Culture

Culture: le cinéma marocain en crise

Les producteurs, distributeurs et exploitants de salles de cinéma sont furieux. Grands oubliés des mesures d’assouplissement des restrictions anti-coronavirus, ces derniers ont le sentiment d’être sacrifiés par le gouvernement pour sauver la vie d’autres secteurs.

Après de longs mois de « privation» de liberté, le gouvernement a annoncé, jeudi 20 mai, l’assouplissement, en vigueur depuis vendredi, des restrictions liées à la pandémie, dont le couvre-feu nocturne. Une décision qui fait suite à la baisse des cas de contamination. En effet, l’épidémie est en net recul dans le royaume où plus de 516.000 cas ont été officiellement enregistrés.

Concrètent, le couvre-feu nocturne, imposé depuis fin décembre et renforcé durant le mois de ramadan, sera en vigueur de 23h00 et 4h30 à partir de vendredi, contre de 20h00 à 6h00 auparavant. Les commerces, restaurants et cafés respirent à nouveau. Cependant, les autorités se veulent toujours prudentes. C’est dans cette optique que les fêtes, rassemblements, manifestations et funérailles demeurent interdites et les salles de cinéma restent fermées. Une prudence qui n’a pas manqué de faire grincer des dents les grands oubliés de cet allègement, lequel intervient alors que l’état d’urgence sanitaire, en vigueur depuis plus d’un an, a été prolongé il y a quelques jours jusqu’au 10 juin.

«Nous sommes morts et ils vont nous enterrer»
Et s’il y a des professionnels qui ne cachent pas leur colère, ce sont bien les producteurs, distributeurs et exploitants de salles de cinéma qui crient à l’asphyxie. Ces derniers ont le sentiment d’être les «agneaux du sacrifice» de la Covid-19 au moment où «d’autres se remplissent les poches». «On nous sacrifie pour sauver la vie des autres», s’emporte Pierre François Bernet, fondateur et CEO de Cineatlas.

«La culture est le cadet des soucis du gouvernement alors que les gérants de salles de cinéma, qui n’ont plus aucune recette, ont des charges fixes à payer», déplore le producteur qui a dû se séparer d’une vingtaine d’employés à cause de la crise. Et le plus difficile pour un professionnel de la trempe de Pierre François Bernet, qui revendique 25 ans de métier dans le cinéma, c’est le peu de possibilités de reconversion qui s’offrent. De toute façon, notre interlocuteur «ne veut pas se reconvertir dans autre chose».

Et s’il le voulait, ce serait presque un vœu pieux. «On ne peut ni vendre nos salles de cinéma, les acheteurs ne se bousculant pas, ni les transformer en établissements de commerce, par exemple, car l’État nous l’interdit», explique Boudih Houssein Al Hosain Boudi, président de la Chambre marocaine des salles de cinéma. «Nous sommes morts et ils vont nous enterrer, voilà tout», s’emporte–t-il contre le gouvernement.

Impuissants face à la décision de l’Exécutif de ne pas réouvrir les 27 salles de cinéma que compte le Maroc et après 14 mois de «galère», les producteurs, distributeurs et exploitants des établissements de spectacles veulent, cependant, livrer une dernière bataille avant de jeter les armes. Ils vont, en effet, porter plainte devant un tribunal administratif, du moins pour certains d’entre eux.

Selon les spécialistes, toutes les conditions sont réunies pour une réouverture des salles de cinéma. En effet, aujourd’hui, si la Covid-19 n’a pas été totalement vaincue, tout porte à croire qu’on s’achemine vers des lendemains meilleurs. La campagne nationale de vaccination, lancée fin janvier, a permis à 7,2 millions de Marocains de recevoir la première dose du vaccin contre la Covid-19, et 4,7 millions d’entre eux ont reçu la seconde dose, selon les autorités.

Ce n’est pas encore la victoire définitive mais c’est assez suffisant pour permettre aux professionnels du secteur du spectacle de reprendre les activités. Il faut rappeler que les employés des exploitants de salles ont reçu du soutien de l’État mais «nous sommes bien placés pour comprendre que les ressources de l’État ont leur limites et savons désormais que sur 14 mois de fermeture, seulement 7 mois de charges fixes seront couverts pour les exploitants de salles, et encore partiellement. Nos employés ont été contraints de diminuer leurs ressources de 10% à 80% selon leur statut, ces 14 mois derniers mois, au nom de la santé de tous», déplorait la Chambre marocaine des salles de cinéma (CMSC) dans un courrier daté du 4 mai et adressé au ministère de la Culture.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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