Casablanca, mon amour

Un beau livre sur Casablanca fait l’actualité, ces derniers jours. Il s’agit de «Casablanca nid d’artistes», écrit par Leïla Slimani et Kenza Sefrioui, et édité par Malika Éditions. À découvrir sans modération !
Un livre qui revient sur «l’ébullition créative de la ville»: c’est ce que proposent Leïla Slimani et Kenza Sefrioui avec «Casablanca nid d’artistes». 115 artistes de Casablanca témoignent du rôle que la ville blanche a joué dans leur démarche artistique, comment elle a façonné leur parcours. Telle une promenade émotionnelle, cet ouvrage est un recueil de souvenirs, de cris du cœur, de déclarations enflammées ou de coups de gueule d’écrivains, de musiciens, de cinéastes, de comédiens, de photographes, de plasticiens, de danseurs et de performeurs. «Les artistes seront nos guides dans cette longue déambulation à travers les quartiers de Casablanca. Nous épouserons leur regard, leur vision pour tenter de saisir le mystère de la ville blanche. Car qui mieux que les artistes pourrait nous raconter l’incroyable métamorphose de la ville?», confie l’écrivaine Leïla Slimani. «Qui mieux que les peintres, les photographes, les cinéastes pourrait en décrire l’incandescente photogénie? Qui mieux que les poètes ou les écrivains est à même d’en révéler le rythme bouillonnant, la violence et la misère humaine? Qui enfin mieux que les rappeurs, les grapheurs, les artistes de rue, peut transmettre ce présent continu de la création?», continue la lauréate du Prix Goncourt 2016. Le projet est soutenu par la Fondation BMCI, qui s’engage pour la sauvegarde du patrimoine culturel marocain à travers sa politique de mécénat en faveur de l’édition de livres d’art. «Casablanca, nid d’artistes ne pouvait être qu’une promenade émotionnelle dans la ville, une série de rencontres avec celles et ceux qui ont accepté de nous confier leur sentiment, quelques souvenirs, beaucoup de coups de gueule. De partager avec nous leur perplexité, leur relation d’amour-haine à cette cité dure et accueillante, invivable mais qu’on ne quitterait pour rien au monde. Noms illustres et talents en herbe, tous nous invitent à en saisir l’âme et le rythme», explique Kenza Sefrioui, co-écrivaine de l’ouvrage, journaliste culturelle, critique littéraire et éditrice. L’ouvrage propose une Casablanca que les gens ne connaissent pas à travers les yeux de ceux qui la connaissent le mieux !
Laila Marrakchi
Réalisatrice
«Casablanca, je l’adore et la déteste à la fois. J’aime son humidité, son âpreté, ce bruit et ce brouillard la nuit, presque apocalyptique. C’est une ville folle, comme peuvent l’être Beyrouth ou Rio. Elle ressemble à Los Angeles, pour sa lumière très particulière sur l’océan et son mode de vie – le conservatisme en plus, et la difficulté pour une femme d’être dans l’espace public. C’est presque un anti-Paris, car la rue y est plus colorée, plus surprenante et aussi plus violente. Ni marocaine, ni française, c’est une ville qui casse les stéréotypes. Une ville hybride».
Réda Allali
Chanteur du groupe Hoba Hoba Spirit
Énergie, amour, haine, fascination… Casa, c’est tout ça. C’est chaotique et plein d’énergie, pénible et fascinant. Tu es contraint dans tes sens, parce que ça pue, parce que les gens sont les uns sur les autres. Oui, les rapports sont brutaux, mais ils sont basés sur qui tu es, et pas d’où tu viens depuis trois générations. Casa est à l’opposé des autres villes, où les rapports sont très figés, où le rapport à l’autorité n’est pas le même. Elle te donne l’anonymat, la liberté, la mixité sociale.
Nabil Ayouch
Réalisateur
Casa est violente, insolente, sale, bruyante, autant que généreuse et inspirante. L’air qui la traverse est pollué et rempli d’une énergie vibrante qui me donne envie de voler au-dessus des immeubles . Casa est faite de galaxies multiples qui se nourrissent l’une l’autre. J’ai aimé cette ville par sa périphérie, par la rage, les cris qui s’en dégagent, par les rencontres qu’on y fait et qui nous gardent attachés. Attachés et en vie.
Zineb Andress Arraki
Photographe
Casa est pour moi la ville du «non-fini», de l’impatience, du mouvement et de l’imperfection. Constamment perfectible, elle est la définition du paradoxe, tel un phénix, VIVANTE.