Le blogging au Maroc, un divertissement ou une petite entreprise!
Dans la culture marocaine, un job est lié à une notion de mérite très concrète et traditionnelle, impliquant de passer un certain nombre d’heures dans un bureau, d’avoir une formation précise, ou d’effectuer des tâches laborieuses pour justifier une rémunération. Néanmoins, le Maroc a connu une évolution rapide du monde des blogs ces dernières années, avec une nette tendance à la professionnalisation, quand seule comptait la passion sans intérêt financier. Mais le fait de gagner de l’argent grâce à un blog, d’autant plus s’il traite de sujets «légers», n’est pas encore considéré comme “un vrai travail”.
D’ailleurs, le blogueur cumule à lui seul plusieurs casquettes qui constituent une profession officielle, rémunérée, dans d’autres structures plus classiques : édition, rédaction, photographie ou illustration, community management, relations commerciales, etc… Le temps consacré à ces activités équivaut aisément, dans certains cas, 35 à 40h de travail par semaine.
Là où le bât blesse, c’est que le blog n’est pas vraiment un média comme les autres; par rapport à un magazine classique, par exemple, il est considéré comme un support plus original. Une personne «normale» y parle en son nom. L’inclusion de pratiques commerciales peut donc être perçue comme un hameçonnage par les lecteurs, qui aspirent naturellement à un idéal de contenus 100% indépendants et gratuits, réalisés par quelqu’un qui leur ressemble et ne prend pas parti du camp adverse (les marques).
“Un blog se monétise via des insertions publicitaires ou sponsoring d’articles ou de photographies. Dans ce dernier cas, il faut alors le préciser au lecteur, pour plus de transparence. Dans certains pays c’est devenu une obligation, si au Maroc ce n’est pas le cas, je favorise tout de même l’honnêteté qui permet de garder cette proximité avec le lecteur”, nous a expliqué Sabrina El-Faïz, qui se présente comme « foodeuse » et fondatrice du site miam.ma.
Engagement moral au sujet de la monétisation du blog
Les lecteurs valorisent largement les blogs proposant une certaine qualité de contenu et un rythme de publication important, tout en restant honnête, sincère et transparent vis-à-vis des marques auxquelles ils donnent une visibilité.
“Si je ne crois pas moi-même à un produit, je n’accepterais jamais d’en faire la promotion. J’ai déjà eu ce type de proposition pour un produit qui s’est cassé entre mes mains dès la première utilisation. Si j’avais accepté le partenariat, j’aurais certes eu un gain financier, mais une immense perte de crédibilité que rien ne peut rattraper. Je préfère donc m’abstenir, car un blogueur c’est aussi un testeur qui doit conseiller ses followers de manière transparente”, nous a déclaré Sabrina.
Équilibre entre monétisation et éthique personnelle
Si le travail est une grande source de satisfaction éthique, il faut avouer en termes plus triviaux que les revenus sont encore assez médiocres – surtout par rapport au temps et à l’énergie qu’un blogueur peut dédier à son activité.
Pour Sabrina El-Faïz, un blogueur “doit se demander s’il utiliserait ce produit pour lui-même, son enfant, ses parents ou un membre proche. Si un ami lui demande s’il devrait acheter ce produit et que sa première réponse est non, évidemment il n’y a plus de question à se poser. C’est d’ailleurs cela qui donne tant de liberté à un blogueur, il a le choix et n’a pas besoin de gros moyens pour faire vivre son blog. Si le blogueur dit d’emblée à ses lecteurs qu’il s’agit d’une publicité, la confiance n’est pas brisée, si au contraire il fait la promotion d’un mauvais produit en faisant croire qu’il est excellent, son éthique s’amenuise”.
Il y a le Fashion Blogging, le nouveau hobby qui fait rêver des milliers de jeunes… Pour les plus célèbres, c’est une vie d’apparence parfaite qui s’offre à eux, entre voyage à l’autre bout du monde, fashion weeks, goodies et hôtels 5 étoiles…Le tout gratuitement…Derrière cette image communément établie, qu’en est-il en réalité ?
Les annonceurs, bien conscients de la puissance et de la portée de l’outil, peuvent payer des blogueurs pour faire de la publicité. Ce sujet reste très tabou auprès de beaucoup d’influenceurs au Maroc qui préfèrent laisser planer le doute vis-à-vis de leurs rémunérations… Mais combien sont-ils payés exactement ? Comment évolue les différentes rémunérations d’un blogueur en fonction de nombre de followers?
«Pour une entreprise ou une agence de presse, le choix du montant d’une rémunération d’un blogueur se définit en fonction du nombre de ses followers, de likes et d’engagement, sur la qualité du contenu ou encore les autres placements de produits effectués. Pour les blogueurs débutants, ils sont souvent rémunérés sous forme de cadeaux», nous explique de son côté une influenceuse casablancaise.
Les blogueurs les plus populaires sont rémunérés pour un post, pour donner leur avis sur des produits à leurs communautés. Une façon déguisée de faire la pub et, au passage, d’empocher l’argent.
Plusieurs blogueurs tentent maladroitement de dissimuler la publicité pour gagner plus, ce qui paraît immoral vis-à-vis des abonnés. Les plateformes VOD comme Youtube ont également pris en compte cette possibilité en obligeant les vidéastes à inclure la mention «communication commerciale» en cas de partenariat sponsoring. A défaut, le contenu est tout bonnement supprimé…