Culture

Andalousies Atlantiques. Raymonde El Bidaouia et Hajja El Hamdaouia en “cœur” à Essaouira

Essaouira accueille la 15e édition du Festival des Andalousies Atlantiques du 25 au 28 octobre. Une programmation centrée sur l’ouverture et la tolérance avec des artistes venus de toute la Méditerranéen afin de célébrer toutes les religions.

La ville des alizés fête le 15e anniversaire d’un festival qui lui tient à cœur, un festival qui fédère autour de la musique andalouse, qu’elle soit musulmane, juive ou chrétienne. «Que restait-il à Essaouira pour, une fois encore, nous éblouir autour des répertoires mythiques du Matrouz, du Samaa, du Chgouri et de tous ces autres rendez-vous que les liturgies et les civilisations musulmane et juive ont su ensemble -et pendant des siècles- donner aux partitions les plus exaltantes de la musique andalouse ?», demande l’équipe de l’Association Essaouira Mogador qui organise ce rendez-vous musical, unique en son genre. Un festival de cœur, qui n’existe nulle part ailleurs. «Il fallait que ce 15e anniversaire du Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira soit au diapason de toutes les autres éditions qui, depuis 2003, nous ont enchantés, transportés et souvent réconciliés avec ce patrimoine précieux que le Maroc, depuis la Cité des alizés, a le talent de promouvoir et de partager bien au-delà de nos frontières». Pour ce faire, le festival a prévu un programme des plus éclectiques et des plus surprenants, avec à l’honneur deux grandes dames de la musique qui s’apprêtent à envoûter le public souiri. Partageront la même scène Raymonde El Bidaouia et Hajja El Hamdaouia, dirigées par le Maestro Ahmed Cherkani. Ces deux icônes de la scène marocaine n’ont jamais chanté ensemble.

Des concerts authentiques
12 concerts et une centaine de musiciens et de chanteurs pour revisiter les répertoires les plus emblématiques du répertoire judéo-arabe, c’est ce que propose les Andalousies Atlantiques pour ce 15e anniversaire. Tantôt Place el Menzeh, tantôt Dar Souiri, les concerts se suivent et ne se ressemblent pas, si ce n’est dans l’excellence et la sincérité. L’ouverture se fera en grande pompe ce jeudi 25 octobre avec un concert grandiose: près d’une centaine de musiciens et chanteurs sur scène dirigés par Anass El Attar, l’un des maîtres de la musique andalouse, qui sera à la tête du légendaire orchestre Mohamed El Brihi. Avec son Rbab du 18e siècle, Anass El Attar et son orchestre accueilleront sur scène l’ imposante chorale des «Mélomanes de la Musique andalouse». Ils seront rejoints par le mounchid Ahmed Marbouh et les cantors Benjamin Bouzaglo et Hay Korkos, avec à leurs côtés la diva du Melhoun Sanaa Marahati, pour donner à ce premier concert les accents et les mots du répertoire de Samy Al Maghribi, Albert Suissa et Salim Halali. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir les groupes Hapiyout et Andalucious, réunissant une trentaine de chanteurs et de musiciens juifs qui seront eux aussi sur la même scène. Hapiyout sublime des poèmes chantés du judaïsme mythique du Tafilalet, dans la lignée des œuvres du Grand Rabbin Yaacov Abihssera. En écho à ces troubadours filalis, Andalucious, avec à sa tête le jeune violoniste étoile Elad Lévi, proposera un concert kaléidoscope qui revisitera les pièces les plus emblématiques du Melhoun, du Chgouri et du Matrouz judéo-arabe dont Essaouira n’a pas fini de faire découvrir les partitions écrites à deux mains, chantées à deux voix au public de Dar Souiri. Andalousie toujours, zoom sur le flamenco issu des meilleures écoles d’Espagne, qui sera «comme chaque année à Essaouira, le fil de lumière qui éclaire cette Andalousie Atlantique de tous les possibles que la Cité des alizés a choisi d’incarner avec talent». Autre temps fort de cette édition, le retour sur le legs de deux des plus grands poètes andalous, Ibn Arabi et Ibn Gabirol. Un concert à deux voix, celles de Said Belcadi, maître du Madih et du Samaa au Maroc, et de Curro Pinana, l’héritier du cante minero en Espagne. Et puis un tour d’horizon sur le Maghreb avec trois grandes voix, celles de la Marocaine Hayat Boukhriss, de Rym Hakiki, venue d’Alger, et de la Tunisienne Syrine Benmoussa qui proposent de revisiter un répertoire maghrébin à la fois intemporel et sans frontière. Ouverture en fanfare, donc, pour une clôture en apothéose. Pendant 3 jours, les Andalousies Atlantiques fédéreront en musique.  



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