Mostra de Venise 2018 : Damien Chazelle vise la lune

Une sélection triée sur le volet, une ouverture forte, la 75ème édition de la Mostra de Venise commence sur les chapeaux de roues. Damien Chazelle et Ryan Gosling sont les rois de la soirée d’ouverture avec «First Man», un biopic des plus réussis sur Neil Amstrong. Décorticage d’un mi-documentaire mi-drame familial qui fait ressortir toutes les peurs claustrophobes avec sophistication et précision.
Les flashs des photographes se sont figés sur le sourire et le charisme de l’acteur Ryan Gosling, habitué de la Mostra de Venise. Déjà, il y a deux ans, l’acteur avait fait sensation avec «La la land» de Damien Chazelle, quelques mois avant de rafler plusieurs Oscars, à Los Angeles. Cette année encore, on ne change pas une équipe qui gagne. C’est avec le même réalisateur que Ryan Gosling est venu présenter, «First Man», biopic sur Neil Amstrong. Après avoir gagné l’Oscar du meilleur réalisateur en février dernier à tout juste 31 ans, Chazelle compte bien remporter celle du meilleur film, qu’on lui avait arraché lors de la cérémonie, en se trompant d’enveloppe.
Destination : Lune !
Le film a tout pour plaire. Et s’il remporte un Lion, il aura de fortes chances de rafler un Oscar. Il s’agit du biopic d’un rêve américain, d’un «gars ordinaire» plein de doutes qui tente l’impossible et devient le chouchou du monde en accomplissant l’impensable. La mise en scène est propre. L’acteur bankable. L’histoire est racontée avec la précision saisissante d’un Damien Chazelle. «Sa présentation en avant-première mondiale à la Mostra place d’ores et déjà le film en orbite pour les Oscars, comme avant lui «Gravity», «Birdman» ou «Spotlight», longs-métrages présentés eux aussi à Venise avant de remporter de multiples statuettes à Hollywood», prédit un journaliste du Figaro. Le film plonge dans les entrainements éprouvants des astronautes et leur vie intime comme les femmes qui attendent dans la peur. Le rôle d’ailleurs de la femme de Neil Amstrong, Janet Armstrong remarquablement incarnée par l’actrice britannique Claire Foy. Lors de la conférence de presse, les acteurs racontent un tournage éprouvant et émouvant. Il fallait à Ryan Gosling plusieurs heures de maquillage avant de monter sur le plateau. «J’ai pu m’appuyer sur beaucoup de ressources pour le rôle. J’ai été aidé par les enfants de Neil Armstrong, par son épouse. J’ai parlé avec des personnes qui l’ont connu dans son enfance, la NSA aussi nous a ouvert ses portes. Neil était une personne très humble et donc, le défi était de respecter cette partie de son caractère mais aussi de créer des ouvertures pour faire apparaître ce qu’il ressentait», précise Ryan Gosling. De son côté, le réalisateur avoue avoir été au bord de l’épuisement lors du tournage. Il voulait créer ce sentiment de claustrophobie tout en insistant sur cette attente mondiale où tous les regards étaient rivés sur l’astronaute. «Le gros challenge a été la sensation de claustrophobie combinée au fait de savoir que pendant ce temps là tout le monde attend que tu fasses le boulot», reprend le réalisateur. Challenge relevé avec un film linéaire, chronologique classieux et studieux, à l’image du jeune réalisateur. Ce ne sera pas à l’étoffe d’«Un petit pas pour l’homme mais un grand pas pour l’humanité» comme avait prononcée par Neil Armstrong en posant le pied sur la Lune le 21 juillet 1969. Mais «First Man» fera parler de lui à la prochain cérémonie des Oscars, avec plus de chances pour Ryan Gosling cette fois ci, de repartir avec la statuette…