« Les filles du soleil » illuminent Cannes malgré un sujet survolé
Pour cette 71 ème édition du Festival de Cannes, Eva Hudson propose un second long métrage bien loin du glamour « Bang Gang ». Dans « Les filles du soleil », elle raconte le combat d’un commando d’ex- prisonnières kurdes en pleine guerre de Syrie. Un film naïf et presque léger mais néanmoins touchant.
Pour la projection du long métrage en compétition d’Eva Hudson, la réalisatrice a eu le droit à une standing ovation. « Les filles du soleil » n’est certes pas un chef d’œuvre, la cinéaste est même passée à côté d’un bijou cinématographique. Cependant, le film a les bons ingrédients pour gagner la palme d’or. Tout d’abord, il s’agit d’un film de femmes, derrière et devant la caméra. Lors d’une édition où la Présidente du Jury Cate Blanchett a brillé par son engagement féministe, le film ne peut que tomber à pic.
La caméra est braquée sur ces combattantes kurdes , avec une Golshifteh Farahani époustouflante en chef de guerre et une Emmanuelle Bercot convaincante en reporter. Ces femmes fortes, anciennes captives d’extrémistes islamistes, reprennent le pouvoir et s’affranchissent de leurs anciens ravisseurs en se vengeant. Elles prennent les armes pour reprendre leur liberté bafouée, retrouver leur dignité volée. Le message deliberté est beau mais maladroitement délivrée. Bahar (Golshifteh Farahani) commande une unité d’anciennes captives dans une région qui ressemble aux monts Sinjar, au nord de l’Irak, théâtre de la persécution des yézidis par l’Etat islamique. A ses côtés, Mathilde (Emmanuelle Bercot), une journaliste française qui s’aventure dans cette quête de liberté, qu’elle souhaite couvrir malgré la réticence de ses confrères. La journaliste a perdu un œil et a été évacuée sur une moto qui n’est pas sans rappeler le sort de la journaliste britannique Marie Colvin, tuée par l’armée gouvernementale syrienne à Homs en 2012 et de la journaliste française Edith Bouvier, blessée lors du même bombardement.
Le film traite de cette atroce actualité : la vente de femmes et d’enfants comme esclaves sexuels. Impossible de ne pas se sentir concerné par ces horreurs et ne pas être touché même si l’on peut reprocher à « Les filles du soleil », un trop plein de bons sentiments entre deux femmes qui veulent revoir leurs enfants : Bahar cherche désespérément son fils capturé par les extrémistes, Mathilde risque sa vie pour une fille qu’elle laisse seule en France et qu’elle ne peut plus regarder en face. Le film n’est donc pas politique aux yeux de ses femmes qui sont réduites à leur statut de mères encore une fois. L’horreur de la guerre est survolée, le réalisme de guerre n’est pas assez approfondi. Et c’est bien dommage…