Culture

Confinement littéraire: des livres d’aujourd’hui et d’hier

Puisque lire est toujours une bonne idée, confinement ou non, voici un tour d’horizon des livres d’aujourd’hui et d’hier. Des livres qui font écho à l’actualité et à ce que l’on vit aujourd’hui. Découverte…

Americanah
Chimamanda Ngozi Adichie

«En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire». Voilà le résumé d’un roman dans l’ère du temps, qui fait hélas écho à la situation sans précédent que vivent les États-Unis aujourd’hui. Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés? Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria. À la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d’ombre, Americanah est une magnifique histoire d’amour, de soi d’abord mais également des autres, ou d’un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés sur la race ou le statut d’immigrant, et parcourt trois continents d’un pas vif et puissant.

La Voleuse d’hommes
Margaret Atwood

Trois amies déjeunent ensemble dans un restaurant à la mode. Elles se sont rencontrées étudiantes, se sont croisées, consolées et retrouvées à travers les années. Bien que très différentes, elles ont en commun de haïr Zenia – créature éphémère et mystérieuse, au passé obscur, qui a volé à chacune son homme, trahissant l’amitié et la confiance qu’elles lui avaient offertes. Depuis qu’elles ont appris sa mort par les journaux, les trois femmes respirent. Mais voilà que la porte du restaurant s’ouvre et que Zenia entre. «Basé sur une extrapolation d’un conte de Grimm, le roman de Margaret Atwood n’est pas un pamphlet sur la guerre des sexes, mais une analyse extrêmement drôle des rapports humains en cette fin de XXe siècle. Que vous ayez une femme, un mari, un amant, les pieds plats, les oreilles décollées ou tout cela à la fois, vous pouvez être sûr de trouver votre portrait dans La Voleuse d’hommes», avait écrit Libération.

Rêves de femmes
Fatima Mernissi

«Je suis née en 1940 dans un harem à Fès». Ainsi commence le récit de Fatima Mernissi, évocation d’une enfance dans la médina d’une des cités les plus prestigieuses du Maroc. À travers le regard curieux et volontiers frondeur d’une petite fille, c’est à une plongée dans l’univers clos des femmes que nous convie l’auteur. Des plus traditionnelles aux déjà féministes, anciennes esclaves ou combattantes contre les Français ou les Espagnols, conteuses puisant leur répertoire dans Les Mille et une nuits, amoureuses des chanteurs égyptiens, elles rêvent, sur les terrasses de Fès, à un monde où il n’y aurait plus de barrières, où l’espace serait désormais ouvert. Un récit enchanteur en forme de conte où le réel et l’imaginaire, le merveilleux, l’humour et le tragique tissent un quotidien borné aux limites du harem. Y filtre malgré tout le vent de l’histoire, de l’indépendance et d’un avenir où leurs filles auront leur place et un destin à la hauteur de leurs rêves.

L’Échelle de la mort
Mamdouh Azzam

Roman court et dense, L’Échelle de la mort commence par la mort d’une jeune femme, Salma. Accusée d’avoir souillé «l’honneur de la famille», elle a été condamnée par ses proches à périr lentement, cruellement, dans le secret d’une cave obscure. L’auteur excelle dans la restitution de l’atmosphère à la fois austère et lubrique d’un village où les crimes d’honneur continuent à être commis impunément et sans susciter la moindre compassion. «Dans les cloaques de la mort où le célibat les avait enterrées depuis si longtemps, elles s’étaient redressées, la sève de la vie circulait à nouveau dans leurs veines et, telles des lionnes, elles s’étaient à nouveau élancées dans le monde». «Elles», ce sont les protagonistes de L’Échelle de la mort, le bref roman de l’écrivain syrien Mamdouh Azzam. Un roman puissant.



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