Music Exchange Forum : Voix de femmes !

Re Orient organise du 17 au 19 janvier, une rencontre de musiciennes du monde et plus précisément du monde arabe lors de la 4e édition du Music Exchange Forum. L’occasion de faire le point sur les obstacles que peuvent avoir les femmes dans le monde de la musique. Révélations.
Des musiciennes du monde entier se sont donnés rendez-vous à Malmo en Suède le temps de deux jours. Du 17 au 19 janvier, la plateforme ReOrient qui œuvre pour la culture en Suède, organise la quatrième édition du Music Exchange Forum, qui regroupe des musiciennes, activistes et organisateurs de festivals de Suède et du Monde arabe pour échanger et se rencontrer. Une belle initiative qui permet à la musique, loin du maintream, de continuer à vivre et à s’étendre, pensée par Cecilia Hörnell-Sunar : «Ce forum est d’autant plus important aujourd’hui que nous avons tous été secouées par la campagne «metoo» qui a fait le tour du monde».
Pour se faire entendre…
Des 20 participantes de ce forums, des femmes fortes aux parcours inspirants, ressort le même combat. La musique est ce moyen d’exister, de résister, de ne pas sombrer et non pas quelque chose de beau ou d’esthétique. Les chanteuses, pour la plupart musiciennes, multi-instrumentalistes, compositrices et auteures, écrivent des chansons qui ont un sens, qui dérangent même dans leurs pays d’origine. La Palestinienne Rim Banna est bien placée pour le savoir. «Je me voyais devenir activiste, sauver mon pays de l’occupation. Ma mère m’a poussé a chanté, elle m’a dit que c’était aussi un moyen de résister. C’est ce que je fais depuis plus de 20 ans». Un parcours impressionnant pour cette femme au grand talent et aux multiples albums qui a sillonné le monde, qui a chanté aussi bien dans des grandes salles que des camps de réfugiés ou dans la rue pour protester. Après avoir combattu un cancer du sein, des problèmes de poumons et des soucis d’articulation qui la poussent à venir au forum en chaise roulante, une corde vocale paralysée met fin à sa carrière ! «C’était la pire chose qui pouvait m’arriver mais je ne vais pas m’arrêter de me battre, je vais trouver une solution pour continuer mon combat», insiste Rim Banna. Dans la même lignée, la Chilienne Tania Naranjo et l’Irakienne Nadine El Khalidi suivent le même chemin en utilisant la musique pour sauver le monde et en commençant par donner de l’espoir aux camps de réfugiés en Suède dont elles sont issues…
Pour l’égalité des chances
La question de l’égalité des chances a été posée et bien entendu, il est difficile même dans le monde occidental, d’être une femme au milieu d’hommes. «Il est difficile d’être la seule femme dans un groupe de musiciens hommes, d’être ce centre d’attention, parfois pas prise au sérieux, rabaissée à son statut de séductrice», confie la chanteuse et actrice à succès Sofia Berg-Bohm. La Suédoise Elsa Bergman, bientôt mère, se pose la question de comment continuer sa carrière avec un enfant à charge, une question que l’homme ne se pose pas. La question de l’égalité des salaires a également été soulevée ! Mais celles qui ont eu toute l’attention, sont les trois Iraniennes, annonçant qu’elles ont risqué la prison juste en osant chanter devant un public mixte ! «Nous avons risqué la prison parce qu’on a voulu partager notre art à la télévision et devant les gens. Je trouve ridicule de jouer que devant des femmes. Vous savez dans mon pays, on n’a pas le droit de montrer des instruments traditionnels iraniens à la télévision, c’est interdit», confie Ooldouz Pouri laissant l’audience sous le choc. Deux jours ponctués par des ateliers, des conférences, des improvisations, des partages d’expérience, des moments de musique afin de se connaître les uns et les autres et bannir les frontières.