Culture

Cinéma : Jean Luc Godard, l’agitateur du 7e art

Le monde du 7e art est en émoi après la disparition, mardi 13 septembre, de Jean Luc Godard à l’âge de 91 ans. Il restera comme l’un des réalisateurs les plus influents des deux côtés de l’Atlantique. Un génial provocateur qui a révolutionné le cinéma pour ses inconditionnels, un intello torturé aux films incompréhensibles pour ses détracteurs 

Qui n’a jamais vu un film réalisé par Jean Luc Godard ! Agitateur de la Nouvelle Vague, le cinéaste franco-suisse a dynamité les codes du cinéma avec des films résolument novateurs, d’«A bout de souffle» à «Sauve qui peut (la vie)». Jean-Luc Godard est mort mardi à l’âge de 91 ans, emportant avec lui un pan de l’histoire du 7e art. «Ce fut comme une apparition dans le cinéma français. Puis il en devint un maître. Nous perdons un trésor national, un regard de génie», a réagi le président Emmanuel Macron. Il n’est évidemment pas le seul, une pluie d’hommages a été rendue à ce monument du cinéma.

En effet, «JLG», comme on aimait l’appeler, restera comme l’un des réalisateurs les plus influents des deux côtés de l’Atlantique. Un génial provocateur qui a révolutionné le cinéma pour ses inconditionnels, un intello torturé aux films incompréhensibles pour ses détracteurs.

Avec sa mort, un chapitre de l’histoire du cinéma se clôt, aux plans inoubliables : Bardot nue sur un lit, susurrant «Tu les aimes mes fesses ?» («Le Mépris»), Belmondo, le visage barbouillé de bleu, bardé de dynamite («Pierrot le Fou»), Jean Seberg et son New York Herald Tribune vendu à la criée sur les Champs-Elysées («A Bout de souffle»)… «Et Godard créa le Mépris et c’est à bout de souffle qu’il a rejoint le firmament des derniers grands créateurs d’étoiles…», a réagi Brigitte Bardot sur les réseaux sociaux.

C’est par ce dernier film que Godard, critique aux Cahiers du cinéma né à Paris le 3 décembre 1930, s’est fait connaître. Le premier long-métrage de celui qui sera plus tard étudié dans les écoles de cinéma lance aussi la carrière de Jean-Paul Belmondo. Godard, qui entend tourner le dos au vieux cinéma français d’après-guerre qu’il déteste, restera comme le chef de file des réalisateurs de la Nouvelle Vague avec François Truffaut. «Godard est le plus grand cinéaste du monde», n’hésitait pas à dire ce dernier. Il «n’est pas le seul à filmer comme il respire, mais c’est lui qui respire le mieux».

Pour beaucoup de cinéastes, par sa liberté, son affranchissement des formes, Godard aura une influence majeure. L’Américain Quentin Tarantino allant jusqu’à baptiser sa maison de production «Bande à Part», le titre d’un film de Godard sorti en 1964. Mais jusqu’à sa mort, «JLG», dont les films et déclarations se feront de plus en plus indéchiffrables avec les années, n’a jamais cherché à faire l’unanimité. Et certains jugent son oeuvre plus hermétique et pédante que profonde, plus ennuyeuse qu’énigmatique. Car l’artiste au regard caché par des lunettes noires, cigare aux lèvres, ne tournait pas comme les autres, ne montait pas comme les autres et entretenait un rapport particulier avec les acteurs et les actrices qu’il ne ménage pas.

Il était aussi …

Provocateur né, Godard était aussi une figure importante mais inclassable pour la gauche. «L’Helvète anarchiste», selon les termes des organisateurs du Festival de Cannes qu’il contribue à faire annuler en mai 1968, était à la même époque «le plus con des Suisses prochinois» pour les situationnistes.
Il se lance à cette période dans un cinéma militant avec des films-tracts de trois minutes, renie sa production passée. Voulant «faire politiquement du cinéma politique», il abandonne la notion d’auteur.
Par la suite, le réalisateur à l’engagement en faveur de la cause palestinienne, parfois accusé d’antisémitisme, réalisera avec sa dernière compagne, Anne-Marie Miéville, «Ici et Ailleurs», un film dans lequel il compare les Juifs aux nazis, qui fait scandale.
Il fâchera aussi le pape Jean-Paul II avec «Je vous salue, Marie» et sa Vierge nue à l’écran.
En 2018, le Festival de Cannes lui accordait une Palme d’or «spéciale» pour «Le Livre d’image», un prix qu’il n’était bien entendu par allé chercher, pas plus que son prix du Jury en 2014 pour «Adieu au langage».
Célèbre pour ses aphorismes et bons mots, l’homme-cinéma avait de son vivant suggéré son épitaphe : «Jean-Luc Godard, au contraire». .

 

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO



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