Culture

Cinéma : le nouveau Captain America, bouclier de la diversité

Marvel Studios présente «Captain America : brave new world», un thriller d’action réalisé par Julius Onah, qui propulse Sam Wilson au cœur d’un complot mondial menaçant la stabilité de la planète.

Le personnage de Captain America a été créé en 1940. La visée de la bande dessinée était éminemment patriotique. La démocratie, alors, ne pouvait que triompher du nazisme. Aujourd’hui, ce film de la franchise Marvel cinematic universe (MCU) est produit par Disney.

Cette dernière compagnie vient de passer quelques années à résister à la pression du gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Parfois avec humour : en 2022, ce dernier avait réussi à imposer sa propre équipe pour constituer le comité directeur du district du parc d’attractions Disney World. Mais ce n’était que pour s’apercevoir que le précédent comité, juste avant son départ, avait retiré tout pouvoir décisionnel à l’institution, ne lui laissant que la gestion des eaux usées.

Le texte stipulait, en toutes lettres, que : «La présente déclaration restera en vigueur jusqu’à vingt et un (21) ans après la mort du dernier survivant des descendants du roi Charles III, roi d’Angleterre, vivant à la date de la présente déclaration», à la manière des anciens contrats britanniques. Finalement, durant l’été 2024, le gouverneur et la compagnie ont trouvé un accord pour travailler ensemble et abandonner tous les procès engagés de part et d’autre. Le secteur touristique représente 10% des emplois, dans l’État de Floride.

Un nouveau Captain
Il semble que la production a ainsi saisi quelques enjeux de l’époque. L’écriture et tournage du long-métrage datent de bien avant la dernière élection présidentielle et le salut nazi et/ou afrikaner d’Elon Musk. Néanmoins, voir l’acteur noir Anthony Mackie tenir le bouclier de Captain America prend aujourd’hui bien de la saveur.

La passation entre Steve Rogers, premier détenteur du grade, et Sam Wilson (Mackie) remonte toutefois à «Avengers. Endgame» (2019). Le MCU est pointilleux sur ce genre de détails. Qui plus est, l’acolyte du Captain, Joaquin Torres alias le Faucon, est joué par Danny Ramirez. Ce sont donc deux représentants des plus importantes minorités du pays qui ont le devoir de le sauver. Le réalisateur Julius Onah est lui-même d’origine nigériane.

À tout ceci s’ajoute la présence de rien moins qu’Harrison Ford dans le rôle de Thaddeus Ross. Ancien ennemi des super-héros et autres mutants, il vient d’être élu président des USA au début de l’histoire et affirme qu’il a beaucoup changé. Il veut charger Captain America d’une mission, mais celui-ci pourra-t-il lui faire confiance ? Dans les limites du genre des films de super-héros, l’aspect thriller politique tient la route pendant les deux premiers actes. Le troisième pourra paraître un peu décevant. Toutes les recettes classiques, ou presque, sont au scénario. La paranoïa anti-gouvernementale est un des ressorts, mais peut-elle être une fausse piste ? Si cette astuce est un des piliers de la culture pop, voire du folklore américain, on peut observer aujourd’hui les ravages qu’elle peut faire en politique.

Le vieil anti-intellectualisme non moins américain est aussi présent : le super-vilain, monstrueusement cérébral, a inventé un moyen de contrôler les esprits. Le «mind control» est un autre des fantasmes du pays, hérité de la Guerre froide.

L’un des films exemplaires sur ce dernier thème s’intitule «The Manchurian candidate» («Un crime dans la tête», 1962, et un remake en 2004, pendant les années Bush), dans lequel un candidat à la vice-présidence s’avérait littéralement être la marionnette d’une puissance ennemie. Outre-Atlantique, beaucoup repensent à ce film, ces jours-ci.

Sauver l’Amérique et la paix mondiale
La bataille pour sauver les valeurs de l’Amérique – et la paix mondiale – repose sur les qualités individuelles du Captain. Celui-ci n’est pas un «super-soldat», ni un mutant, mais un militaire ordinaire, issu de la classe moyenne, avec un costume hyper technologique et un bouclier fait d’un métal extraordinaire. Il va devoir assumer ses nouvelles responsabilités et son rôle de leader, ce en quoi le film prétend faire de la psychologie. Quoi de plus américain, en effet ? Le sous-titre «Brave new world» est emprunté au célèbre roman d’anticipation d’Aldous Huxley («Le meilleur des mondes», 1931).

Cependant, l’on en reste très loin. Sous le nez des spectateurs, en revanche, les placements de produits sont immanquables, de la marque de la voiture du Captain à ses ordinateurs, en passant par le vélo d’intérieur du président.

Enfin, après un étrange combat aérien et naval dans l’océan indien, à peu près convaincant, le grand final est l’apparition d’un Hulk rouge à la Maison-Blanche. Il vaut beaucoup plus, lui aussi, par l’allégorie politique (involontaire ?) que par ses effets spéciaux. Cependant, le Hulk rouge n’est pas blond et, à l’écran, ce n’est pas le Capitole qui est saccagé.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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