Culture

Casablanca : un livre noir pour la ville blanche

Dans un livre de 258 pages, l’écrivaine Mouna Hachim dresse, sans langue de bois, les maux de la métropole Casablanca. Intitulé «Le livre noir de la ville blanche», l’ouvrage porte bien son nom.

Manque d’hygiène et d’éclairage, occupation anarchique de l’espace public, lenteur anormale des chantiers, état piteux des espaces verts, assainissement galopant, destruction du patrimoine et de la mémoire de la ville… L’ouvrage intitulé «Le livre noir de la ville blanche» de l’écrivaine Mouna Hachim porte bien son nom. Et sur toutes les 258 pages de ce condensé de plaintes, de doléances et de témoignages, le ton est presque le même. «Ce n’est un secret pour personne : Casablanca souffre d’un problème de gouvernance et endure un ensemble de dysfonctionnements qui touchent tous les secteurs clés de la ville», regrette l’auteur pour qui «il était impossible d’assister impuissants, sans soulever au moins devant l’opinion publique, les différents problèmes de gestion en espérant leur règlement dans le cadre d’une démocratie participative».

Pour la fondatrice de la page facebook «Save Casablanca», l’idée d’écrire ce livre est venue d’un constat simple : si les réseaux sociaux permettent une grande liberté de ton et une belle interactivité, ils ont aussi leurs limites. Partant de là, Mouna Hachim, qui ne pouvait se taire devant «la lenteur affligeante aux coins névralgiques de la ville», les travaux en cours qui «produisent un capharnaüm invivable qui vient accentuer le calvaire de la circulation et l’aspect désolé d’une ville baignée dans le ciment, le désordre et la poussière», a décidé de «regrouper les principaux griefs émis dans le groupe Save Casablanca afin de les faire parvenir via un fichier PDF aux médias, au large public et à qui de droit». Et il y a de quoi être en colère si on en croit la «sentinelle de la ville blanche». Car, «quand en plus, des chantiers, à peine finalisés, sont assaillis par d’autres types de travaux, dans un chevauchement étrange des prérogatives entre les différents intervenants et dans l’absence de cohérence et de coordination entre les services, nous sommes en droit de nous interroger, au minimum, sur l’efficacité d’une gouvernance marquée par la multiplicité des intervenants», s’interroge l’auteure. Dans le même sillage, elle pose aussi la question sur ce qu’elle considère comme une communication «défaillante, pour ne pas dire absente, envers les usagers sur l’état d’avancement des travaux et sur les dépassements des délais et des budgets, ouvrant la porte à toutes les spéculations». Expliquant son initiative, Mouna Hachim affirme que «cette démarche citoyenne, tout en transparence, loin des calculs politiciens ou des sympathies partisanes» a pour but de «faire prendre conscience de la réalité brute de la gestion de notre ville, en dehors des discours démagogiques et des autosatisfactions des campagnes de communication payées à grands frais». Dès lors, «le travail présenté ici se veut donc factuel et sans langue de bois».

Pour Mouna Hachim, ce travail vise à dénoncer les dérives de gestion en récapitulant les doléances des membres du groupe et en espérant que leurs voix soient enfin entendues. En ce sens, insiste l’écrivaine, l’ouvrage se borne à introduire le sujet et à structurer les thématiques en reproduisant, ici et là, des photos et des commentaires significatifs dont les noms des auteurs ont été camouflés pour éviter d’entraver un éventuel désir de confidentialité réservé au cadre strict du groupe. Mouna Hachim précise, par ailleurs, que le livre ne prétend pas à l’exhaustivité. «Des chapitres auraient pu être réservés aux infrastructures sociales de base mais aussi aux besoins en matière de culture, de sport et de loisirs… À ce titre, et dès l’annonce de la réalisation de ce document, un des membres du groupe s’était interrogé avec ironie : «En combien de tomes ?»», a-t-elle expliqué. Plus loin, elle souligne que pour des raisons objectives, le groupe a évité «les méandres inextricables de l’organisation politique et des imbroglios administratifs. Les faits à eux seuls sont parlants et les photos valent parfois mille discours. À chacun d’assumer ses responsabilités et de faire son
travail».

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco



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