Youssef Cheikhi : “L’IA est un levier stratégique pour transformer le marketing en Afrique”
Youssef Cheikhi
Président du Groupement des annonceurs du Maroc (GAM)
Suite à la clôture de la 6e édition de l’African digital summit (ADS), le président du Groupement des annonceurs du Maroc (GAM) revient sur les moments marquants de cet événement placé sous le signe de l’innovation et de l’intelligence artificielle. Cette édition a mis en lumière le rôle central de l’IA dans la transformation numérique du continent africain.
Quel bilan tirez-vous de cette 6e édition de l’African digital summit ? Quels ont été les principaux enseignements et succès de cet événement ?
Cette 6e édition de l’African digital summit (ADS), placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, a été un véritable succès. Nous avons enregistré une participation record avec plus de 3.400 participants provenant de 37 pays, dont 28 pays africains. Cela témoigne de l’importance croissante de notre événement sur la scène internationale.
Le programme a été riche et varié, avec la participation de 84 speakers venus du monde entier. Les discussions ont couvert des thématiques majeures comme l’intelligence artificielle, le marketing digital et le e-commerce. Nous avons également établi plusieurs conventions stratégiques avec des partenaires clés, renforçant ainsi notre réseau et notre impact. Les retours des participants ont été extrêmement positifs, notamment sur la diversité des formats proposés et la pertinence des sujets abordés. Cela confirme que nous avons réussi à créer un espace unique pour favoriser l’échange d’idées et inspirer les acteurs du secteur.
L’IA était au cœur des discussions cette année. Quels sont, selon vous, les points forts qui ont émergé concernant son impact sur le marketing et la communication en Afrique ?
L’IA a été un fil conducteur tout au long de l’événement. Elle a été présentée comme un levier stratégique pour améliorer l’efficacité et la créativité dans le marketing. Les discussions ont montré que les acteurs africains sont non seulement conscients des défis que pose l’IA, mais qu’ils sont également prêts à l’adopter pour transformer leur manière de travailler. Nous avons exploré comment l’IA peut aider à mieux comprendre les audiences et à personnaliser les messages tout en préservant l’aspect humain dans la communication des marques. C’est un équilibre crucial à maintenir pour s’assurer que nos campagnes restent authentiques et émotionnelles.
En tant que catalyseur de la transformation numérique sur le continent, comment l’ADS a-t-il contribué cette année à renforcer les synergies entre les startups marocaines et les grands acteurs internationaux ?
L’ADS 2024 a joué un rôle déterminant dans la dynamisation de l’écosystème des startups. Cette année, un appel à candidatures a été lancé pour sélectionner les meilleures entreprises innovantes dans des secteurs clés tels que la technologie et la martech. L’événement a été soigneusement conçu pour offrir aux jeunes entreprises des occasions uniques de rencontrer des décideurs marocains et internationaux.
Au cœur du sommet, le Digital Garden a permis aux startups de se connecter directement avec des grands acteurs de l’industrie et des multinationales. Cet espace a été spécifiquement aménagé pour leur fournir un accès précieux à des ressources et des réseaux qu’elles ne rencontrent que rarement dans d’autres contextes. Nous avons facilité ces rencontres pour les aider à développer leur carnet de commandes tout en s’inspirant de la programmation scientifique de l’ADS. En réunissant ces différents acteurs, l’ADS 2024 a favorisé des synergies concrètes, contribuant ainsi à l’accélération de la transformation numérique en Afrique.
De plus, cet événement a servi de plateforme essentielle pour la rencontre avec des investisseurs potentiels intéressés par leurs solutions innovantes. Les interactions ont également stimulé l’innovation et permis aux startups d’accéder à des conseils pratiques pour un développement durable sur le marché.
L’ADS 2024 a marqué les African Digital Awards. Quelle est votre vision pour l’évolution de ces prix à l’échelle continentale et leur rôle dans la reconnaissance des talents africains ?
Cette année marque un tournant dans notre mission de promouvoir la transformation digitale en Afrique. Nous avons décidé de transformer les Moroccan Digital Awards en African Digital Awards, afin de célébrer les meilleures innovations digitales sur tout le continent.
