Culture

Festival de Fès des musiques sacrées : l’Afrique au cœur de la Renaissance

Après une cérémonie d’ouverture remarquable, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde continue d’animer la ville jusqu’au 24 mai. Cette 28e édition, placée sous le thème des «Renaissances», offre une plongée dans la diversité des expressions sacrées et un hommage particulier à l’Afrique.

Présidée par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, la cérémonie d’ouverture de la 28e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde s’est tenue vendredi soir, à la Place “Bab Al Makina” à Fès.

L’événement poursuit son exploration des confluences spirituelles et artistiques, affirmant la thématique centrale de cette année : “Renaissances, de la nature au sacré-création”. Le concert inaugural a offert une illustration saisissante de cette ambition, déployant une succession de tableaux inspirés par la beauté du monde et la richesse de ses expressions.

Dans une scénographie narrative et chorégraphique d’envergure, le spectacle a mis en scène la notion de «Renaissance» comme une impulsion de renouveau culturel, spirituel et artistique, dont le Maroc se veut un modèle. Des dizaines d’artistes, annonciateurs de la programmation diversifiée du festival, se sont produits devant les murailles historiques de Bab Al Makina.

Parmi eux, les femmes de Mayotte, perpétuant le rituel soufi du “Deba”, l’ensemble soufi “Areej” du Sultanat d’Oman, la Compagnie Méhansio de Côte d’Ivoire, les “Kassaïdes” mourides du Sénégal, les Tambours du Burundi, la danse mystique du “Sama” de Meknès, et le chant sacré, interprété par la mezzo-soprano Battista Acquaviva.

Le festival rend hommage à son continent
Cette 28e édition rend un hommage particulier à l’Afrique, un continent dont la vitalité et la jeunesse s’emploient à préserver et à célébrer des traditions millénaires.

«Nous avons voulu rendre cet hommage à l’Afrique, un continent dont la jeunesse veille à préserver et à célébrer ses traditions millénaires, tout en transmettant son héritage aux générations futures, contribuant ainsi à sa renaissance culturelle», explique Abderrafia Zouitene, président de la Fondation Esprit de Fès.

Il a souligné que «cet hommage renforce l’ancrage du festival et du Maroc à ses racines africaines et s’inscrit en droite ligne avec les engagements du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud, conformément à la vision royale ».

La programmation met ainsi en valeur Fès comme source spirituelle et pivot des mouvements de renouveau culturel et religieux à l’échelle continentale.

Un voyage musical et spirituel au cœur de l’Afrique
La richesse et l’éclectisme de la programmation promettent aux festivaliers un voyage à travers diverses expressions spirituelles, allant de l’extase à la méditation. Des artistes venus du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Ghana) et de l’Est (Burundi), de l’Océan Indien (Mayotte), des Caraïbes (Haïti) et des diasporas africaines illustrent cette diversité.

Le jardin de Jnan Sbil est l’un des écrins de ces explorations. Dès le samedi suivant l’ouverture, les femmes de l’île comorienne de Mayotte y ont interprété les chants et danses du Deba, poème mystique accompagnant le retour des pèlerins de La Mecque. Elles ont été suivies par les Maîtres Tambours du Burundi, dont les rythmes puissants ont ponctué une symphonie de la mémoire.

Chaque soir à Jnan Sbil, à partir de 23h, les Nuits soufies invitent à la méditation. Des orchestres et confréries du Maroc et d’Afrique subsaharienne se succèdent, tels que les Master Musicians of Jajouka, les Chants Kassaïdes Mourides du Sénégal, la Tradition Tijâniyya, la Confrérie Aissawa, le Malhoun, et la Hamdouchiya de Meknès. Cette série de concerts met en perspective la richesse et la diversité du soufisme africain.

Explorations artistiques entre héritage et création
Le festival se fait également l’écho d’artistes qui revivifient leur patrimoine musicologique pour le transmettre aux nouvelles générations.

Le Malien Adama Sidibé, dernier joueur professionnel de “sokou”, cette vièle monocorde pastorale, la confronte au violon de Clément Janinet dans leur création “Concerto pour Sokou”, inscrite dans une démarche de “world music”. John Kwame Osei Korankye, grande figure de la “seperewa” (harpe traditionnelle du Ghana), se présente comme le gardien d’une tradition qu’il ouvre à la modernité à travers “L’Art de la harpe Serepawa”.

D’autres formations illustrent une Afrique en mouvement à travers des créations contemporaines. Le saxophoniste et multi-instrumentiste haïtiano-canadien Jowee Omicil, nourri d’Afrobeat nigérian et de spiritual jazz, propose avec “SpiriTuaL HeaLinG” une incantation rituelle fusionnant la puissance de la révolution haïtienne de 1804 à l’esprit du free jazz noir new-yorkais des années 60.

La grande nuit des griots
Le spectacle très attendu de cette célébration africaine interviendra lors du concert de clôture, le samedi 24 mai à Bab Al Makina, avec une «Grande nuit des griots, de l’ancien Royaume Ashanti à l’Empire Mandingue».

Dirigée par le grand Ballaké Sissoko Orkestra du Mali, et avec la participation d’Osei Korankye, cette soirée mettra à l’honneur les griots, détenteurs du savoir traditionnel, conteurs, poètes et musiciens. Pour assurer une large accessibilité, les rues de Fès, notamment aux alentours de Bab Boujloud, vibreront au rythme d’animations gratuites. La troupe «Africa Spirit» présentera le «Zaouli de Manafla», danse de masques traditionnels de Côte d’Ivoire, ainsi que le spectacle «Les Échassiers».

Organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette 28e édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde se poursuivra jusqu’au 24 mai, continuant de tisser des liens entre les cultures et les spiritualités du globe, avec une résonance africaine particulièrement affirmée cette année.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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