Jazzablanca 2025 : une 18e édition vibrante, entre icônes planétaires et souffle marocain

Casablanca vibre au rythme de Jazzablanca, qui signe cette année une 18e édition aussi exigeante qu’éclectique. Entre légendes internationales et jeunes talents marocains, scènes prestigieuses et concerts gratuits en plein cœur de la ville, le festival transforme Anfa Park et les artères de la métropole en un théâtre musical à ciel ouvert. Retour sur une ouverture flamboyante et sur une programmation qui fait dialoguer les cultures avec justesse et audace.
Chaque été, Casablanca devient le théâtre d’une effervescence artistique unique en son genre. Le festival Jazzablanca, qui a entamé sa 18e édition sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, s’impose plus que jamais comme un rendez-vous incontournable du paysage culturel marocain. Entre scènes internationales et talents nationaux, entre groove urbain et vibrations du désert, cette nouvelle édition révèle l’ambition de faire dialoguer le monde à travers la musique, en faisant de Casablanca un carrefour des sonorités planétaires.
Une ouverture magistrale dans un Anfa Park repensé
Dès le premier soir, la promesse était tenue. Jeudi 3 juillet, Anfa Park, cœur battant du festival, s’est transformé en un espace de communion musicale, où le confort du public et l’immersion sensorielle ont été soigneusement repensés. Nouveaux aménagements, espaces élargis, zones de détente et stands variés ont dessiné les contours d’un véritable lieu de vie. Mais c’est bien la musique qui a donné le ton.
La Scène 21 s’est enflammée grâce à El Comité, collectif virtuose venu de Cuba, qui a inauguré les festivités avec une performance solaire, relevée par l’apparition de Maâlem Khalid Sansi. Une fusion inattendue entre rythmes afro-cubains et transe gnaoua, saluée par un public conquis. Puis vint le moment suspendu de Hindi Zahra.
L’artiste marocaine, de retour sur scène dans son pays, a insufflé une magie rare sur la Scène Casa Anfa. Mêlant folk, blues, chants amazighs et sensualité feutrée, elle a offert un voyage poétique d’une grande intensité. Un souffle profond avant l’explosion finale de la soirée, Seal, star mondiale au charisme intact, a livré un concert magistral. Sa voix a porté haut les hymnes d’une génération, de «Crazy» à «Kiss from a Rose», galvanisant la foule dans une ferveur intergénérationnelle.
Kool & The Gang, Seu Jorge, Black Eyed Peas, la promesse du grand spectacle
Le programme continue d’attirer les foules. Vendredi 4 juillet, le Brésilien Seu Jorge apportera sa touche suave et chaloupée, tandis que Kool & The Gang s’apprête à faire danser Casablanca sur les classiques intemporels du funk. Le lendemain, le 5 juillet, la scène sera confiée à Caravan Palace et aux énergiques Black Eyed Peas pour une nuit électro-rap inoubliable.
Dans les jours suivants, les noms continuent d’afficher une belle diversité, Salif Keita, Ezra Collective, Ibrahim Maalouf, Cory Henry ou encore Macklemore s’inviteront tour à tour sur les scènes d’Anfa Park. La programmation, pensée comme un tissage de genres et de continents, fait dialoguer la soul, le jazz contemporain, le hip-hop, les musiques du monde et les sonorités électroniques avec une cohérence rare.
Avec Glen David Andrews, Casablanca à l’heure de la Nouvelle-Orléans
Autre moment fort de cette programmation urbaine, la fanfare du tromboniste américain Glen David Andrews, qui déambule dans Casablanca les jeudi, vendredi et samedi du festival. Un clin d’œil à la Nouvelle-Orléans et à sa culture de rue, mais aussi une manière d’enchanter la ville, en faisant descendre la musique dans les quartiers emblématiques – de la mosquée Hassan II à El Hank, du Rick’s Café au Marché Central, d’Anfa Place à l’Hôtel Suisse.
Ce choix de la fanfare urbaine n’est pas anodin. Il incarne la philosophie même de Jazzablanca de décloisonner les scènes, d’abolir les frontières entre les genres, les générations, les espaces. Donner à voir et surtout à entendre un art vivant, partagé, accessible.
Une scénographie au service de l’expérience
Cette ambition artistique repose également sur une scénographie repensée. Les deux grandes scènes d’Anfa Park, Casa Anfa et Scène 21, sont pensées pour offrir une immersion sonore et visuelle complète.
Le soin apporté à l’accueil, à la circulation, aux zones de restauration et aux chill zones permet au public de vivre une expérience fluide et agréable, loin des festivals saturés ou impersonnels. C’est un équilibre subtil entre exigence artistique et bien-être du public qui fait la singularité de Jazzablanca.
Un festival miroir d’un Maroc créatif et ouvert
Au-delà de sa programmation, Jazzablanca est devenu au fil des ans un miroir de la vitalité culturelle du Maroc. Sa capacité à attirer de grandes figures internationales, tout en mettant en avant les artistes marocains émergents, traduit une vision d’un pays qui assume ses racines tout en dialoguant avec le monde. Un Maroc pluriel, audacieux, créatif, qui fait de la musique une langue universelle.
Dans un contexte où les festivals se multiplient, souvent dans une logique purement commerciale, Jazzablanca défend une autre approche.
Celle de la rencontre, de l’écoute, de la qualité. En conjuguant exigence musicale, ancrage local et ouverture internationale, il s’impose comme une référence, non seulement au Maroc, mais dans toute la région. Jazzablanca 2025 continue jusqu’au 12 juillet. Que l’on vienne pour danser, pour découvrir, pour écouter ou pour s’émouvoir, chaque soir est une promesse renouvelée de beauté musicale. Et Casablanca, le temps de dix jours, devient capitale du jazz… et bien plus encore.
Jazzablanca en ville, le festival s’invite dans l’espace public
Le festival investit cette année encore les artères de Casablanca à travers une programmation gratuite et festive. La scène «Nouveau Souffle», installée au Parc de la Ligue Arabe, accueillera quatre concerts d’artistes marocains aux univers singuliers. Une invitation à découvrir ce que le Maroc musical a de plus vivant et inventif. Le 4 juillet, ce sont les Daraa Tribes qui ont ouvert cette scène alternative.
Formé dans la vallée du Drâa, ce groupe mêle rythmes sahariens et énergie rock dans un souffle hybride. Le 5, le guembri électrique de Mehdi Qamoum a offert une fusion jazz-funk-gnaoua audacieuse et habitée. Le 11, le Anas Chlih Quintet déploiera un jazz marocain novateur, ancré dans les traditions et ouvert à la modernité. Enfin, le 12, la voix de Soukaina Fahsi clôturera cette série par une relecture vibrante du patrimoine musical marocain, entre flamenco, jazz et musiques africaines.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO