Littérature : “Quand parle le cœur”, le cinquième roman de Mounir Ferram en librairie
Le dernier roman de Mounir Ferram décrypte de manière saisissante l’évolution de la société marocaine à travers l’histoire de Rahma. La jeune fille résolue à fuir l’archaïsme et la misère de son village natal du Haut-Atlas, envisage une carrière de femme de ménage dans la métropole Casablanca. Adoptée par une famille marocaine de confession juive, l’héroïne se lance alors dans une nouvelle quête : venir en aide aux enfants en difficulté. Sa manière à elle de remercier le destin. Le lecteur ne peut qu’être agréablement emporté par un récit haletant et poignant qui aborde les défis sociaux et culturels d’une société marocaine en évolution.
L’humanisme est l’idée centrale de votre dernier roman. Quels sont les événements récents qui vous ont inspiré pour son écriture ?
Mon roman expose et explore des réalités sociales. Il reflète certaines couches de notre société, mettant en lumière les défis auxquels font face les individus et les communautés. Il est bien entendu inspiré aussi par des situations et des faits tels que l’intolérance, l’exclusion et les clivages socio-économiques qui traumatisent parfois notre vécu et le remettent en question. L’objectif est de refléter ces réalités, de rappeler que lorsque nous faisons l’effort de comprendre le vécu et les expériences des autres, nous sommes plus enclins à développer des sentiments d’affection envers eux, de nous défaire de nos préjugés et de nos a priori. Et de comprendre que la fraternité et l’humanité nous sont nécessaires, surtout dans des moments de doute, de fragilité et de crises, semblables à celles que traversons actuellement.
Votre roman est-il aussi une tentative pour mieux déchiffrer l’évolution de la société marocaine ?
Il s’agit d’une tentative subjective d’analyser des combinaisons de destins, de situations sociales autour d’un personnage, Rahma, à travers lequel se révèlent des vécus, se mêlent et s’affrontent des personnages en quête d’un idéal. Effectivement, ceci se passe au sein d’une société marocaine en mouvement, prise au sein d’un processus de développement complexe et multifacette, influencé par plusieurs facteurs : bouleversements socio-économiques, effets des crises répétitives, mondialisation… Il est toutefois important de noter que l’évolution de la société marocaine est un processus continu et dynamique. Il peut générer des ambivalences, des contradictions parfois flagrantes et déshumanisantes comme le cas du personnage de «Quand parle le cœur», amené à s’exiler, à s’arracher à sa famille, en quête d’une vie digne.
Que pensez-vous du débat actuel relatif à l’évolution des droits de la femme marocaine, notamment dans le cadre de la réforme de la Moudawana ?
Je pense que c’est un débat nécessaire et utile à la sérénité et à l’épanouissement socio-économique de notre pays. Il ne nous est plus permis de vivre avec des rythmes désynchronisés de développement et d’accès légitime aux droits, par ignorance ou par injustice, maladroitement ou volontairement, tolérées. Le détournement des filles de l’école, leurs mariages précoces ou l’atteinte aux droits de la femme, en général, fissure notre humanité. Il élargit, malheureusement, les territoires de l’inégalité, tout en touchant à notre vivre ensemble. Bien que des progrès aient été réalisés, il reste des défis à relever qui incluent aussi la nécessité de renforcer la mise en œuvre des lois existantes, d’améliorer l’accès aux services de base et de lutter contre les stéréotypes de genre.
Bio express
Mounir Ferram est titulaire d’un doctorat en communication et géestion d’entreprises de l’université Paris VII et du CNAM Paris. Épris de mots et passionné de littérature, il est l’auteur de plusieurs publications au Maroc et à l’étranger. Son dernier roman «Quand parle le cœur» décrit de manière saisissante l’évolution de la société marocaine à travers le parcours exceptionnel de Rahma, jeune fille du Haut-Atlas, qui fuit la misère de son village natal pour se retrouver adoptée par une famille marocaine de confession juive à Casablanca.
Ahmed Ibn Abdeljalil / Les Inspirations ÉCO