Les African Digital Awards représentent une célébration essentielle de l’innovation en Afrique, visant à élargir leur portée à l’échelle continentale et à mieux reconnaître les talents africains dans le domaine digital. Mon objectif est de faire de ces prix une référence incontournable pour tous ceux qui œuvrent dans le digital en Afrique. Ces récompenses ne sont pas seulement une source d’inspiration pour les professionnels du secteur, mais également un moyen d’encourager les meilleures pratiques. Je souhaite que les African Digital Awards stimulent une compétition saine, favorisant ainsi la créativité et l’innovation au sein de l’écosystème digital africain. En reconnaissant les contributions exceptionnelles dans ce domaine, nous espérons inspirer une nouvelle génération d’innovateurs et renforcer l’engagement envers la transformation digitale sur le continent.
La question de la durabilité était également un thème central cette année. Pouvez-vous nous parler des engagements pris par le GAM et ses partenaires pour favoriser une transformation numérique plus responsable ?
Au cœur de nos engagements se trouve un axe prioritaire : la durabilité. L’un des objectifs majeurs de notre coopération est de co-créer une charte 100% marocaine de durabilité d’ici 2025, en nous inspirant des meilleures pratiques internationales. Cette initiative répond aux défis futurs, car la durabilité s’impose déjà comme un enjeu central pour notre secteur dans les années à venir, selon les experts en marketing à l’échelle mondiale.
Dans cette optique, nous avons déjà mis en place des actions concrètes pour faire de l’ADS un événement plus respectueux de l’environnement. Parmi ces mesures, nous avons remplacé les impressions papier par des affichages numériques et favorisé l’utilisation de véhicules électriques et hybrides pour les déplacements. Ces efforts témoignent de notre volonté de faire de la durabilité non seulement un sujet de réflexion, mais une réalité tangible dans toutes nos initiatives.
En intégrant ces principes de durabilité dans la conception et l’organisation de l’ADS, nous espérons non seulement réduire notre impact environnemental, mais aussi sensibiliser tous les participants à l’importance d’adopter des pratiques responsables et durables dans leurs propres activités professionnelles.
Quel rôle voyez-vous pour le Groupement des Annonceurs du Maroc dans le soutien et l’accompagnement des entreprises marocaines face aux défis posés par l’IA et la digitalisation ?
Le Groupement des Annonceurs du Maroc (GAM) se positionne comme un pilier fondamental dans l’accompagnement des entreprises marocaines face aux défis croissants de l’IA et de la digitalisation. En proposant des formations ciblées et des ressources adaptées, nous visons à encourager l’innovation tout en aidant les marques à intégrer l’IA de manière éthique et efficace, sans sacrifier leur créativité. Notre approche consiste à faciliter des collaborations stratégiques entre annonceurs, startups et experts du secteur. Ainsi, nous œuvrons à construire un écosystème digital solide et inclusif, capable de relever les défis d’un marché en constante évolution.
La transition vers le digital a été au cœur des interventions de cette édition. Quels sont les prochains défis que vous identifiez pour les acteurs du secteur digital au Maroc et en Afrique ?
Les acteurs du secteur digital au Maroc et en Afrique doivent se préparer à relever plusieurs défis cruciaux dans les années à venir. Parmi ceux-ci, l’accélération de l’adoption des technologies émergentes est primordiale. Il est essentiel de former des talents qualifiés capables de soutenir cette transition.
En parallèle, la création d’un cadre réglementaire propice à l’innovation est indispensable, et garantir l’accessibilité aux technologies pour toutes les couches de la société sera déterminant pour assurer une transformation digitale véritablement inclusive et bénéfique pour l’ensemble de la population.
En regardant vers l’avenir, comment prévoyez-vous de faire évoluer l’ADS pour qu’il continue de répondre aux attentes des participants et de jouer un rôle clé dans le paysage digital africain ?
Pour l’avenir, nous envisageons d’élargir le format de l’ADS en intégrant davantage d’interactions et de sessions pratiques qui répondent aux besoins spécifiques des participants. Notre objectif est de faire de cet événement une véritable plateforme de co-création, où les acteurs du secteur peuvent collaborer sur des solutions concrètes. Nous aspirons également à renforcer notre dimension internationale pour attirer des experts et des entreprises du monde entier, permettant ainsi de promouvoir le savoir-faire africain sur la scène numérique globale. En évoluant de la sorte, nous assurerons que l’ADS demeure une référence incontournable dans le paysage digital africain, tout en s’adaptant continuellement aux attentes de ses participants.