Culture

Dans les coulisses de la Mostra de Venise

Malgré les nombreuses réticences, le Festival international du film de Venise qui a fait son lever de rideau, le 2 septembre, continue son bout de chemin sans sourciller. Malgré la crise sanitaire, la Mostra entame sa deuxième semaine avec assurance, sans s’essouffler, et en durcissant les règles du vivre ensemble sans se contaminer. Coulisses du deuxième acte.

La deuxième semaine de la Mostra de Venise a commencé avec toute l’énergie et le bonheur qu’elle a connus le week-end de son ouverture. Petit à petit, les doutes ont fait place à la magie du cinéma, les salles sont pleines à 50%, les spectateurs occupant une place sur deux. Il y a un semblant de normalité dans cette 77e édition qui a défié la Covid-19 et la crise sanitaire pour faire exister le 7e art.

Un festival en petit comité
Cette édition, des plus inédites, s’est faite dans l’engagement et la solidarité. Tout le monde joue le jeu, les masques sont de mise partout, la distanciation physique est désormais acquise. Tout est mis en œuvre pour réussir la fête du cinéma sous de meilleurs auspices. «On ne sent pas le côté blasé cette année, tout le monde se sent chanceux d’être là, c’est agréable malgré tout», confie Hugo Emmerzael, journaliste hollandais. Cependant, la plupart des journalistes viennent d’Europe, ou du Maghreb. «Les Américains, les Canadiens, les Mexicains et les Asiatiques sont très peu nombreux cette année malheureusement», affirme la responsable du service presse étrangère qui insiste sur le fait que les journalistes hors espace Schengen sont obligés de subir le test deux fois pendant la durée du festival pour s’assurer que tout va bien. Des journalistes néanmoins heureux d’assister aux projections d’une édition riche en films forts.

Films puissants et engagés
Plus féminine que d’habitude et issue du monde entier, la compétition est des plus intéressantes cette année. En parallèle, les autres sections ont aussi leur mot à dire. Si Pieces of Woman des Hongrois Kata Weber et Kornél Mundruczó a choisi de s’attaquer au sujet délicat de la perte d’un bébé à la naissance, Miss Marx de Susanna Nicchiarelli met en lumière la fille du père du mouvement socialiste et son combat féministe alors que One night in Miami de Regina King suit Malcom X, Sam Cook, Mohamed Ali et Jim Brown dans la nuit de tous les changements où le «Black lives matter» résonne encore plus fort. Dans les sections parallèles, les premiers films sont le terrain de jeu de nouvelles voix et nouvelles visions tel Giovanni Aloi qui se permet un film sur une guerre invisible dans Third War comme s’il avait anticipé ce que le monde allait vivre. Ismael El Iraki, quant à lui, porte haut et fort le drapeau du Maroc avec Zanka Contact, un film sur la ville blanche, sa nostalgie du rock des années 70 et surtout ses vieux démons et traumatismes. Les films de cette édition sont comme la vie en festival, ils respirent l’urgence de vivre et l’espoir d’un monde meilleur malgré la noirceur. Un pari presque gagné du plus vieux festival du monde.
Rendez-vous le 13 septembre pour le bilan : «Est-ce que la Mostra avait raison de se tenir; en avait-elle le droit ?»

Jihane Bougrine, DNES à Venise / Les Inspirations Éco



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