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ZLECAF: Comment accélérer le marché commun africain?

Le manque à gagner pour les échanges commerciaux interafricains reste énorme, les marges existantes étant loin d’être pleinement exploitées. C’est l’idée principale qui ressort à l’ouverture de la réunion statutaire conjointe de la commission du commerce, des douanes et de l’immigration et de la commission des transports, de l’industrie, des communications, de l’énergie, des sciences et de la technologie du Parlement panafricain, tenue hier à Rabat à la Chambre des représentants.

En effet, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), entrée en vigueur fin mai 2019 (voir encadré), sera effective en juillet prochain. Elle aurait pu être un réel accélérateur d’échanges entre pays africains si elle avait été implémentée selon certains principes. Ceux-ci figuraient bel et bien dans une étude de référence réalisée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur les potentialités de la ZLECAF selon laquelle le commerce interafricain pourrait augmenter de 33%.

Ce qui est, selon Habib El Malki, président de la Chambre des députés, tout à fait réalisable, mais tributaire d’une volonté politique forte et d’un usage intelligent des capacités propres au continent en termes de matières premières et de richesse humaine. Toutefois, l’Afrique est encore loin du compte, comparée aux autres blocs économiques continentaux. Entre 2015 et 2017, les échanges commerciaux en Afrique n’ont pu dépasser les 760 milliards de dollars contre 4.100 milliards de dollars en UE, 5.140 milliards de dollars aux USA et 6.800 milliards de dollars en Asie.

Pertes d’opportunités
Selon Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, les études sur l’économie du continent ont révélé que le commerce intra-africain se heurte à plus de 100 frontières terrestres, sans parler des difficultés d’acheminement par voie maritime des marchandises entre pays africains.

«Ces difficultés font que le commerce entre nos pays est faible, ne dépassant pas 16% du volume total des échanges commerciaux du continent avec le reste du monde. Cette situation fait perdre au continent d’importantes opportunités de croissance et d’emplois», a regretté le ministre.

C’est d’autant plus problématique qu’au lendemain de la crise financière de 2008, tous les regards se sont tournés vers l’Afrique pour y chercher une reprise de la croissance mondiale. Ceci dit, le Parlement panafricain est un agora pour un débat élargi sur l’avenir de la zone et les rapports économiques entre pays africains de manière générale. La rencontre de Rabat intervient aussi dans un contexte difficile marqué par l’inquiétante propagation du Coronavirus, qui est en train de passer d’une crise sanitaire à une crise économique, commerciale et financière globalisée. Malgré cela, l’attractivité économique du continent n’est pas menacée.

El Malki cite à cet égard les sommets USA-Afrique, Chine-Afrique, Russie-Afrique et Japon-Afrique qui se succèdent, démontrant tout l’intérêt que les puissances mondiales y portent. Mais l’Afrique a besoin d’une zone comme la ZLECAF pour faire valoir son unité et augmenter sa capacité de négociation. Il faut, dans ce sens, accélérer l’intégration économique régionale dans le cadre des 8 groupements économiques africains. C’est, selon El Malki, le réceptacle à même de faire progressivement de la ZLECAF une vraie structure économique continentale profitant aux populations africaines. Et le responsable d’ajouter que cet horizon ne pourra être atteint que par une stratégie de coopération Sud-Sud spécifique à l’approche africaine du développement, du choix, de la vision et de la priorité dans la planification, les programmes et les politiques. «En ce sens, le Maroc a ouvert ce chantier Sud-Sud selon un modèle qui a aujourd’hui prouvé son efficacité et sa valeur référentielle», a-t-il conclu.

Justement, le marché commun africain ambitionne d’augmenter de 60% les échanges intracontinentaux d’ici 2022. Pour le Maroc, la ZLECAF ne peut qu’être bénéfique grâce à ses 1.000 conventions bilatérales signées avec les partenaires africains durant les 20 dernières années.

D’un point de vue continental, la levée des barrières tarifaires et non-tarifaires entre les pays du continent pourrait générer des gains avoisinant 3,6 milliards de dollars sur l’ensemble du continent grâce à une augmentation de la productivité et une montée dans les chaînes de valeur. Mais il n’en demeure pas moins primordial, pour Elalamy, d’encourager l’expansion des entreprises africaines au niveau continental et de soutenir les projets de partenariat permettant la montée en gamme des produits à l’export. Et d’ajouter que les pays du continent sont appelés à adapter leurs politiques d’industrialisation aux objectifs du «Made in Africa» pour constituer un marché africain intégré à même de réaliser le développement économique et social du continent tel que défini par l’Agenda 2063.


La valeur ajoutée de la ZLECAF

La Zone de libre-échange continentale africaine est officiellement entrée en vigueur mi-2019 après sa ratification par 24 pays membres de l’Union africaine. Le Maroc a été parmi les premiers pays africains à avoir appelé à la mise en place de la zone et à la ratifier. L’initiative de Paul Kagamé, président du Rwanda, voyait enfin le jour après un long mûrissement. Elle permettra de faire tomber les barrières douanières pour plus de 90% des échanges entre pays africains. La ZLECAF est incontestablement la locomotive et le porte-drapeau du calendrier 2063 de l’Union africaine. Enfin, la ZLECAF, c’est 1,2 milliard de consommateurs et une valeur ajoutée prévisionnelle de 2.500 milliards de dollars.


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