. Au passage de relais, ils ont présenté un morceau produit lors d’une résidence d’artiste au studio Hiba. Il y avait décidément du travail en amont.

Star électro
Tête d’affiche de la soirée, Étienne de Crécy s’est ensuite installé aux platines. Né en 1969, le musicien a commencé sa carrière au début des années 90 comme assistant de Philippe Zdar, alors ingénieur du son. Ils ont tous deux travaillé sur les deux premiers albums de MC Solaar. C’était aussi l’époque des premières raves parties en France.

De fil en aiguille, ou plutôt de vinyle en CD, sous de multiples pseudonymes, les deux compères sortent quelques singles et, avec le nom de groupe de Motorbass, un album intitulé «Pansoul», en 1995. Ce dernier est un classique du genre, tout de suite adopté tant par les dancefloors que par la presse anglaise. En 1996, Étienne de Crécy fonde son label Solid et publie la compilation «Superdiscount», avec Alex Gopher, Air et lui-même, toujours sous noms d’emprunt (EDC, Minos Pour La Main Basse [Sur La Ville] et Mooloodjee…).

Il obtient dès lors une reconnaissance mondiale. Discret ce soir-là sur son engagement personnel, puisqu’au Maroc, Étienne de Crécy fait partie des plus de 1.200 artistes, labels, médias, promotrices et promoteurs, vidéastes, etc., de la scène électronique française qui ont créé le Front électronique, à la suite des résultats des dernières élections européennes et à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale française, convient-il de préciser.

Ce Front a mis en ligne une compilation : «Siamo Tutti Antifascisti Vol.1» («Nous sommes tous antifascistes») réunissant 38 artistes. À la veille du second tour des législatives hexagonales, moins d’une heure avant de monter sur scène, Étienne de Crécy a accepté de répondre aux questions des Inspirations ÉCO. Il a fallu toutefois reposer l’une des questions après sa performance devant une foule euphorique, dont les enfants avaient occupé une bonne moitié du carré VIP en dansant.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO

 


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