Culture

Expo : le retour aux sources de Hind Chaouat

«At Tine wa Azzaytoune» de l’artiste-photographe Hind Chaouat, se tient à la Amharech ArtSpace du 23 septembre au 8 octobre. L’occasion de découvrir ou redécouvrir l’univers aussi authentique qu’intense de la photographe marocaine.

L’installation At Tine wa Azzaytoune est composée d’une photo At Tine et de deux vidéo Azzaytoune L et Azzaytoune R. Le spectateur est face à cette installation qui se tient dans l’espace de la vitrine de la Artspace, dans son interface. L’installation est composée de deux vidéos du même format, qui vont dans les sens contraires : Left and Right. De l’autre côté de l’interface se tient une installation de trois oliviers grandeur nature, dans leur centre une photographie, la photo statique du figuier At Tine, en grandeur réelle. At Tine est une photographie réalisée après plusieurs semaines de confinement. Destiné à être dépoté et planté en pleine nature, l’arbuste se retrouve à subir le même traitement que les humains, coincé sur le petit balcon d’appartement au cœur d’une ville qui elle-même est coupée du monde et surtout de la nature.

À l’heure où la nature se déploie partout dans le monde à l’abri de la pollution, At Tine se retrouve coincé dans un pot comme asphyxié. La vidéo de base, qui a servi à la réalisation des deux vidéos, Azzaytoune L et Azzaytoune R, a été filmée une année avant la pandémie, pratiquement jour pour jour. Elle a été tournée dans la région de Fès. «C’était la dernière fois que j’étais allée là-bas, dans le cadre de ma résidence sur le thème de la permaculture», explique la photographe. Azzaytoune L représente le paysage de gauche sur lequel les oliviers défilent de façon accélérée sur les cinq premières secondes, puis au ralenti. Azzaytoune R représente le paysage de droite sur lequel les oliviers défilent au ralenti, puis il y a une accélération sur les cinq dernières secondes. C’est cet alignement qui est important dans la démarche de l’artiste. «J’ai voulu mettre l’accent sur notre rapport au temps qui n’est pas du tout le même lorsqu’on est libre et qu’on en dispose comme bon nous semble. Lorsqu’on est confiné, on le subit comme s’il était figé pour l’éternité. Le spectateur pourra aussi ressentir cet inconfort que nous avons senti au tout début du déconfinement, une fois qu’on nous a rendu notre liberté, mais qu’on n’arrivait toujours pas à savoir si le temps défilait ou s’il était encore figé. La musique est le morceau Inas Inas de Rouicha, ce chanteur amazigh que mon père écoutait souvent quand j’étais enfant. J’ai mis juste les notes jouées au gambri, pas de paroles», confie Hind Chaouat , artiste plasticienne, née à Fèsen 1979. Elle vit et travaille entre Casablanca, Paris et Palerme. Enfant polyglotte, Hind Chaouat bénéficie d’un enseignement dont la pédagogie repose sur l’éducation sensorielle et kinesthésique. Lauréate d’Icart Photo du Groupe EDH à Paris, l’artiste est également titulaire d’une maîtrise AES de l’université des Sciences sociales de Toulouse.

En 2016, Hind Chaouat réalise la vidéo «Flawlessness» qui dénonce la violence à l’encontre des femmes et remporte plusieurs prix. C’est à partir de cette date que ses travaux sont connus et reconnus sur la scène internationale. L’artiste s’engage depuis une quinzaine d’années dans le déploiement d’une œuvre qui bouscule les codes et les idées reçues. Aux frontières de la photographie d’art, de publicité et de mode, elle s’acharne à brouiller les pistes. «Hind Chaouat a son propre style et manière personnelle de représentation des paysages qui lui font face. Travellings passagés teintés de la douceur du jour en pastel d’une nature sauvage : c’est ainsi que nous pouvons décrypter son art. La vidéo présente des extraits de performances sensorielles soupçonnées de nostalgie. L’artiste, généralement sulfureuse, propose ici la simplicité qui est si complexe dans la nature. Source de vie… oliviers… espérance… figuier… suffisance, ainsi soit-il ! Le travail de Hind Chaouat nous ramène à protéger la nature en montrant une vidéo presque kubriquienne baignée de vérité», souligne Nawal Amharech, directrice de la Artspace.

Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco


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