FIFM. Une compétition au féminin
La compétition officielle a commencé ce samedi 1er décembre avec deux films forts de femmes. «Las Ninas Bien» de la Mexicaine, Alejandra Márquez Abella et «Joy» de l’Autrichienne, Sudabeh Mortezai, ont beaucoup ému un public venu nombreux.
14 films en compétition de plusieurs pays différents où l’on plonge dans une culture, dans un univers différent. «Ce festival est une chance puisque c’est le meilleur moyen de connaître le monde», a précisé un Martin Scorsese ému de retrouver un festival qu’il chérit. Lors de ces dix-septième éditions du Festival international du film de Marrakech, la compétition officielle a commencé sur les chapeaux de roues avec deux films forts de femmes, par des femmes.
Las Ninas Bien, le Mexique bourgeois en déclin
Le film de la Mexicaine, Alejandra Márquez Abella, est une fresque de la société des années 80, la veille de la crise économique qui a frappé le pays. Le film commence telle une chanson de Julio Iglésias, avec une actrice d’une justesse incroyable, une Emilie Blunt latina : Ilse Salas. Un jeu qui frise le parfait, où elle incarne une femme de la haute société sur le point de tout perdre mais qui ne veut pas l’admettre. Son train de vie, ses robes haute couture de New York, son tennis, ses soirées mondaines, ses séances bavardages avec les trois autres «Ninas Bien» sont sa raison de vivre. Comment l’imaginer sans ? Pourtant son mari, Fernando, est en train de faire faillite, la fluctuation du cours du dollar,qui rend la monnaie mexicaine fragile, fait qu’il perd son entreprise familiale, sa maison, sa vie, son statut. Un film d’une intensité rare, sublimé par une réalisation sublime malgré la faiblesse du scénario.
Joy, la prostitution pour sauver la famille
Contrairement au premier long-métrage mexicain, la force de Joy est dans le scénario, l’histoire qu’il raconte. Joy se prostitue dans les rues de Vienne, en Autriche. L’argent qu’elle récolte de ses passes se divisent en deux, une partie pour sa maquerelle, Madame, et l’autre à destination de sa famille, restée au Nigéria. Sa lueur d’espoir, Joy la trouve auprès de sa petite fille pour laquelle, elle veut un avenir plus beau que le sien. La jeune femme est chargée par Madame de prendre sous son aile une jeune recrue, Precious. Mais cette dernière ne semble pas disposer à ce qu’on lui dicte sa destinée. Sa réalisatrice, Sudabeh Mortezai, d’origine iranienne, puise dans la simplicité de ses racines perses et livre un film poignant, malgré la simplicité de la réalisation. Les lenteurs sont voulues, c’est pour mieux insister sur le cauchemar que vivent ces femmes. Tout est suggéré, mais cela n’enlève rien à la force des scènes, au contraire. La scène de viol vécue via les collègues dans la chambre d’à-côté fait froid dans le dos. Un film porté par des actrices touchantes : Mariam Sanusi, Angela Ekeleme et Sandra John.