FIFM : vibrant hommage rendu à Faouzi Bensaïdi
En recevant l’Étoile d’Or des mains de l’actrice Nezha Rahil, son épouse et compagne de route, Faouzi Bensaïdi l’a dédiée à sa mère. Pointant du doigt le cinéma de certitude, le réalisateur, qui est revenu sur son parcours cinématographique, ce militant du cinéma engagé n’a pas manqué de rendre hommage à la cause palestinienne.
L’émouvant hommage rendu à Faouzi Bensaïdi, mercredi soir, est l’un des moments forts de cette 20e édition du Festival international de film de Marrakech. Cette cérémonie a attiré une foule si nombreuse que des centaines de cinéphiles n’ont pas pu assister à cette soirée de gala. Placée sous le signe de l’émotion, la cérémonie d’hommage a été couronnée par la remise au réalisateur de son Étoile d’Or, qu’il a reçue des mains de son épouse et compagne de route, l’actrice marocaine Nezha Rahil. Cette distinction symbolise la reconnaissance de l’apport de Bensaïdi au développement du cinéma marocain aussi bien à l’échelle national qu’en dehors de nos frontières, grâce à sa filmographie, entre autres à Cannes, Berlin, Venise et Toronto. Faouzi Bensaïdi – l’acteur, le réalisateur, le scénariste, le poète et le metteur en scène – a été particulièrement bien entouré, avec une pléiade d’acteurs et comédiens avec qui il a collaboré, tout au long de sa carrière de 25 ans. Parmi eux : Nadia Kounda, Mohcine Malzi, Abdelhadi Taleb, Fehd Benchemsi, Hajar Graigaa et Rabii Benjhaile.
Des films entre petits chemins et bretelles
S’exprimant avec passion à cette occasion, sous les applaudissements du public, le cinéaste a dédié sa distinction à sa mère. «Ce fut très dur pour moi, qui ai passé mon enfance dans les salles de cinéma de Meknès, ma ville natale, d’échouer à un concours d’une école de cinéma», se souvient le réalisateur. «Je n’ai réalisé mon premier court métrage qu’à 30 ans, et pour moi, c’était une deuxième naissance, aussi importante que celle inscrite sur mes documents officiels. Donc, par un simple calcul, mon âge de cinéma est de 25 ans», a-t-il ajouté. Depuis son premier court métrage «La Falaise», réalisé en 1998, Bensaïdi a enrichi sa filmographie avec des oeuvres telles que «Le Mur», «Trajets» (courts métrages), «Mille mois», «What a wonderful world», «Mort à vendre», «Jours d’été» ou encore «Déserts», son dernier long métrage. Les symboles visibles d’une carrièe placée sous le signe du cinéma engagé. «Mes films ne prennent pas les autoroutes, mais les petits chemins et bretelles. Dans mes films, il y a toujours des sorties de route que les spectateurs empruntent pour inventer leurs propres films à l’intérieur des miens, ce qui procure une liberté à l’intérieur de leurs films», insiste-il.
Haro sur le cinéma de certitude
«Tous mes films sont les premiers car le cinéma ne projette pas la certitude, mais le doute, la faille, l’accident et la faiblesse. Aujourd’hui, malheureusement, nous nous dirigeons vers un cinéma de certitude avec la recrudescence des plateformes. Cette certitude est avant tout le début des extrêmes et le début aussi de la fin», regrette le réalisateur, dans un discours teinté d’émotion. Faouzi Bensaïd a profité de la tribune pour dédier une pensée à la cause palestinienne. Il a cité à ce propos quelques vers de Mahmoud Darwich, figure de proue de la poésie palestinienne. À noter, par ailleurs, que cette cérémonie d’hommage a été suivie de la projection du film «Déserts», sélectionné cette année à la quinzaine des cinéastes, en marge du 76e Festival de Cannes. Ce cinquième long métrage du réalisateur marocain est issu des Ateliers de l’Atlas Première, un programme dédié à l’industrie de développement de talents initié en 2018 par le FIFM. À travers ces ateliers, le festival accompagne l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes marocains, arabes et africains et crée un espace d’échange entre professionnels. Pour cette édition, les Ateliers de l’Atlas ont présenté 16 projets en développement et neuf films en tournage ou en post-production issus de 11 pays, sélectionnés parmi 320 candidatures reçues.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO