Culture

Le digital peut-il remplacer la magie du live ?

La Covid-19 a-t-elle sonné le glas des grands évènements en live ? La question été débattue sous plusieurs angles, à l’entame de la 7e édition de Visa For Music.

«Le digital peut-il remplacer la magie du live ?» La question est posée cette année, contexte oblige, et a ponctué la première journée de festivités de Visa For Music. «Cette édition sera maintenue dans un souci de résilience, mais comme la musique sera toujours une priorité pour Visa For Music, elle se tient en mode digitale et dans les strictes mesures sanitaires», explique Brahim El Mazned, fondateur de Visa For Music. Cette année, les conférences se font en ligne, diffusées en journée sur les réseaux sociaux. Les concerts pré-enregistrés, eux, sont à découvrir les uns après les autres à partir de 20h à raison de quatre concerts par jour, pendant quatre jours.

Live is dead ?
Justement, la question de savoir si le live est définitivement enterré par la Covid-19 a taraudé les esprits lors de la première journée de Visa For Music, dans sa 7e édition. Un panel de professionnels a débattu du thème: «La musique actuelle versus le digital : le virtuel pourra-t-il faire oublier l’émotion du live ?». Dans le panel, Hakim Erajai, manager d’artistes urbains, José Da Silva, producteur de musique capverdien et président de Sony Music Entertainment, Côte d’Ivoire, Amadou Fall Ba, producteur culturel et membre fondateur de l’association Africulturban, mais aussi directeur du festival Festa2H au Sénégal, Moulay Abdeslam Alaoui alias Daox, DJ et fondateur du Moga Festival d’Essaouira et Mehdi Ouhaddi, directeur du Morocco hiphop festival et cofondateur de Zaza live. D’emblée, Mehdi Ouhaddi affirme que le live reste important. Il n’en demeure pas moins, soutient-il, il est «important de trouver d’autres alternatives». Même réflexion du côté d’Amadou Fall Ba, pour qui «il n’y a plus de spectacles depuis six mois au Sénégal. Comme partout dans le monde. J’étais choqué quand les gens ont remplacé le digital par le live. Le sport a continué, les matchs de football se jouent. Pourquoi pas la culture ? Pourquoi ne pas trouver des solutions alternatives ?». La situation est donc telle que pour les acteurs artistiques, «notre industrie fait face à une situation dévastatrice, sans précédent. Nous sommes au point zéro, dans une industrie déjà fragilisée en temps normal», confie Daox, qui a dû annuler le festival Moga avec son équipe, à la dernière minute. Celui-ci rappelle non sans amertume que de nombreux prestataires, responsables de sons et lumières et bookers se retrouvent sans travail. «Nous ne savons pas quand cela va s’arrêter», lance-t-il. Daox rappelle par ailleurs que les Djs, habitués à sillonner le monde, à jouer pour un public qui danse et qui est chaleureux face à eux, vivent aujourd’hui une situation chaotique. Pour lui, même si le digital aide à créer, il ne peut venir que conforter ou accompagner le live, mais pas le remplacer. «Il faut nous soutenir, via des aides de l’État, des sociétés d’auteurs, des sponsors. Au début, c’était sympa de faire des lives de chez soi, mais cela a très vite fatigué. Il faut travailler sur un modèle de vrai spectacle que l’on pourra monétiser, sinon, comment l’artiste pourrait-il être rémunéré ?», questionne, pour sa part, José Da Silva de Sony Music. Parmi les impacts recensés de la crise sanitaire, les experts de l’activité artistique conviennent qu’une bonne longueur d’avance a été gagnée sur le streaming. Cet accomplissement était attendu dans un horizon de trois ans. Avec la 5G, la pandémie a accéléré le processus, soutient-on. Néanmoins, sommes-nous prêts pour le numérique, pour le digital ? C’est là une autre question à laquelle les panélistes ont tenté de répondre. «L’Afrique et certaines régions du monde ont encore à gérer des problèmes de connexion pour les plus chanceux, des problèmes de wifi, de fibres optiques et de cartes bancaires. Comment dès lors parler de digitalisation si un grand nombre de la population n’a ni Internet ni carte bancaire ?», s’interroge Amadou Fall Ba. En tout cas, une donnée est certaine et a fait l’unanimité : l’Afrique a besoin d’un effort collectif pour structurer le secteur en commençant par les bureaux de droits d’auteurs, la problématique des cartes d’artistes et les aspects bureaucratiques. Selon les participants à ce panel, si le secteur ne se structure pas, les artistes ne pourront pas vivre du digital et aucune transition ne sera alors possible.

Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco


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