Culture

«Haut et fort» : la liberté d’expression à tout prix !

Après avoir foulé les marches du tapis rouge du festival de Cannes avec les acteurs du film, après avoir été sélectionné pour participer aux Oscars, Nabil Ayouch revient avec «Haut et fort», sorti dans les salles le 3 novembre dernier. C’est un  film à la fois plein de légèreté et lourd de sens que nous livre, une fois de plus, le réalisateur.

Ne vous fiez pas à ses Air Force customisées «Casa Beats» et son sweat-shirt ! Derrière cette «cool attitude», Nabil Ayouch n’a rien perdu de son franc parler et de son envie de dire les vérités qui blessent et que certains préfèrent taire. Tout comme son film aux allures de comédie musicale, à cheval entre la fiction et le documentaire, «Haut et fort» est en réalité une sorte de pamphlet à l’initiative étatique concernant la promotion des jeunes dans les quartiers défavorisés et un hymne à cette jeunesse marocaine en manque de repères et de moyens qui s’efforce d’avancer et de survivre. «Haut et Fort», c’est l’histoire d’Anas, incarné par Anas El Basboussi, un ancien rappeur venu enseigner la culture hip-hop aux jeunes du centre culturel de Sidi Moumen. Un endroit qui n’est pas anodin, puisqu’il s’agit des «Étoiles de Sidi Moumen», la maison de jeunes créée par Nabil Ayouch et Mahi Binebine.

Après leur avoir enseigné l’histoire du hip-hop et ses origines, Anas va leur apprendre à écrire des textes engagés sans pour autant en faire des messages haineux pour régler leurs comptes avec la société. Le rap devient alors l’échappatoire, le seul moyen pour ces jeunes issus des bidonvilles de s’exprimer et de rêver d’un monde meilleur, d’une vie remplie de gloire et de strass et paillettes. «J’avais envie de réconcilier les gens avec ce quartier de Sidi Moumen qui a la réputation d’être une fabrique à terroristes, alors qu’en réalité, il s’agit d’un véritable vivier de talents», nous confie Nabil Ayouch, non sans une certaine fierté. Du talent, ces jeunes en ont, et durant tout le film, ils s’efforceront de le faire valoir auprès leur entourage qui les accuse de véhiculer des idées trop européanisées, parfois même de blasphémer.

Dans ce film, il est aussi question de la place des jeunes dans la société. En filigrane, il s’agit sans doute du film le plus autobiographique que Nabil Ayouch ait pu faire. Le réalisateur a, lui-même, fréquenté la maison de jeune des Cholettes, à Sarcelles, en banlieue parisienne. C’est, d’ailleurs, dans cette même maison de jeunes qu’il a pris goût au théâtre et à bien d’autres activités culturelles qui ont contribué à faire de lui un des réalisateurs les plus prolifiques de sa génération. La figure du professeur, qui est très présente et que l’on retrouve notamment dans «Razzia», sorti en 2018, n’est autre que celle de sa mère, elle-même professeur. «Haut et Fort» est un joli pied de nez à l’initiative étatique, jugée insuffisante par le réalisateur. «La culture a le pouvoir de changer le monde», nous martèle Nabil Ayouch, avec conviction.

L’art, le rap, le hip-hop sont autant de remèdes contre les dogmes et la radicalisation religieuse mais aussi contre la délinquance juvénile, c’est ce que «Haut et fort» véhicule comme message. Comme le refrain de la bande originale (BO) du film «Ghadi Tssem3ou Boom ou n3awdou n7iyaou» (Vous allez entendre un grand boom et nous allons renaître), la jeunesse marocaine a des choses à dire, à revendiquer, elle renaît de ses cendres et prend la parole dans ce film, plus que jamais».

Eliane Lafarge / Les Inspirations ÉCO


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